C’est l’histoire d’un morceau qui part d’une prise de risque considérable pour aboutir à un hit incontournable…
Lorsque le 113 sort son premier album, le 22 octobre 1999, il compte déjà un « hit de rue » à sa discographie. L’année précédente, le morceau « Truc de fou » (featuring Doudou Masta), issu du EP « Ni Barreaux, Ni Barrières, Ni Frontières », a réussi à s’imposer dans la playlist de Skyrock. Avec « Les princes de la ville », le trident formé par Rim’K, AP et Mokobé va franchir un palier considérable, en partie grâce au titre éponyme qui figure à la treizième et dernière plage du disque (Le track « L’Âge du meurtre » en featuring avec Karlito est un morceau caché, Ndlr). « Nous nous trouvions à la moitié du processus de création de l’album, nous confie Manukey, qui a réalisé le projet. Une grosse partie du boulot avait été effectuée en studio, avec des titres aux BPM (battement par minutes) classiques pour l’époque, à savoir 90 ou 95. DJ Medhi a alors proposé deux instrus ultra-rapides, qui deviendront les sons sur lesquels ont été posés « Ouais gros » et « Les princes de la ville ». »
Single en puissance
Le 113 prend des risques assez importants en effectuant de tels choix musicaux, qui ne correspondent pas du tout à la tendance du rap français en vogue à la fin des années 90. Le groupe fait référence au film réalisé par Taylor Hackford, sorti en 1993, et décide de rendre hommage à la ville de Vitry-sur-Seine (94) dont ils sont originaires. Sauf qu’il ne s’agit pas vraiment d’une publicité positive pour la mairie de la commune val-de-marnaise… « Vitry 9-4 de ma ville j’veux être le prince/J’vais pas t’cacher que Monsieur le maire est une pince/Des promesses y’a pas à dire il en a toujours/Rénover les bâtiments on attend toujours », lance AP dans le premier des deux couplets. « Initialement, le morceau devait être composé de trois couplets, se souvient Manukey. Lorsque les deux premiers ont été enregistrés, j’ai dit : « On laisse comme ça, ce titre a le potentiel pour devenir un single ». »
Les Victoires de la Musique en guise d’apothéose
La prédiction du « old timer » va s’avérer exacte. Si « Hold up » (en featuring avec Intouchable) est le premier titre à être choisi pour défendre l’album, « Les princes de la ville » va permettre au 113 d’accéder au très grand public. Le single, vendu à près de 200 000 exemplaires, favorisera l’émergence de plusieurs autres hits issus du même opus, comme « Tonton du bled » et « Jackpotes 2000 ». « C’est un titre que personne n’a refait jusqu’à présent, constate Manukey. Il a touché toutes les générations et a tourné dans tous les pays francophones. Aujourd’hui, Rim’K, AP et Mokobé le jouent toujours en concert. Ce morceau a marqué l’identité du groupe. » Le 11 mars 2000, le 113 va connaître la consécration au Zénith de Paris, en remportant deux victoires de la musique, dont la très prisée « Révélation de l’année ». Seulement quelques jours après la cérémonie, le trio tournera le clip des « Princes de la ville » avec ses trophées, accompagné par 500 jeunes devant le marché de Vitry et sur la place de l’église.