Actualités Sport

Bampara Kouyaté, bientôt dans la cour des grands [PORTRAIT]

Bampara Kouyaté, bientôt dans la cour des grands [PORTRAIT]

Rencontre avec l’un des espoirs du muay thaï…

A 23 ans, Bampara Kouyaté s’apprête à vivre une des étapes les plus importantes de sa carrière de combattant. Dimanche 21 octobre, il effectuera son premier combat dans les rangs professionnels lors du prestigieux Muay Thai Grand Prix au Bataclan, à Paris. Rares sont les combattants qui sortent de l’ombre avant de devenir professionnels. Mais celui que l’on surnomme Bambi a plus d’un atout pour attirer les regards. Posé sur un fauteuil dans les locaux de Booska-P, il partage avec nous son parcours et ses ambitions.

Invaincu en 21 combats

Bampara n’a jamais connu le goût amer de la défaite. Champion de France classe B (ligue semi-professionnelle) en 2017 et 2018, il est logiquement très attendu dans la cour des grands : la classe A, réservée à l’élite française de la discipline. Mieux encore, il est apprécié des connaisseurs grâce à un style technique pur et une aisance assez rare à ce niveau de la compétition. Bampara aime boxer. Il suffit de le voir quelques secondes sur un ring pour en être persuadé. Avec une facilité déconcertante, il se déplace, lâche fréquemment des high-kicks, des genoux, et surtout, prend plaisir à tendre des pièges à ses adversaires. Toucher sans être touché. Bampara est conscient de ses qualités :

« C’est vrai, je suis relâché. Je cherche à être un boxeur rusé. J’ai un bon coup d’œil, j’esquive beaucoup, c’est en partie inné mais ça s’améliore sans cesse. Il y a des coups qu’il vaut mieux éviter. C’est très important pour durer dans ce sport ! »

Dans le muay thaï, les carrières sont longues et commencent très tôt. Il n’est pas rare de croiser un jeune adulte approchant de la centaine de combat, surtout dans les stadiums les plus réputés de Thaïlande. A 23 ans et 21 combats, Bambi n’a pas une longue expérience et n’est encore qu’aux prémices de sa carrière pro. Il a néanmoins connu une évolution très rapide en cherchant sans cesse à enrichir sa panoplie technique.

Des débuts à Issy au voyage initiatique en Thaïlande

Bampara a brillé dans d’autres sports avant de mettre les gants. Avant ses 15 ans, il évoluait notamment en athlétisme. Il a gagné le championnat de France du 1000m à deux reprises avant de craquer pour la boxe. Il lui aura suffit de regarder le film « Ong-Bak » à 9 ans, pour développer une véritable passion pour les arts martiaux et les sports de combat.

« Je kiffais tout ce qui concerne les arts martiaux et sports de combat. J’ai essayé de faire du kung fu, d’autres arts martiaux mais je n’ai pas accroché. C’est en essayant la boxe que j’ai vu que ça me correspondait. »

C’est dans sa ville d’Issy-les-Moulineaux (92) qu’il envoie les premiers low-kicks, à l’âge de 15 ans. Bampara pousse la porte du Biga Muay Thaï Club, fondé par Tidiani Biga, il y a un peu plus de 10 ans. Nourri aux highlights, ces courtes vidéos youtube qui mettent en scène des combattants spectaculaires, il cherche très tôt à développer une boxe esthétique, férocement efficace.

C’est naturellement que Bampara a opté pour le plus martial des sports de combat. Extrêmement codifié, le muay thaï séduit par ses valeurs de respect et d’abnégation. Bampara a de grandes ambitions sportives mais il est surtout admiratif de ses partenaires de club plus expérimentés ou des stars de la discipline comme Saenchai ou Buakaw. Il veut atteindre les sommets sans prendre l’ascenseur.

« Je suis pour l’instant passé par toutes les étapes : des premiers entraînements aux assauts (combats sans coups appuyés) avec plastrons et casques aux combats semi-pros, en passant par la Thaïlande. »

Attiré par un film mais resté grâce aux valeurs du muay, Bampara a logiquement voulu découvrir son art à la source. Il profite d’une période de vacances scolaires pour rejoindre l’Emerald Gym de Wilfried Montagne (ancien champion français) dans la région de Krabi au sud de la Thaïlande. Là-bas, il n’hésite pas à vivre comme les thaïlandais et reste éloigné des attractions touristiques. Il combat à trois reprises, en autant de succès, et n’a qu’une envie : y retourner.

« C’est important pour devenir plus aguerri, mais aussi pour accéder à une meilleure notoriété.»

Baptême de feu

Bampara prend plaisir à se replonger dans ses débuts sur le ring.

« C’est inoubliable. Pour ton premier combat, tu ne peux pas être en confiance quand tu sais que tu montes contre quelqu’un qui s’est préparé dur et a un minimum de niveau, comme toi. Tu ne peux pas être à 100% de ta confiance. Il faut être prêt physiquement et mentalement. Mais le mental ne peut pas être totalement là, vu que tu n’as jamais fait l’expérience du combat. »

Il suffit d’une fois. Bampara attrape le virus.

« Tu as une adrénaline que tu n’as jamais connu. C’est vraiment une expérience à vivre. »

L’autre baptême de feu, c’est évidemment le passage en pro que s’apprête à effectuer Bampara. Bien que son adversaire soit forfait à une semaine du combat, il espère bien trouver un remplaçant et monter sur le ring le 21 octobre au Bataclan.

Bambi n’est pas particulièrement stressé. Il apparaît impatient d’en découdre. Détendu, comme d’habitude.

« Ce n’est pas un gros changement pour moi. Je vois ça comme la suite logique. Je m’entraînais déjà matin et soir, du lundi au vendredi et une fois le samedi ou le dimanche. Mais avec le passage en pro, c’est surtout l’intensité qui va changer. J’ai fait mes classes comme il le fallait en semi-pro et je suis prêt pour le passage. C’est un petit challenge. »

Bampara a pensé pour la première fois à faire vraiment carrière dans le muay thaï, il y a 2 ans et demi, juste après son premier combat semi-pro. On peut se demander pourquoi avoir attendu 21 combats, et autant de victoires, pour aller frapper chez les pros. Mais tout est calculé.

« Ce n’est pas ma décision personnelle. Je fais confiance à mon entourage, au club. Ils pensent que je suis assez mûr pour passer à l’étape supérieure.»

Derrière le combattant

Bampara a été attiré par la beauté du muay thaï, qu’il voit plus comme un art qu’un sport. Pour ce curieux et touche-à-tout, tout est prétexte à de nouvelles expériences. BTS Banque en poche, Bampara a plus tard choisi de se diriger vers le coaching sportif. Il a récemment participé à une campagne publicitaire pour Nike et a tourné son premier court-métrage.

« Ces expériences m’apprennent beaucoup de choses et elles élargissent mon horizon. Je m’entraîne tous les jours, mais j’ai d’autres projets. Je ne peux pas m’arrêter seulement sur la boxe. J’ai fait un court métrage, c’était une première, mais le métier de comédien m’intéresse. Je ne cherche pas forcément une activité liée à mon métier. »

Pour subvenir à leur besoin ou par amour du défi, beaucoup de combattants de muay thaï vont combattre dans d’autres disciplines. Bampara s’estime encore loin de considérer ce passage.

« Le kickboxing et le K1 sont des mondes totalement différents. Il n’y a pas de corps-à-corps, pas de coudes… Et surtout, certains styles ne se prêtent pas au changement. Je ne peux pas me projeter dans d’autres disciplines alors que je n’ai même pas encore vraiment commencé ma carrière dans le muay. Pourquoi pas par la suite si des opportunités se présentent. »

Bampara avance pas-à-pas mais a une idée très précise de l’endroit où il sera dans une dizaine d’années.

« J’espère plusieurs ceintures. Si ça ne marche pas j’arrêterai. Pour moi le muay thaï est un travail. J’ai du plaisir mais c’est très dur. Parfois tu te poses des questions. Tu te dis : j’ai la dalle, je ne peux pas sortir, je ne peux pas voir mes potes… Mais si tu as envie de quelque chose, il faut aller le chercher. »

Bampara ne se fixe aucune limite. Il vise la victoire et rien d’autre. Le dimanche 21 octobre, il tentera tout pour conserver son bilan parfait.

Pour ne rien rater des actualités de Bampara Kouyaté, suivez le combattant sur son compte Instagram : bambi.92i.

Top articles

Dossiers

VOIR TOUT

À lire aussi

VOIR TOUT