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Frank Ntilikina, le futur Tony Parker ?

Frank Ntilikina, le futur Tony Parker ?

Retenez bien son blaze : l’avenir du basket est peut-être entre ses mains…

Il a seulement 19 piges, porte un nom un peu compliqué à prononcer, mais il a déjà marqué l’histoire du basket tricolore. En juin dernier, Frank Ntilikina a été sélectionné par les New York Knicks à la huitième position de la Draft, un record pour un Frenchie. Que ce soit Tony Parker, Joakim Noah, Rudy Gobert ou n’importe quel autre joueur français, personne n’avait autant la cote au moment de débarquer en NBA ! Cela vous place un peu le potentiel du mec, même si ça ajoute aussi une sacrée dose de pression, surtout dans la Grosse Pomme.

Portrait du bonhomme.

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De Strasbourg à Manhattan

Le parcours de Frank Ntilikina fait partie de ces belles histoires qu’on aime raconter. Ces histoires qui donnent le sourire, la pêche et une certaine fierté d’être français.

Né à Bruxelles de parents rwandais le 28 juillet 1998, Franky touche aujourd’hui son objectif ultime, à savoir évoluer dans la plus grande ligue de basket au monde. Et cerise sur le gâteau, il porte désormais le maillot mythique des New York Knicks. Manhattan, la salle légendaire du Madison Square Garden, Spike Lee… Difficile de faire mieux. Le rêve français en quelque sorte, avec en prime un contrat de quatre ans et 18,5 millions de dollars !

Pour atteindre le sommet, il a dû franchir différentes étapes, l’une après l’autre. Arrivé à Strasbourg à l’âge de trois ans, Ntilikina découvre sous l’influence de ses frères le bitume des playgrounds alsaciens, comme la Citadelle. C’est le début du grand amour entre Frank et la balle orange. Il s’inscrit dans le club de St-Joseph, où il apprend les bases du game pendant quasiment une décennie, puis gravit les échelons à force de travail et d’abnégation. Pôle Espoir de la Ligue d’Alsace à 13 ans, centre de formation de la SIG (le club professionnel de Strasbourg) à 15 ans, le gamin commence son ascension.

« J’ai commencé à jouer avec mes frères, quand la famille s’est installée à Strasbourg. On allait jouer sur les playgrounds. Je les accompagnais, mais ils ont dix et douze ans de plus que moi, donc je shootais sur le panier d’à côté. Puis mes frères se sont inscrits en club, alors j’ai suivi. J’ai fait toute ma formation dans la région, jusqu’à rejoindre la SIG en Pro A. Je me sens alsacien. J’ai même fait de l’allemand à l’école ! » – Frank Ntilikina, lors d’un entretien avec Konbini.

Une rencontre avec Michael Jordan et une carrière qui décolle

Très vite, Frank Ntilikina entre dans une nouvelle dimension. D’abord, il remporte un titre de champion d’Europe avec les U16 de l’équipe de France. Ensuite, il est invité au fameux Jordan Brand Classic International Game, une rencontre qui réunit les meilleurs jeunes internationaux. Pas rien quand même ! C’est dans ce cadre-là qu’il a l’occasion de croiser l’icône Michael Jordan. Et ça forcément, c’est un très grand moment dans la vie de tout basketteur, surtout lorsqu’on reçoit des conseils du GOAT en personne.

« J’ai demandé à Michael quelle était la clé de la réussite. Il a réfléchi et m’a dit, ‘Tu dois aimer le basket. Tu ne peux pas être un grand si tu n’aimes pas vraiment le jeu. Quand tu aimes le basket plus que tout, tu es prêt à sacrifier’. Cela semble simple, mais plus je pensais à ça, plus ça avait du sens dans ma vie. »Frank Ntilikina, via The Players’ Tribune.

Parti pour toucher les étoiles, Frank enchaîne en remportant un titre de champion de France avec les espoirs de la SIG puis en signant son premier contrat professionnel en décembre 2015, trois mois après avoir participé au FIBA European All-Star Game des moins de 18 ans. Autrement dit, il réussit tout sur le terrain, tout en brillant en dehors avec un bac scientifique dans la poche. Le gendre idéal quoi.

Sa très belle ascension se poursuit lorsqu’il gagne du temps de jeu avec l’équipe professionnelle de la SIG. Lors de la saison 2015-2016, il prend de l’expérience et goûte même à l’Euroligue, la crème du basket européen, ce qui n’est pas anodin pour un jeunot de 17 ans. Résultat, à la fin de cette campagne, il est nommé meilleur espoir de Pro A, comme Tony Parker, Boris Diaw et Nicolas Batum dans les années 2000.

La suite, c’est probablement l’apogée de sa carrière si l’on excepte la Draft NBA. En effet, il confirme son nouveau statut non seulement lors de la saison suivante en Pro A, mais surtout durant le Championnat d’Europe des U18, où il domine méchamment la concurrence. Elu meilleur joueur du tournoi, il claque 31 points dans la face des Lituaniens en finale et guide les Bleuets vers le titre suprême. Lourd, très lourd !

Seule fausse note, Ntilikina ne parvient pas à décrocher le titre de champion de France avec la SIG. Lui et ses coéquipiers s’inclinent lors des Finales LNB 2016 et 2017, à chaque fois lors d’une cinquième manche décisive. Une fin cruelle pour Frank, avant de traverser définitivement l’Atlantique.

Un gamin bien dans sa tête, armé pour la Grosse Pomme

Si le talent et les qualités physiques (meneur d’1m96 avec une envergure de plus de 2m10) de Frank Ntilikina sont des raisons de son succès, la clé de sa réussite réside surtout dans son éthique de travail, qui est associée à une grande maturité. Il est rare de voir un gamin de 19 ans avoir autant la tête sur les épaules, en particulier dans un tel contexte. D’après lui, c’est une question d’éducation. Ce n’est sans doute pas un hasard si son frère Yves est chirurgien et son autre frère Brice est kiné.

« Cela vient de mes parents. Dans ma famille, on ne s’enflamme pas pour un rien. On sait que pour réussir, il faut travailler. Quand j’étais petit, je défiais mes grands frères en un-contre-un. Jusqu’à l’âge de 12 ans, je n’ai jamais réussi à les battre ! Parfois, ils me chambraient et j’étais très remonté quand on rentrait à la maison. Mais ça m’a aidé plus tard. » – Frank Ntilikina, lors d’un entretien avec Konbini.

Calme, posé et intelligent, Franky semble posséder toutes les qualités pour ne pas se perdre dans la jungle new-yorkaise, truffée de tentations et de dangers. C’est aussi pour cela qu’il a été sélectionné aussi haut par les Knicks. Ces derniers, qui ont observé Ntilikina au Rhénus (la salle de Strasbourg) durant la saison 2016/2017, sont aujourd’hui amoureux du Frenchie. Que ce soit sur le terrain ou dans le vestiaire, il séduit tout le monde au sein de la franchise new-yorkaise, et notamment son nouvel entraîneur Jeff Hornacek.

« Le truc ultime qui montre qu’on est assez bon pour jouer en NBA, c’est quand on gagne le respect des vétérans de l’équipe. Les gars parlent déjà de lui et de ce qu’il fait sur le terrain. Quand tu as le respect des anciens, c’est que tu fais bien les choses. Les gars gravitent autour de lui. Ils voient comment il se comporte dans le jeu, qu’il est altruiste et qu’il essaye de faire le bon choix. » Jeff Hornacek, via le NY Post.

Quand un coach dit ça pour un joueur de première année, c’est qu’il y a quelque chose de spécial. Et quand vous vous retrouvez sur la façade d’un grand immeuble situé tout près du Madison Square Garden (dans le cadre d’une publicité de Nike), c’est que ça devient très sérieux. Bref, vous l’avez compris, Frank Ntilikina a fait une excellente première impression aux New York Knicks, où il est désormais surnommé le « French Prince ».

New York State of Mind

Maintenant, il va falloir confirmer tout cela lors des matchs de saison régulière. Légèrement blessé au genou, le jeune meneur de jeu français n’a pu montrer ses talents lors des ligues d’été, et n’a joué qu’une seule rencontre de pré saison. C’était le 3 octobre contre les voisins de Brooklyn, où il a terminé avec cinq points et trois passes décisives au compteur.

Pour les supporters des Knicks, qui sont à la fois connaisseurs et exigeants, Frank est un peu une énigme. Ce dernier sera-t-il capable de les convaincre rapidement ? A New York, une ville qui respire autant le basket que le hip-hop, la patience n’est pas forcément une qualité, surtout après quatre saisons sans participation aux playoffs. De plus, il ne faut pas oublier que la dernière fois que les Knicks ont sélectionné un joueur français à la Draft, cela s’est terminé en gros bide. C’était Frédéric Weis en 1999, le mec qui s’est fait démonter par Vince Carter aux Jeux Olympiques de Sydney. En d’autres termes, il y a de la pression, et c’est un peu à quitte ou double.

Avec son intelligence de jeu et ses belles capacités défensives, Ntilikina a les moyens pour balayer les doutes et s’imposer au sein d’une équipe de New York complètement en reconstruction, d’autant plus que la concurrence n’est pas ouf sur son poste (Ramon Sessions, Jarrett Jack, Ron Baker). Evidemment, il n’est pas encore un basketteur accompli, notamment offensivement. Il doit parfois faire preuve de plus d’agressivité et possède une marge de progression au niveau de son shoot et en un-contre-un. Mais le potentiel est là, l’envie de progresser aussi.

Vas-y Franky !

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