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Cédric Doumbé, le punch-showman ! [PORTRAIT]

Cédric Doumbé, le punch-showman ! [PORTRAIT]

Rencontre avec le McGregor du Kickboxing.

Crédits Photos : Pierrick Bernard

Le 9 mars à Strasbourg, le GLORY, première ligue de kickboxing au monde, propose un plateau de folie avec deux championnats du monde. A l’affiche aux côtés de la championne française Anissa Meksen, Cédric Doumbé tentera de récupérer son titre de champion du monde des welters contre l’arménien Harut Grigorian. Entre une séance au sac de frappe et un entraînement dans les locaux flambants neufs du Venum Training Camp de Rungis, Cédric est revenu avec nous sur son parcours.

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Le spectacle de chaque côté du ring

Tout champion est persuadé d’être le meilleur. C’est même à cela qu’on les reconnaît. Ce qu’une partie du public reproche à Cédric Doumbé, c’est de le dire haut et fort. Sur les réseaux sociaux celui que l’on surnomme Doumced s’éclate avant chaque combat. Photomontages du futur adversaire, moqueries, caricatures, phrases chocs… tout y passe ! Quand il ne l’écrit pas sur les réseaux sociaux, Cédric porte fièrement un tee-shirt floqué de son slogan : « Je suis le meilleur alors que le meilleur gagne. » Le tout sans aucun complexe.

Le trash-talk fonctionne s’il est naturel et s’il fait réagir. Au vu des réactions provoquées et des barres de rire du public, il excelle comme sur le ring. Doumced dépoussière les codes de la boxe pieds-poings, trop souvent anonyme dans le paysage du sport français. Mais si on le reconnaît, c’est aussi parce que les paroles sont suivies d’actes :« J’ai été beaucoup critiqué au début. Mais le public français m’a accepté. Il n’a pas eu le choix de toute façon. Ils ont vu que je faisais le travail derrière, que je n’étais pas qu’une grande gueule. » 71 combats remportés, dont 41 par KO, et une série de titres mondiaux plus tard, Cédric a encore faim.

Le 10 décembre 2016, Cédric Doumbé entre dans l’Histoire en devenant le premier français champion du monde au GLORY. Il avait détrôné le champion hollandais Nieky Holzken, invaincu depuis 6 ans. Il enfile alors le costume de champion, sans pour autant perdre la gouaille qu’on lui connaît. L’année 2017 avait bien commencé avec deux défenses de titres, contre le Suisse Yoann Kongolo et la revanche remportée contre Holzken. Sur le ring, Cédric se montrait plus calculateur, plus stratégique, que dans les combats précédents où le punch parlait assez vite.

Je vais remettre les pendules à l’heure. J’ai fait quelques erreurs. J’ai l’occasion de prouver qu’il s’agissait d’un simple incident de parcours

Fin août 2017 à Chicago, le hollandais Murtel Groenhart stoppe le règne de Cédric. Le français garde un goût amer : « J’ai perdu cette ceinture injustement. Elle est depuis passée de main en main, sans que personne ne réussisse à la conserver. Tout simplement parce que je suis le plus fort. » A la vue du combat, on peut comprendre. Doumbé avait réussi les frappes les plus marquantes, sans pour autant obtenir la faveur des juges. Un revers qu’il a plus que jamais envie de gommer :« Je vais remettre les pendules à l’heure. J’ai fait quelques erreurs. J’ai l’occasion de prouver qu’il s’agissait d’un simple incident de parcours. »

Le 9 mars 2019, Doumced veut montrer au monde qu’il est bien le numéro un. Il a depuis identifié les erreurs qui l’ont mené à la perte de son titre. A ce niveau-là de la compétition chaque détail compte. Hors du ring, une multitude de facteurs peut modifier l’issue du combat : « J’ai fait des erreurs avec ma diététique et ma perte de poids. Je gérais mal cette étape. Mais depuis, j’ai pris une nutritionniste et j’enchaîne maintenant les KO. J’ai retrouvé le Cédric de base : avec le punch ! » Depuis la perte de sa ceinture mondiale, Doumbé a enchaîné 5 combats : 4 victoires dont 2 par KO et une défaite contre Alim Nabiev. Derrière le showman il y a un passionné, acharné de travail et obsédé par la compréhension fine de son sport. L’ascension de Cédric Doumced ne doit rien au hasard.

Itinéraire d’un surdoué des rings

A 9 ans, Cédric quitte le Cameroun et arrive en France, à Paris, avec un rêve. On l’imagine passionné de boxe, rêvant devant les plus grands champions du sport. Pourtant la réalité est toute autre : « Jamais de la vie ! Le rêve que j’avais c’était d’être un grand comédien. Et encore aujourd’hui. » Cédric développe très tôt le talent de faire rire, de se mettre en scène. Plus tard, il quitte Paris pour Angoulême sous l’impulsion de sa mère. C’est à 16 ans qu’il découvre le full contact, discipline de boxe pieds-poings proche du kickboxing : « Je savais que je serais champion parce que je le voulais. » Les premiers succès arrivent tôt, en junior, avec un premier podium en championnat de France. Cédric quitte les rangs amateurs très rapidement et effectue à 20 ans ses premiers affrontements professionnels. Sa mère reste méfiante. Il faudra la convaincre sur la durée.

Après quelques victoires, un choix s’impose. Le full contact est en plein déclin pendant que les opportunités pleuvent en kickboxing. « Le full contact s’éteignait à petit feux. Le kickboxing devenait plus connu et lucratif et les organisations ne proposaient que ça » Explique Doumced qui fait alors le choix décisif, et courageux, de changer de sport bien qu’il s’était hissé parmi les meilleurs mondiaux. Il poursuit : « Ce n’était pas mon style de base. Le passage a été très difficile à la salle. Il a fallu comprendre le jeu. Ce n’est pas parce que l’on connaît les règles que l’on a compris comment « jouer ». C’est tout un état d’esprit à acquérir. »

Le rêve que j’avais c’était d’être un grand comédien. Et encore aujourd’hui

Dès lors, Cédric fait tout pour progresser. Il voyage en Hollande, en Belgique et aux Etats-Unis avec la volonté de se frotter aux meilleurs. Les résultats sont au rendez-vous. De 2013 à 2016, il remporte les prestigieux tournois A1 Grand Prix et Partouche Kickboxing Tour avec la manière. Sur et en dehors du ring, Cédric ne passe jamais inaperçu. La « marque Doumced » s’impose dans le paysage, à base de KO fracassants et d’invectives envers ses adversaires.

Champion du monde au GLORY

En juin 2015, lorsque le GLORY appelle Cédric pour un remplacement de dernière minute, il n’hésite pas une seconde. Il savait que la plus prestigieuse organisation de combat au monde (juste derrière l’UFC), lui tendrait un jour les bras : « J’ai toujours eu confiance en moi. J’ai toujours cru au destin. Je savais que j’étais prédestiné à faire de grandes choses dans ce sport. C’était la récompense de mes efforts. »

Pour sa première sortie, il perd contre le suisse Yoann Kongolo. Rien de grave, il continue son chemin et enchaîne des victoires jusqu’à ce que le GLORY le rappelle pour un gros combat, début 2016. Il bat alors le challenger numéro un, Murtel Groenhart et bénéficie d’une chance directe pour le titre, sans passer par l’habituel tournoi qualificatif. « A l’époque, on pouvait voir cela comme un cadeau empoisonné. Personne ne s’attendait à ce que je gagne. Je voulais tout faire pour aller à la ceinture. C’est allé très vite donc j’étais surpris et content » commente le boxeur.

Sans doute motivé par sa position d’outsider aux yeux du public, Cédric livre le combat de sa vie contre le très respecté, et invaincu depuis 6 ans, Nieky Holzken : « Mon meilleur souvenir reste la première ceinture du GLORY parce que ma mère était présente. Quand je l’ai vu heureuse, c’est la meilleure des récompenses. Je lui avais livré mes craintes, mes doutes. Je lui avais confié ne pas être sûr de gagner. C’est la première fois qu’elle me voyait incertain. »

Je veux être un champion incontesté. Je me vois aller chercher une ceinture en MMA, revenir en kickboxing pour détrôner le champion

Après l’ascension et la conquête du titre, le plus dur reste à faire : se maintenir au sommet. Aujourd’hui encore, Cédric n’a pas vraiment de salle ou de club d’attache. Il doit savoir s’entourer et acquérir les compétences nécessaires à la conduite d’une carrière de sportif de haut niveau. Dans son entourage il compte tout de même German Talbeau, un matchmaker du kickboxing : « On s’est rencontré avant mon premier combat au GLORY et on ne s’est plus quitté. C’est mon pote et le meilleur teneur de paos en kickboxing ! » Dans son coin, l’entraîneur belge du Queensburry Boxing Club, Samir Mahjoubi :« C’est en partie grâce à lui que j’ai compris le kickboxing. Au Queensbury j’ai vraiment compris le game ».

A part ces deux valeurs sûres, Cédric confie avoir « toujours été seul ». A 26 ans, il trace sa route en prenant ses décisions, et avec la même ambition qu’à ses débuts : « Mon ambition, c’est de marquer l’histoire. En tant que premier français, et aujourd’hui encore le seul, à avoir été champion du GLORY. Je veux marquer l’histoire en gardant cette ceinture le plus longtemps possible. Je veux être un champion incontesté. Je me vois aller chercher une ceinture en MMA, revenir en kickboxing pour détrôner le champion… Créer une histoire ! »

Avant le MMA, RDV le 9 mars pour le GLORY 64

Depuis quelque temps, Doumced s’intéresse en effet de près au MMA. Conscient qu’il aborde un sport différent avec sa propre logique interne, il s’entraîne régulièrement et n’hésite pas à aller se frotter aux meilleurs, là encore : « Ce n’est pas du tout du pied-poings avec de la lutte et du sol. C’est un sport à part entière. C’est très compliqué. L’instinct du pieds-poings sert, mais pas les combinaisons en tant que telles, c’est très difficile d’en mettre, on se fait saisir. Avec les petits gants, au moindre coup, tu peux tomber. L’approche est totalement différente. Pour moi, la plus grosse partie en MMA ce n’est pas le striking, c’est la lutte, le sol, le corps-à-corps. C’est ce qui nous manque en tant que kickboxer. J’aime ça et je suis en train de le travailler » dit-il chaussures de lutte aux pieds.

On l’a récemment vu partager des photos d’entraînement au MMA Factory, aux côtés de champions comme Francis NGannou ou Taylor Lapilus ou encore à l’American Kickboxing Academy, célèbre écurie de MMA aux Etats-Unis. Dans cette discipline aussi, il affiche clairement ses ambitions. Il vise Conor McGregor, avec qui il partage le même goût pour déstabiliser ses adversaires avant le combat.

Comme d’habitude, Cédric n’accorde aucun crédit à son prochain adversaire : « C’est un boxeur qui a un seul atout : il frappe fort. Il a des enclumes dans les poings. Mais il a beaucoup de défauts, il n’est pas très intelligent dans sa boxe, pas rapide, pas technique du tout. Il n’a rien à part ses gros crochets. Sur le papier, il n’a rien pour me battre. Mais il faut que j’aborde ce combat comme un championnat du monde. La boxe ce n’est pas des maths. C’est difficile de ne pas le sous-estimer. Mais il faut prendre au sérieux chaque combat. »

Je vais d’abord lui briser les fondations pour ensuite, pourquoi pas, le mettre KO

A quel Cédric Doumbé faut-il s’attendre ? Sur cette question aucun doute : « Dans les premiers rounds je vais esquiver et lui casser les jambes. Je ne vais pas chercher à mettre KO. Je vais d’abord lui briser les fondations pour ensuite, pourquoi pas, le mettre KO avec mon anglaise. Si le combat va aux points, je n’ai absolument pas peur de la décision. » Trop confiant ou juste réaliste ? Réponse le 9 mars à la Rhénus Arena de Strasbourg. La seule certitude est que Doumced, de chaque côté du ring, ne déçoit jamais.

Places et informations disponibles ci-dessous :

Glory 64 Strasbourg / Samedi 9 mars de 16h30 à 23h30 / Rhénus Sport Arena /

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