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DJ Pone : « En soirée, n’importe qui peut-être DJ aujourd’hui. »

DJ Pone : « En soirée, n’importe qui peut-être DJ aujourd’hui. »

20 ans après le début de sa carrière, DJ Pone sort enfin son premier album studio, « Radiant », le 21 octobre prochain. Entretien.

Entre 2001 et 2007, DJ Pone a travaillé avec de nombreux groupes de rap français, tels que les Svinkels, Triptik, Les Rieurs, TTC ou encore la Scred Connexion. Champion de France DMC à plusieurs reprises (de 1999 à 2002), il est également à l’origine du collectif de turntablism Skratch Action Hiro, ayant abouti à la création de Birdy Nam Nam. Après 20 ans de carrière, le natif de Meaux (77) sort son premier effort solitaire, baptisé Radiant.

Pourquoi avoir choisi d’appeler cet album Radiant ?

Pour le côté un peu solaire. C’est un disque que je ne voulais pas sombre et fermé, mais agréable à écouter, avec de belles mélodies. C’est un album où j’ouvre mes bras, je fais un gros câlin (rires). La vibe est positive.

Avec ce projet je suis reparti de zéro

Tu qualifies ce projet de « nouvelle naissance ». Pour quelles raisons ?

Malgré ma longue carrière, il s’agit de mon premier effort solitaire pour un album studio. Je suis reparti à zéro. Avec mon seul nom, je ne remplis pas un Zénith. Avec le nom Birdy Nam Nam (groupe qu’il a quitté en 2014, Ndlr), c’était différent.

En parlant de ton blaze, il a souvent régné une confusion avec Pone de la FF…

C’est exact. La confusion entre nous a toujours existé. Contrairement à moi, il n’est pas DJ à la base, mais beatmaker. On a toujours ri de cette confusion à chaque fois qu’on se croisait. Mais on ne joue clairement pas sur le même « terrain ».

Je ne pouvais pas me prostituer musicalement !

Avec Radiant, tu dis avoir « préféré au confort qui endort, au carnet d’adresses qui rassure, la quête casse-gueule »

Je me suis tourné vers des gens qui n’ont pas forcément la cote. J’ai travaillé avec des personnes motivées et talentueuses, comme Superpose, que j’ai rencontré lors d’un festival. Je suis sorti de ma zone de confort. Je ne pouvais pas me prostituer musicalement. J’ai toujours fait de la musique comme je le sentais. Dans le truc casse-gueule, il y a aussi le côté indépendant. Je fais tout, tout seul.

Comment l’envie t’est venue de passer le cap de l’album solo ?

Lorsque la tournée des Casseurs Flowters s’est terminée, j’avais du temps. J’en ai profité pour faire des sons. Ça fait du bien de faire un disque. J’ai commencé à travailler dessus dès le mois de mars 2014. C’est une aventure de 2 ans.

En soirée, n’importe qui peut-être DJ aujourd’hui

T’es-tu fixé des objectifs en matière de vente ?

J’aimerais vendre 1 milliard d’exemplaires, mais ça n’arrivera pas (rires). Après, on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise. Mais ce n’est pas un projet avec lequel je vais passer sur NRJ. Toutefois, je n’aime pas viser petit. Je ne me dis pas que je veux en vendre 2000. Je voudrais au moins rembourser mon investissement financier. Au cours de ma carrière, j’ai toujours fait des choix qui m’ont fait plaisir. Par exemple, travailler avec les Svinkels n’était pas un choix commercial. J’ai une vision très live de la musique. L’album est un prétexte pour partir en tournée.

Outre les Svinkels, tu as travaillé avec Triptik au cours de ta carrière. Comment expliques-tu que ces groupes n’aient pas réussi à franchir un cap sur le plan commercial ?

Ma vie a toujours été comme ça… J’ai toujours fais partie de groupes que je trouvais très forts, mais qui n’ont pas « éclaté ». Sur scène, on défonçait de ouf ! Peut-être que les gens n’étaient pas assez ouverts. Si j’avais la réponse à ta question, on n’en serait pas là. Dans la musique, il existe une part de travail, de magie, de chance… Si ça ne l’a pas fait, c’est que ça ne devait pas se faire. On a tout de même fait partie d’une branche du rap français qui a secoué les concerts. Il ne faut pas avoir de regrets. On a caressé le succès de foule.

Les Américains donnent le ton…

A la fin du clip de TIME B.O.M.B. de Nekfeu, on te voit en train de scratcher. Regrettes-tu que les DJ’s ne soient pas plus mis en avant dans le rap français ?

Peut-être qu’on en reverra. Ce que je déplore, c’est que tout le monde s’en fout. Les Américains donnent le ton. Sur les morceaux de trap, il n’y a pas de DJ’s. En soirée, n’importe qui peut-être DJ aujourd’hui. Que le mec utilise un Serato ou des vinyls, les gens s’en battent les couilles ! Tu ne peux rien y faire. Après, il existe encore des rappeurs qui mettent les DJ’s à l’honneur, comme Alkpote, Vald ou Nekfeu.

Justement, quel regard portes-tu sur ce dernier ?

Je le connais depuis plusieurs années. Il travaille énormément. C’est un mec intelligent et talentueux, comme Booba, mais dans un autre style. La réussite de Nekfeu, ce n’est pas un effet de mode. Quand j’ai écouté ses maquettes, j’ai été surpris. A ses concerts, les gens sont hystériques. Lorsqu’on devient un personnage public, il faut pouvoir garder les pieds sur terre et avoir du recul. Nekfeu gère ça très bien.

PNL répond à une attente globale !

En 2016, qu’apprécies-tu en matière de rap français ?

J’ai écouté PNL. Je comprends l’ampleur du phénomène autour de ce groupe. Ce n’est pas agressif. Les succès dans la musique répondent à une attente globale. A Paris, les gens ont aujourd’hui envie d’écouter un truc calme, fumer des joints, aller au resto… PNL répond parfaitement à ça. On a vécu 2 années qui marqueront tragiquement l’histoire de la capitale. Que ce groupe marche dans les charts ne me dérange pas. Sinon, j’apprécie beaucoup des gars comme Jazzy Bazz et Deen Burbigo.

Quels sont tes meilleurs souvenirs en 20 ans de carrière ?

Il y en a tellement ! Avec les Svinkels et la Scred Connexion, nous avons vécu des moments de folie en concert. Je me rappelle également d’une date au Bataclan, en 2004, avec Triptik et Oxmo Puccino. Ma mère était venue me voir jouer pour la première fois à cette occasion.

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