En matière d’écriture, Lino se trouve à la pointe du rap français !
Vendredi soir, Lino dévoilait en exclusivité sur la radio Générations le 4ème extrait de son prochain album solo, Requiem, qui sortira le 12 janvier prochain, sur le label AZ (Universal). Intitulé Suicide commercial, ce titre atteint des sommets en matière d’écriture. Voici les principales raisons permettant d’affirmer que Lino reste à ce jour le meilleur lyriciste du Rap français.
La plume est intacte
Depuis qu’il a commencé le Rap, au milieu des années 90, Lino a toujours mis un point d’honneur à soigner son écriture. Chercher un couplet de Lino bâclé, ce serait comme chercher de l’eau dans le désert. Contrairement à certains rappeurs, « Monsieur Bors » n’a pas fait le choix de simplifier ses lyrics avec le temps. Une décision qui l’empêche certainement de toucher le très jeune public. « J’ai rien pour les écolières », lance-t-il au début du premier couplet de Suicide commercial. Cette phase fait écho aux paroles suivantes, issues du titre Wolfgang : « C’est pas du Polanski, ma zique touche pas les p’tites ».
Du name dropping utilisé à bon escient
C’est une tradition chez la moitié d’Arsenik : son écriture regorge de name dropping (ndlr : figure de style qui consiste à citer des noms connus, notamment de personnes, d’institutions ou de marques commerciales pour tenter d’impressionner ses interlocuteurs). « Suis-je antisémite si j’ai la gerbe sur les sons de Bruel ? », interroge par exemple Lino. Cette technique est également utilisée pour plusieurs autres phases : « J’irai pisser sur vos tombes et sur l’canapé d’Drucker », « J’suis Kassovitz sur Twitter, j’encule le Rap français », « Si j’crame j’irai en Enfer fumer du crack avec Whitney » ou encore « J’rappe comme un coup d’tête en finale, un sketch chez Fogiel ». A chaque fois, l’effet percutant recherché est au rendez-vous.
Des jeux de mots savamment efficaces
Dans le 3ème couplet de Suicide Commercial, Lino lâche une punchline qui ne peut pas passer inaperçue. « Carnage pour tous, pendant qu’tu parles de mariage gay. Ils font passer des lois qui t’enculent, le mot est largué », rime-t-il. Il fait ici l’analogie entre la loi autorisant le mariage homosexuel et le rapport sexuel couramment pratiqué par les hommes gays. Dans un registre purement égotrip, « Bors » nous explique qu’il viole l’instru : « Sur les drums, j’fais mon trou mets l’feu sans accélérateur/J’laisse mes empreintes génitales, lapsus révélateur ».
Un statut totalement assumé
Lorsque les rappeurs français sont interrogés au sujet des MC’s qu’ils écoutent et/ou préfèrent pour leur plume, le nom de Lino revient quasi-systématiquement. L’artiste de 40 ans en a totalement conscience, bien que son premier et dernier album solo en date, Paradis assassiné, remonte à près de 10 ans. « Ils parlent de relève, j’assure toujours les obsèques/Mon dernier disque c’était en 2005 j’suis toujours pas tombé du Top 5 », constate-t-il lucidement. Effectivement, le rappeur d’origine congolaise a totalement conscience d’être au-dessus de la mêlée. « Paraît qu’j’exagère, j’concurrence le fossoyeur/J’envoie l’trois quarts d’la production française dans l’Sanibroyeur », assure-t-il.
Unanimement reconnu par ses pairs
Tout le milieu Rap français – ou presque – considère que Lino excelle dans l’écriture. Medine et Soprano, pour ne citer qu’eux, sont particulièrement fans des lyrics du frère de Calbo. Les DJ’s et les journalistes spécialisés en matière de Hip-Hop, comme Olivier Cachin, ne peuvent qu’acquiescer. Concernant ce dernier, voici ce que Lino lui confiait au mois d’avril dernier sur le site MetroNews : « J’adore l’intelligence et je déteste la stupidité. Mais je ne suis pas du genre hautain qui méprise les gens. J’ai arrêté l’école en BEP et j’ai toujours été fasciné par l’intelligence ».
Le fils spirituel d’Akhenaton… En plus cru !
Djimi Finger travaille avec Lino depuis plus de 15 ans. « C’est un peu le fils spirituel d’Akhenaton, mais en plus cru et collé au bitume, nous confie le beatmaker. Il a un niveau d’écriture phénoménal. Sauf que si l’auditeur n’est pas averti, il risque d’être déboussolé. Sa plume est tellement aiguisée… Si les oreilles ne sont pas passées par le taille-crayon, elles ne pourront pas comprendre. Il ne peut malheureusement pas être compris par la masse. Celui qui va contester que Lino est le meilleur lyriciste du rap français sera forcément quelqu’un qui n’est pas sensible aux mots. »