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Tony Yoka : Programmé pour tout rafler ! [DOSSIER]

Tony Yoka : Programmé pour tout rafler ! [DOSSIER]

Ce vendredi 2 juin, l’espoir de la boxe française effectue ses grands débuts chez les professionnels. L’objectif ? S’asseoir à terme sur le toit du monde…

« Les gens humbles ne vont jamais très loin » déclara un jour Mohammed Ali.

Tony Yoka, 1,98 mètres, 109 kilos sans qu’on le cultive pourrait aisément reprendre l’adage à son compte tant le médaillé d’or des Jeux olympiques de Rio 2016 assume carte sur table ses ambitions : pour lui, ce sera le titre mondial ou rien.

Un titre mondial qu’aucun français n’a jamais réussi à décrocher chez les poids lourds. Un titre mondial qui lui assurerait une place dans l’histoire du noble art aux côtés des illustres Frazier, Foreman, Lewis ou Ali, tous montés comme lui sur la plus haute marche de la boxe amateur avant de poursuivre la carrière que l’on sait chez les pros. Un titre mondial qu’il lui faudra aller arracher aux mains d’Anthony Joshua et Deontay Wilder, deux puncheurs féroces et invaincus.

Certes la boxe n’est pas réputée pour la modestie de ses champions (et futurs champions), mais il n’empêche que le défi est ici de taille. Tony Yoka se donne quatre ans pour arriver au bout de lui-même. Et pour ce faire il n’a rien laissé au hasard, tant sur le ring qu’en dehors.

Alors qu’en temps normal un boxeur qui passe professionnel conclu un contrat avec un promoteur qui se charge de lui trouver un diffuseur, Yoka a décidé de négocier ces deux aspects séparément.

Suite à d’âpres négociations, il s’est engagé avec Canal + pour la diffusion en exclusivité de l’intégralité de sa quinzaine de combats prévus jusqu’en 2021. Alors que financièrement SFR lui proposait une offre plus alléchante, l’expérience de la chaîne cryptée et de ses partenaires (Havas, Vivendi, Universal) en matière de boxe a fait la différence.

Marketing, media-training, documentaires, tournées des plateaux télé… tout sera mis en œuvre pour inscrire « La Conquête » (le surnom choisi pour sa course au titre) dans le cœur des téléspectateurs et redonner à la discipline un nouvel élan de popularité.

Question promoteur, beaucoup de noms ont circulé (des français Sébastien Acariès, Malamine Koné ou Jean-Marc Mormeck, à l’américain Bob Arum). C’est finalement le suisse Richard Schaefer et sa société Ringstar Sports qui a remporté la mise.

« Plus le défi est grand, plus la victoire est belle »

Sportivement, Tony Yoka a fait le grand saut en s’exilant de l’autre de côté de l’Atlantique, à San Francisco. Ou plutôt à une cinquantaine de kilomètres de San Francisco, à Hayward, de l’autre côté de la baie là où se situe le No Cross, No Crown Gym, l’antre du légendaire Virgil Hunter.

Si celui que l’on surnomme « l’Artiste » a décidé de retourner à l’anonymat le plus total et de se séparer son entraineur de toujours Luis Mariano Gonzalez (qui dans la grande tradition de la boxe amateur cubaine a façonné son style tout en agilité et en technique), Hunter y est pour beaucoup.

Patron d’une écurie qui compte actuellement dans ses rangs les cadors Andre Ward, Amir Khan ou encore Andre Berto, il est celui sur lequel Yoka mise pour réussir sa transition chez les pros.

En effet, la boxe amateur a beau s’être grandement rapprochée de sa consœur professionnelle depuis les JO brésiliens (avec notamment la fin du port du casque et la modification du système de notation), il existe encore un fossé entre ces deux disciplines.

Gants plus minces, combats plus longs, puissance des coups beaucoup plus valorisée par les juges… tout champion olympique qu’il est, le français se doit de passer par une longue période de réapprentissage avant son arrivée dans le grand bain.

« J’ai l’impression de redécouvrir mon sport » a-t-il ainsi récemment déclaré à propos de son nouveau programme d’entrainement.

Si pour le moment le monde n’a pas encore les yeux rivés sur lui, l’Hexagone le regarde déjà avec les yeux de Chimène.

Objet d’un engouement qui ne se dément pas depuis cet été, il ne manque pas d’atouts pour devenir le héros d’une boxe français actuellement en pleine renaissance – dans ses résultats et dans les clubs.

À l’aise sur les plateaux télé et en interview (on a pu le voir entre autre dans le jury Miss France ou au Jamel Comedy Club, en attendant son télé crochet produit par Cyril Hanouna), beau gosse, il présente bien, parle bien, tandis que son histoire personnelle a tout pour plaire dans un pays pas forcément des plus férus en matière de « sweet science ».

De son boxeur de père qui a fait ses armes dans la célèbre salle des Gorilles de Kinshasa (là même où Ali et Foreman s’entrainèrent pour leur Rumble in the Jungle), à sa compagne en or Estelle Mossely et leur bébé à venir, à 24 ans, tout semble parti pour lui sourire.

Ne lui reste donc qu’à commencer par envoyer au tapis l’Américain Travis « The Terror » Clark qu’il affrontera en 6 rounds de 3 minutes au Palais des Sports de Paris ce vendredi.

Originaire de l’Ohio, haut de 1m85 pour 92 kilos, Clarck fait figure d’adversaire idéal – et pas seulement parce qu’avec sa dégaine patibulaire et ses tatouages de taulard il incarne à merveille le villain de bande-dessinée.

Là où un boxeur qui se rôde enchaine les combats sans réelle difficulté et sans réel enjeu (et ce d’autant plus quand il est sponsorisé par Canal), l’Américain âgé de 38 ans offre sur le papier l’illusion d’un véritable affrontement.

Invaincu en 12 combats (dont 8 remportés avant la limite), ancien du MMA (7 victoires, 3 défaites chez les mi-lourds du Bellator, la seconde ligue la plus importante d’arts Martiaux mixtes), cet ex-ouvrier en sidérurgie aussi fonceur que dur au mal est parfait pour jouer au faire-valoir qui n’en a pas l’air.

[Attention tout de même à sa science de l’accrochage et à son style peu académique fait de larges crochets sortant de nulle part, le tout doublé d’une évidente volonté de créer la surprise en jouant le tout pour le tout.]

Pour jauger du réel potentiel de l’autoproclamé poids lourds « le plus doué et le plus rapide » du game, il faudra donc encore patienter au-delà de cette mise en jambe.

Toujours est-il que le spectacle proposé en vaut la chandelle : après tout il s’agit ni plus ni moins que d’assister à la naissance d’une légende.

Note : Tony ne sera pas le seul membre de la #TeamSolide (le surnom donné à l’équipe de France olympique à Rio) à monter sur le ring. Pour son second combat pro, Souleymane Cissokho (médaillé de bronze) sera opposé au Français Flavien Bogongo, tandis que Mathieu Bauderlique (médaillé de bronze) invaincu en 12 combats, défiera l’Allemand Bernard Donfack.

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