Quand la fiction retrouve la réalité…
Filmer un fait divers n’est pas une chose aisée. Surtout lorsqu’il s’agit d’une bavure policière. Qu’importe, le réalisateur Ladj Ly a choisi de s’attaquer au fameux sujet. Si certains prennent les armes, lui s’est seulement équipé d’une bonne vieille caméra. De quoi livrer une réalité crue, celle qui bouscule la vie de beaucoup, en particulier du côté des quartiers de France.
Face à cet hexagone qui laisse en ce moment même fuir ses banlieues dans les mains des forces de l’ordre, le membre du collectif Kourtrajmé a décidé de réagir en vidéo. Un court métrage d’un quart d’heure qui vous emmène à Montfermeil dans la première journée comme »baqueux » d’un jeune flic surnommé « Pento » par des collègues pas franchement sentimentaux…
Les Misérables c’est tout le monde, les flics et les habitants de la cité
Les mots, l’attitude et les manières de faire de ces policiers font clairement écho aux tristes évènements qui ont surgi dans l’actualité, les affaires Adama Traoré et Théo. Un effet miroir qui dérange et qui fera sans doute bouger les lignes, espérons-le. Aujourd’hui, le réalisateur peut se féliciter d’un prix décerné par le Festival du Court Métrage de Clermont-Ferrand. Dans les colonnes du Parisien, ce dernier s’est déclaré « honoré » par cette récompense avant de préciser sa démarche :
« J’ai tourné ça il y a huit mois, ça reste une fiction même si c’est inspiré de la réalité. Depuis qu’on est gamin on a affaire aux flics. Après j’ai vu beaucoup de reportages et je me suis inspiré de mon expérience personnelle. J’ai voulu me mettre dans la peau des policiers. Pour eux, ça doit pas être un kiff de venir là tous les jours, ils font aussi partie de cette misère. Les Misérables c’est tout le monde, les flics et les habitants de la cité« .
Notons que Ladj Ly n’en est pas à son coup d’essai. Il avait déjà signé le bluffant reportage 365 jours à Clichy-Montfermeil, tourné au coeur des émeutes de 2005.
