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Joshua contre Klitschko : le combat dont la boxe a tant besoin !

Joshua contre Klitschko : le combat dont la boxe a tant besoin !

Ce samedi s’affronteront au Wembley Stadium de Londres le jeune prince britannique, 27 ans, 18 KO en 18 combats, et le vieux lion ukrainien de 14 ans son ainé qui règne en maître chez les poids lourds depuis plus d’une décennie…

Dans la boxe, il est des confrontations que l’on croirait volontiers imaginées à l’avance par des scénaristes hollywoodiens. Le combat opposant Anthony Joshua à Wladimir Klitschko ce 29 avril 2017 appartient à cette catégorie tant il cristallise les enjeux et les antagonismes – et ce bien au-delà des ceintures WBA, IBF et IBO promises au vainqueur.

Les deux hommes ne partagent rien en commun, ni l’âge, ni le style, ni les ambitions. Rien, si ce n’est une volonté farouche de rentrer dans l’histoire. Alors que Joshua trépigne d’impatience de décrocher enfin son ticket pour la cour des grands, Klitschko veut mettre un point d’honneur à parapher l’une des épopées les plus fructueuses de l’histoire du noble art.

Lui et son frangin Vitali (parti à la retraite en 2013 pour poursuivre une carrière en politique) ont en effet dominé la boxe poids lourds comme personne d’autre au 21ème siècle. Détenteurs de la quasi-totalité des ceintures de 2000 à 2015, ils ont chacun remis leurs titres en jeu plusieurs dizaines de fois sans esquiver le moindre de leurs challengers.

Reste que malgré les chiffres (premier boxeur depuis Lennox Lewis à détenir simultanément trois ceintures, second règne consécutif le plus long en tant que champion du monde…), Wladimir n’a jamais enthousiasmé les foules.

La faute à son style qui érige la prudence en règle d’or et s’appuie jusqu’à l’ennui sur l’allonge de son jab. Certes la stratégie est efficace, les résultats sont là, mais ni la critique, ni le public ne lui accorde leurs faveurs.

En boxe, la forme compte autant que le fond. Le panache n’est pas une option. Et le panache Anthony Joshua lui n’en manque pas.

Joshua, un nouveau Tyson ?

Non seulement son palmarès est vierge de toute défaite, mais il a couché chacun de ses 18 adversaires bien avant limite. Mieux, pour seize d’entre eux le combat n’a même pas duré plus de trois rounds !

En plus de sa grande mobilité sur le ring, le médaillé d’or aux jeux olympiques de 2012 s’appuie évidemment sur la puissance incomparable de son punch… et de la réputation qui désormais le précède.

Dernière victime à en avoir fait les frais, Eric Molina (29-25-4, 19 KO) est apparu au mois de décembre dernier complétement tétanisé dès les premières secondes de la rencontre avant de finir face contre sol huit petites minutes plus tard.

Actuellement au sommet de sa forme, photogénique, propre sur lui, l’anglais qui se rêve haut et fort en « Cristiano Ronaldo du noble art » (rapport à sa longévité) a tout du champion idéal. Si sens de l’histoire il y a, sur le papier il est celui qui doit l’emporter.

Wladimir Klitschko ne s’y trompe d’ailleurs pas, reconnaissant volontiers en conférence de presse tout le potentiel de son jeune rival : « Il ne se résume pas à ses 18 combats. Il est bien plus que ses deux défenses de titres. Je crois sincèrement en son talent, c’est un athlète incroyable ainsi qu’un digne représentant de ce sport. »

Si en partisan de la force tranquille l’Ukrainien n’a jamais été un habitué des campagnes médiatiques houleuses, il sait qu’il doit faire face à l’un des défis les plus importants de sa longue carrière.

Dépossédé de toutes ses couronnes mondiales en 2015 par Tyson Fury, le quadragénaire avait dévoilé ce jour-là des faiblesses que l’on ne lui connaissait pas. Là ou certain y ont vu un jour sans face à la boxe dégingandé du « roi des gitans », plus nombreux sont ceux qui ont pointé les signes d’un inexorable déclin.

Celui qui mettra les gants pour la première fois depuis longtemps habillé de la casquette du challenger n’a absolument pas dissipé les doutes quant à sa piteuse performance : là où Joshua a entretemps combattu sept fois, il n’est lui plus remonté une seule fois sur le ring.

Autre sujet d’inquiétude face à la puissance de feu de son cadet, cela fait de longues années (pour ne pas dire depuis 2004 et sa douloureuse défaite contre Lamon Brewster) qu’il n’a pas été véritablement mis à l’épreuve des coups. Klitschko n’a absolument plus l’habitude d’encaisser des marrons au visage d’une telle magnitude.

Klitschko, un champion blessé dans son orgueil

Reste que malgré tous ses bémols, malgré son statut de favori des bookmakers, Joshua sait que dans l’histoire de la boxe, longue est la liste de ceux qui ont voulu briller trop vite trop tôt avant d’être sèchement remis à leur place par leurs aînés – souvenons-nous ne serait que du triste sort de George Foreman considéré comme invincible face au vieillissant Muhammad Ali en 1974.

Déterminé à prouver qu’il est loin d’être fini, Wladimir Klitschko aborde cette rencontre gonflé à bloc.

« Je suis obsédé par le désir de redevenir champion du monde. La défaite contre Fury m’a réveillé. Après tant d’années je me suis rendu compte que je n’étais plus aussi motivé. Ce peut paraitre fou, mais le fait que je perde fut une bonne chose. L’adrénaline irrigue mes veines comme jamais. »

Joshua sait aussi qu’outre le fait qu’il n’a jamais affronté un champion du monde de sa vie, il n’a jamais affronté un boxeur de son acabit et de son expérience – il ne s’aventure d’ailleurs même pas à prédire un KO, concédant tout de go qu’une simple victoire le comblerait déjà à merveille.

Un boxeur qui lorsque le britannique remportait son premier combat professionnel à la O2 Arena de Londres le 5 octobre 2013 défendait cette même nuit à Moscou son titre pour la 22ème fois consécutive. Un boxeur qui cumule 64 combats gagnés (dont 53 KO) contre seulement 44 rounds en carrière pour Joshua. Un boxeur qui continue de l’appeler « petit frère » en public (souvenir de cette année 2014 où les deux s’étaient entraînés ensemble en Autriche). Un boxeur qui n’hésite pas à lui rappeler que la pression est sur lui, qu’une première défait ferait sérieusement tâche tant dans son palmarès que dans cet héritage qu’il souhaite tant bâtir.

Aussi rutilant qu’il puisse paraitre, Joshua n’a pas encore levé toutes les incertitudes le concernant, à commencer par la solidité de son menton.

En 2015 il avait en effet été pour la première fois sérieusement mis en difficulté face à son compatriote Dillian Whyte. Le futur champion IBF avait certes mis afin a ébats avec un upercut dévastateur au septième round (son combat le plus long), mais le deuxième round avait auparavant bien failli lui être fatal.

Face à Klitschko (qui frappe lui aussi comme une mule ne l’oublions pas), il ne pourra guère se permettre un tel moment de flottement sans le payer instantanément.

Enfin contrairement à Fury qui avait grandement profité de son avantage de taille, les deux hommes affichent cette fois-ci des gabarits quasi identiques – un bon point pour le spectacle soit dit en passant.

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Une chose est acquise, cette confrontation marquera un tournant pour la boxe.

En cas de victoire, Klitschko cherchera à rapidement unifier les ceintures de champion du monde en allant conquérir le titre WBO face au néo-zélandais Joseph Parker, avant de conclure en apothéose en allant défier l’américain Deontay Wilder, actuel détenteur du titre WBC et autre puncheur-prodige-invaincu.

Si en revanche Joshua l’emporte, une page sera définitivement tournée, et la catégorie reine se cherchera un nouveau roi pour les années à venir – un choc à moyen terme contre Wilder en fait déjà saliver plus d’un.

Tout cela sans oublier bien sûr une éventuelle revanche si le combat produit les étincelles espérées.

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