Après avoir sorti deux albums (A chaque frère et Sur les chemins du retour), Youssoupha ne jouissait pas du statut de tête d’affiche du rap français. La donne pourrait rapidement changer.
Avec son dernier opus, Noir Désir, le natif de Kinshasa aspire à jouer dans la cour des grands et attirent de gros médias vers lui. Par exemple, il a récemment fait la Une du Figaro, Libération lui a consacré un interview, etc. « D’une manière générale, les médias ne s’intéressent qu’aux têtes qui ressortent. C’est le cas de Sexion D’Assaut, Booba, Soprano, ou même moi. J’ai envie de dire que c’est normal dans une certaine mesure. Mais ce n’est pas toujours représentatif de l’ensemble de la culture rap. Les médias ont un rôle important puisque ce sont eux qui vont relayer une certaine image du rap au grand public. Ils ont un devoir de cohérence par rapport au grand public. Et c’est là que l’ambiguïté se fait. Malheureusement, ce mécanisme-là n’a pas réussi au rap. Le rap dans les médias, ce sont beaucoup de papiers concernant des affaires un peu sulfureuses j’ai envie de dire. Par exemple, Sexion D’Assaut a eu beaucoup de presse avec son histoire concernant les homos. Booba, on en a beaucoup parlé pour la bouteille d’alcool lancée dans le public. J’ai eu de mon côté beaucoup de papiers sur mon affaire avec Zemmour », déplore Youssoupha dans un entretien donné à Charts inf France. Cette polémique avec le polémiste Éric Zemmour a sans doute permis à l’ancien étudiant de la Sorbonne Nouvelle de s’attirer le feu des projecteurs, un peu comme Orelsan avec le titre Sale Pute.
Retournement de situation
« La polémique avec Zemmour, dès le début, elle a mal tourné pour moi. Le grand public ne me connaissait pas ou peu. Pas autant que Zemmour en tout cas. Au début, il y a eu une espèce de mécanique du journaliste contre le rappeur-gangster-tueur. On présentait ça comme « Le rappeur Youssoupha a écrit une chanson dans laquelle il menace de mort le chroniqueur. La situation s’est retournée en ma faveur. J’ai eu la chance de faire une tribune dans « Le Monde ». Je remercie d’ailleurs le journal de m’avoir offert cette opportunité. D’autant que les lecteurs du « Monde » connaissent bien mieux Zemmour que moi. Ils ont pu avoir mon point de vue, constater que je pouvais m’exprimer avec détachement et ironie. Ils ont pu comprendre que, même si j’ai du mépris pour Éric Zemmour, je n’ai pas voulu le tuer ni l’assassiner. A partir de ce moment-là, c’est vrai qu’on a commencé à me comprendre et à s’intéresser à moi. Si je n’avais pas eu ces outils de communication, on aurait pu rester dans les clichés du rappeur menaçant », conclut-il. L’album Noir Désir est porté par le premier single Histoires vraies, en duo avec Corneille. Youssoupha donnera un concert à l’Olympia le 7 mai et partira ensuite en tournée dans toutes la France.