Ancien membre du groupe ATK, Fréko Ding a enregistré un titre pour le film « Camping » en 2002. Pourtant, ce son n’est jamais officiellement sorti. Pour Booska-P, le plus « dingo » des rappeurs revient sur cette mésaventure, qui l’a peut-être fait passer à côté d’une grande carrière.
Comment as-tu été sollicité pour participer à la BO du film « Camping ».
Freko Ding – A l’époque, Cut Killer aimait beaucoup ma musique et m’avait fait poser sur une de ses mixtapes. Il m’avait alors invité à son émission de radio sur Skyrock. On s’entendait bien et on rigolait pas mal. Un jour, il m’a contacté en me disant qu’il avait une grosse surprise pour moi et qu’il fallait que je vienne immédiatement à son studio d’enregistrement, à Montreuil. J’arrive au studio et Cut Killer me dit : « Assis-toi, bois une binouze et commence à écrire ». Là, il ajoute : « C’est un morceau sur l’apéro et Franck Dubosc arrive. Il est dans le taxi, il vient écrire et chanter avec toi. C’est pour la bande original de son prochain spectacle ». Dans son spectacle, il y avait un sketch qui s’appelait : « Tu prend l’apéro ». C’est ce sketch qui a ensuite inspiré le producteur du film « Camping ».
Quelle a été ta réaction ?
J’ai pété un câble ! Bien que je sois une crapule membre de plusieurs gangs (Assos de dingos et LBN), j’adore l’humour : je blague tout le temps. J’aime rire et faire rire. A cette époque, Franck Dubosc était l’un de mes comiques préférés. Cut Killer me faisait donc un très beau cadeau.

Comment s’est passé la rencontre avec Franck Dubosc ?
Il est arrivé au studio, on s’est chambré sur nos dégaines. Je lui disais que ses vêtements ne faisaient pas très hip hop et lui me charriait sur mes godasses trouées. Le courant est passé immédiatement, il y avait un bon feeling, simple et joyeux. C’était son premier rap, et moi, mon premier pas dans le show-biz (rires). On a écrit chaque phase ensemble, on s’est aidé l’un et l’autre, même pour les prise de voix. On a passé une super journée ! Une fois le morceau terminé, tout le monde était en kiff : ce titre était certain de fonctionner !
Personne n’avait le morceau… Il y avait de quoi devenir dingue
Que se passe-t-il ensuite ?
Un mois plus tard, je retrouve Franck Dubosc pour un concert a Lyon. On y est resté deux jours. C’était a base de restos, concerts, boîtes de nuit, nanas : la folie ! Je ne connaissais pas tout ça, mais j’ai bien kiffé et on a passé un bon moment. On a reparlé du morceau et Franck Dubosc le connaissait quasiment par cœur. Il l’adorait et m’a dit qu’il l’écoutait régulièrement. Il me disait aussi que j’avais un réel talent : ça faisait chaud au cœur. Quelques jours plus tard, le morceau était annoncé dans « Voici » et « Gala ».
C’est alors que commencent les complications…
J’ai entendu dire que les producteurs de Dubosc n’étaient vraiment pas contents et qu’il fallait garder ce projet secret. Puis j’ai appris que les gens qui s’occupaient de moi s’étaient battus à coup de pourcentages avec les producteurs de Dubosc. Je pense que tout le monde à voulu être trop gourmand. Du coup, les deux seuls intéressés, Franck et moi, n’avons pas eu notre mot a dire. Le projet est tombé à l’eau..
Tu as mis un temps fou avant de remettre la main sur le morceau.
Je me demandais si j’allais un jour pouvoir le faire écouter aux potos. Mon entourage sait que je ne mens jamais. Mais je pense quand même que certains m’ont pris pour un mytho quand je disais que j’avais fait une chanson avec Franck Dubosc. Il y en a pas mal qui me répondait « Oui oui ». L’air de dire : « Les anecdotes de Fréko sont de plus en plus délirantes »(rires). J’ai recherché ce morceau partout, je l’ai demandé à chaque personne qui était présente le jour de l’enregistrement. Personne ne l’avait… Il y avait de quoi devenir dingue !
C’est alors qu’arrive ton cadeau de Noël.
De 2002 à 2012, la chanson était introuvable. Jusqu’à ce jour du 24 décembre 2012, au cours duquel je reçois anonymement la chanson par mail, avec comme objet de message : « Joyeux Noël Freko ». Si le morceau était vraiment sorti, ça m’aurait fait un vrai tremplin. A cette heure-ci, je serais dans une grande baraque en Thaïlande. Et surtout, ça aurait peut-être été gardé pour le film « Camping ». Mais là non, j’ai 34 ans et je taxe toujours pour qu’on m’avance un paquet de clopes ou une bière (rires).