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Mayweather vs Pacquiao : Le combat qui n’aura jamais lieu ? [DOSSIER]

Mayweather vs Pacquiao : Le combat qui n’aura jamais lieu ? [DOSSIER]

Il y a encore quelques semaines, le combat le plus lucratif de l’histoire de la boxe semblait à deux doigts de voir le jour. Aujourd’hui tout porte à croire que les deux hommes ne se rencontreront jamais, même pour 200 millions de dollars.

Mayweather est-il un pleutre ?

Posée comme ça la question prête au mieux à sourire quand on connait le cv du bonhomme.

Invaincu en 47 rencontres, celui que l’on surnommait « Pretty Boy » à ses débuts (pour sa faculté à n’être jamais marqué au visage) est l’un des boxeurs les plus intelligents que l’on ait pu voir évoluer sur un ring. Outre sa garde si caractéristique (le fameux « shoulder roll »), l’homme est un génie quand il s’agit de donner des coups sans en recevoir.

Pourtant s’il n’affronte pas Manny Pacquiao, l’histoire le tiendra pour responsable. C’est peut être injuste mais c’est comme ça.

La boxe est un milieu étrange. Dans n’importe quel autre sport on n’imagine pas une seconde, les principaux favoris refuser de s’affronter (les Lakers esquiver les Boston Celtics en finale ou le PSG l’OM).

En boxe la multiplication des fédérations, des promoteurs et des diffuseurs rend bien souvent impossible la tenue de certains combats majeurs. Au risque de tuer encore un peu plus le noble art qui était pourtant le sport le plus populaire au monde dans les années 70 (des erreurs que l’UFC a su ne pas reproduire avec le MMA soit dit en passant).

Toujours est-il que grâce à certaines individualités, la boxe réussit encore à faire illusion. Money n’est-il pas le sportif le mieux payé du monde ? – et ce sans le moindre contrat de sponsoring !

Money Mayweather entouré de 8 millions de dollars de voitures (plus son jet)

Le combat du siècle agite les esprits depuis 2008

Date à laquelle Manny Pacquiao a battu (démoli) par KO au huitième round la légende Oscar de la Hoya, alors que Mayweather s’en était tenu quelques mois plus tôt à une victoire contestée aux points.

Rebelote un peu plus tard, lorsque Money défait la terreur britannique Ricky Hatton invaincu jusqu’alors, tandis que « Pac-Man » le knock out dès la seconde reprise. Dès lors une confrontation apparaît inévitable entre les deux meilleurs boxeurs pound for pound.

À plusieurs occasions les choses ont failli se faire. À chaque fois, un incident est venu interrompre les négociations (départ en retraite de Mayweather, puis son séjour en prison, défaite surprise de Pacquiao face à sa bête noire Juan Manuel Márquez…).

Surtout, Mayweather a exigé que Pacquiao subisse un contrôle antidopage, l’accusant ouvertement d’utiliser des stéroïdes. Il est vrai qu’à l’époque l’endurance du philippin impressionne. Du premier au dernier round les coups pleuvent avec une vitesse de frappe rarement atteinte.

Ce dernier refuse tout test sanguin, prétextant une phobie des aiguilles (bien qu’il soit tatoué) et engage des poursuites pour allégations mensongères. Comme souvent dans ce genre de procédure, un accord confidentiel est passé, délestant certainement Floyd de quelques millions.

Depuis les relations entre les deux entourages se sont grandement envenimées, notamment du fait de Mayweather. Ce dernier ne semble jamais à court de prétextes pour ne pas donner une chance à son challenger, de son refus de faire des affaires avec le promoteur de Pacquiao, Bob Arum (avec qui a lui-même été engagé les dix premières années de sa carrière) à l’invocation régulière des chiffres « ridiculement bas » de son pay-per-view.

Sans rentrer dans le détail, tout cela donne l’impression qu’il cherche avant tout à préserver son palmarès vierge de toute défaite (première garanti de ses revenus), plutôt que d’inscrire son nom dans l’histoire du noble art.

Qui imaginerait Muhammad Ali refuser de combattre Joe Frazier ? Sugar Ray Leonard invoquer mille excuses pour éviter Roberto Durán ? Ce sont ces affrontements de légende qui écrivent les pages les plus glorieuses du noble art, pas les considérations tactiques et pécuniaires.

Pacquiao parle sport, Mayweather parle argent

À sa décharge Mayweather évolue dans un autre monde, celui où l’argent est la mesure de tout. Lorsqu’il s’autoproclame « The Best Ever » (TBE), il ne parle peut-être pas de sport, mais de sa capacité à amasser les millions.

De son propre aveu Money a toujours considéré sa carrière comme une partie de Monopoly, choisissant avec soin ses adversaires. Même s’il a défait une bonne dizaine de champions en titre (et non des moindres), tous correspondaient peu ou prou à un certain profil : volontaires, puncheurs et durs au mal. Boxeur défensif, Mayweather a besoin de laisser à son rival le soin de « faire le combat » pour exprimer son art du contre.

De par sa rapidité et ses réflexes, Pacquiao (qui de surcroît est gaucher) est l’archétype du combattant capable de lui faire mordre la poussière.

D’ailleurs les historiens de la boxe sont unanimes, sans une victoire contre son némésis, Mayweather, qui terminera sa carrière en septembre prochain selon toute vraisemblance, ne peut pas être considéré comme un grand de ce sport. Son nom restera éternellement associé à cette pantalonnade.

Alors pour quoi en sommes-nous toujours au même point après une bonne demi-douzaine d’années ? D’autant que Manny Pacquiao a fait plus que montrer patte blanche : il accepté le partage 40/60 des revenus, les tests anti-dopage et a déclaré (ce qui ne prouve pas qu’il l’a fait ndlr) avoir accepté toutes les conditions imposés par le clan Mayweather.

Mieux pour la deuxième fois seulement de l’histoire de la boxe (après Tyson-Lennox Lewis en 2002), les réseaux télévisés HBO (en contrat exclusif avec Pac-Man) et Showtime (lié à Mayweather) se sont mis d’accord pour diffuser conjointement l’évènement.

Un chiffre d’affaire potentiel d’un milliard de dollars !

Seul Mayweather détient les réponses, et sûrement une version des faits différente de celle des médias. Mais en tant que numéro un, c’est à lui qu’incombe la responsabilité de rendre possible ce combat.

Reste que lorsque l’on connait son habileté à faire monter les enchères, on ne peut pas exclure qu’il agit en stratège avisé depuis le début. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : initialement, sa bourse devait s’élever à 50 millions de dollars en 2012, puis à 75 millions en 2013, pour atteindre 120 millions (!!) si le combat se déroulait aujourd’hui.

À ce prix cela vaut le coup de faire monter la sauce comme il le fait depuis des années. Et tant pis si les critiques affirment qu’à 38 et 36 ans Mayweather et Pac-Man sont loin de leur apogée pugilistique.

Au-delà des supputations, dans les faits Mayweather a confirmé vouloir affronter Miguel Cotto en mai prochain. Un adversaire qu’il a déjà battu en 2012 et que Manny a mis KO en 2009 (décidément).

Petite lueur d’espoir, mardi dernier les deux hommes se sont retrouvés face à face par le plus grand des hasards lors d’un match de basket. Après des années de piques virtuelles sur les réseaux sociaux (ou dans cette pub Foot Locker), c’est étonnamment la première fois qu’ils se rencontraient. L’échange a été bref mais Mayweather a pris le temps de donner son numéro de téléphone à Pacquiao. De sources sûres, les deux hommes se revus plus tard dans la soirée. Comme dirait Rocky Balboa, « ain’t over till it’s over ».

Pour son héritage, pour les fans, pour la boxe, il ne tient qu’à Floyd de faire l’Histoire.

Mardi dernier lors du match Miami Heat-Milwaukee Bucks

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