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A2Z, le 94 nouvelle génération

A2Z, le 94 nouvelle génération

Rencontre avec le jeune rappeur de Vitry, peu de temps après la sortie de son projet « Baby Mafia ».

Crédits photos : Antoine Ott.

Le 28 mai dernier, A2Z a dévoilé sa première mixtape. Nommé Baby Mafia, elle ponctue l’année 2021 d’un rookie lancé à vitesse grand V dans le rap jeu actuel. Désormais lycéen, c’est en peu de temps que le bonhomme a fait la différence avec une signature chez Hall Access, des clips, un morceau en compagnie de toute la scène rap de Vitry… Et donc le projet dont il est question aujourd’hui.

Rendez-vous avec le jeune homme aux dents longues, entre passion pour la scène et une envie de rester lui-même peu importe les épreuves qui se dressent face à lui.

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Est-ce que tu t’étais préparé à tout ça : être suivi, sortir des clips, faire ta place et dévoiler un projet si jeune ?

Au départ, plus petit, je n’avais pas forcément le rap en tête. Mon truc c’était la scène, j’ai toujours été marqué par les images de foule, de concerts, etc. J’ai fait de la comédie et du théâtre au collège, même de la danse en primaire. Le rap, c’est venu avec ma volonté de faire de la scène, au fur et à mesure. Au départ j’ai d’ailleurs plus écouté de la pop et du r’n’b que du rap. Ma passion pour la musique vient de ma grande soeur car elle écoute de tout. Je n’ai pas connu la « grande époque » du rap, mais chacun ses références (rires).

Le rap, c’est venu avec ma volonté de faire de la scène

Pourtant tu viens du 94, un département qui est très marqué rap !

Il y a ceux du 113, Rim’K, Mokobé, la Mafia K’1 Fry… Et évidemment, ça fait partie de mes influences. 113, c’est un groupe qui vient de Vitry, mais qui a aussi des influences ultra-larges, pas seulement « rap-rap ». Les gens pensent qu’on est marqué par le rap dans le 94, mais il n’y a pas que ça. Finalement, on est ouvert, Mokobé a fait des sons dans plein de styles, il a ramené une nouvelle vague.

Comment tu es passé de cette envie de faire de la scène, à cette envie de faire du rap ?

Quand j’étais au collège, il y a eu la vague trap en France : Niska, XVBarbar… Là, je me suis pris ça en pleine face. Le feat entre les deux que je viens de citer, c’était trop pour moi. J’avais même enregistré le teaser du son sur mon téléphone, je n’arrêtais pas de l’écouter avant la sortie du single. Ce morceau, Carjack Chiraq, j’ai du l’écouter en boucle pendan un an. J’étais déjà pas mal dans le rap grâce à Kaaris et Or Noir, puis Migos aussi pour ce qui est des US. La trap, je suis tombé dedans à un âge où tu formes tes propres goûts. Je me cherchais, j’avais besoin d’un personnage fort et la trap est arrivée au bon moment.

Comment tu as fait le premier pas ?

Tout part d’une surveillante. C’est elle qui a su me donner de la force, de la motivation et des références. Moi, à la base, je partais dans le rap bête et méchant. Mais grâce à cette surveillante, j’ai pu comprendre l’importance des mots, surtout en France, l’intérêt d’avoir des paroles censées. Le français, c’est une belle langue, il ne faut pas l’utiliser pour des trucs bêtes… Puis elle a pu aussi me donner d’autres bases américaines, moi qui étais que sur Tupac, du Biggie ou du Fifty. Elle m’a fait aprofondir ma connaissance du rap, grâce à un atelier dans lequel on pouvait retrouver Alyssia La R qui a elle aussi signé en label (Arista – Sony). D’ailleurs, Les meilleurs conseils que j’ai eu dans le milieu viennent des femmes, car elles ont souvent deux fois plus de détermination que nous.

Tout s’est fait très vite pour toi depuis cette époque là : atelier, signature…

Dans ma ville, il y avait un engouement autour de moi chez les personnes de mon âge. J’avais plein de potes et c’est ce qui m’a fait avancer, je me suis senti soutenu. Comme base, c’est super lourd car je me disais ça : « peu importe ce qui arrive tant que ma ville me valide ». J’ai pu faire plein de petites scènes, des petites vidéos et ça tournait bien. De là, un gand du quartier a poussé pour que tout soit carré et Mouss Parash de chez Hall Access (Sony) est tombé sur mes freestyles. Après, tout ça, c’est un travail acharné. Il faut faire les choses pour les faire bien, sinon ce n’est pas la peine. Parfois, je perds du temps sur des détails car je suis perfectionniste… Mais j’aime être satisfait à 100 % par ce que je fais.

peu importe ce qui arrive tant que ma ville me valide

Comment se déroule la journée type d’A2Z aujourd’hui ?

C’est particulier, car il y a aussi l’école et je viens déjà de retaper une année car avec la musique à côté, c’est difficile d’être concentré partout. Il y avait la signature, l’envie de prouver ma valeur… Puis je préfère aller au studio qu’au lycée. Là par exemple, je fais les deux, mais c’est compliqué… Ma mère est dure en affaire ! Elle me supporte à fond, me donne son avis sur les sons, mais l’école est une chose importante pour elle. Le bac, faut que je l’ai, car elle a même réussi à me faire annuler une séance de studio car j’avais des absences au lycée ! Aujourd’hui ça va beaucoup mieux, mais au départ elle ne voulait même pas que je me lance dans le rap. Ce qui a changé, c’est que j’ai montré à ma mère que je pouvais faire quelque chose de sérieux, de concret dans le rap. Elle sait que j’ai une chance…

Ta mixtape va dans ce sens…

Il y a quelques mois, j’aurais eu une appréhenssion… Là ça va, j’arrive avec un projet qui me ressemble. J’espère bien me présenter et qu’avec le temps, les auditeurs me découvrent à travers cette tape.

On sent que dans « Baby Mafia » tu as abordé plein de styles différents : du rap, du chant…

Mon premier ingé-son, La Magie du studio de Dakta et Rednose, représente lui-même une école. Il y a des gens comme ça qui t’apportent plein de choses… Grâce à lui, j’ai compris ce qu’était vraiment la musique : être dans les temps, des émotions, des mélodies… Pas seulement rapper au kilomètre ! Au début par exemple, je n’étais pas fan de l’autotune et grâce à lui, je suis devenu accro ! J’ai été avec Celloprod en séminaire et c’est là que j’ai compris que je pouvais faire un truc dans la musique.

Si jeune, comment tu abordes le jeu des réseaux sociaux et des médias ?

Quand tu joues un rôle, ça se sent… Donc j’ai toujours préféré resté moi-même, sans forcément déballer ma vie. Je suis là pour faire parler ma musique, tranquillement, sans jamais me prendre la tête.

Rim’K, c’est le premier artiste haut placé qui m’a donné des conseils

Tu as pu poser sur le morceau V de Rim’K en compagnie de beaucoup de rappeurs de Vitry… Quelle est ta relation avec lui ?

On savait qu’on allait un jour ou l’autre faire un morceau comme ça, car Vitry, c’est une famille. À un moment, t’es obligé de venir tout casser en bande. Rim’K, c’est le premier artiste haut placé qui m’a donné des conseils. Il m’a dit de faire attention à comment amener les choses, à quel message apporter dans ma musique… Le morceau collectif, on l’a tous fait naturellement et c’est grâce à lui.

Question finale, mais d’actualité : comment s’est déroulé l’enregistrement de ton projet pendant la crise du coronavirus ?

En fait, la situation était compliquée, mais cela m’a permis de travailler à la maison. J’ai bossé sur l’application Band Lab et j’ai fait un tas de maquettes dessus. Je me suis perfectionné jusqu’à faire des petites maquettes de qualité. Disons que ça m’a appris à travailler avec les moyens du bord. Je suis devenu plus autonome, j’ai réussi à m’adapter… Là, ça me démangeait, j’avais besoin d’enregistrer !

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