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40 anecdotes ghetto sur « The Wire », la plus grande des séries télé

40 anecdotes ghetto sur « The Wire », la plus grande des séries télé

Plus de douze ans après la diffusion du dernier épisode, les rues de Baltimore recèlent encore bon nombre de secrets…

1. Pour créer The Wire, les producteurs et scénaristes David Simon et Ed Burns se sont grandement inspirés de leur précédent projet The Corner, une mini-série qui documente les conditions de vie dans les ghettos de Baltimore.

2. Simon et Burns se sont également appuyés sur leurs expériences professionnelles passées pour donner corps à la série : Simon a travaillé pendant de nombreuse années comme journaliste à la rubrique faits divers du quotidien local Baltimore Sun, Burns a été détective puis enseignant dans une école publique de la ville.

3. De nombreux des acteurs ont auditionné pour un rôle différent de ceux qu’ils jouent à l’écran.

Idris Elba (Stringer Bell) avait initialement postulé le rôle d’Avon Barksdale. Robert Wisdom se serait bien imaginé en Stringer Bell avant de se voir proposer le rôle du sergent réformateur Howard ‘Bunny’ Colvin. Gbenga Akinnagbe (Chris Parlow) a passé des essais pour interpréter Marlo Stanfield. Jamie Hector (Marlo Stanfield) a failli être engagé pour être l’ex-taulard Dennis ‘Cutty’ Wise. Isiah Whitlock Jr. enfin, le très corrompu sénateur Clay Davis, aurait pu être vu sous les traits du très méthodique détective Lester Freamon.

4. Soucieux de ne pas ternir l’image de la ville, l’ancien maire de Baltimore Martin O’Malley ne voyait pas d’un très bon œil le tournage de The Wire. À ce titre il a téléphoné en personne à David Simon pour lui suggérer d’inclure dans ses intrigues certaines de ses réalisations.

Face à son refus, il aurait alors demandé à sa police de faire preuve de zèle en arrêtant les membres au moindre incident (traversée en dehors des passages cloutés, flânerie dans les pacs, refus d’obtempérer…).

Ces arrestations n’ont pas été sans conséquence puisqu’elles ont retardé à plusieurs reprises le tournage.

5. À la demande des services de police il est toutefois arrivé aux showrunners de lever le pied sur certains détails. Le Baltimore Police Department craignait en effet de voir certaines de ses faiblesses révélées au grand jour (notamment en matière de traçage de téléphones mobiles) et de permettre grâce à cela aux criminels de déjouer ses enquêtes.

6. Pour plus de réalisme, de nombreux personnages de The Wire sont nés en croisant les biographies de personnes ayant réellement existé : les caïds Avon Barksdale et Marlo Stanfield, Stringer Bell (qui tire son nom aux truands Stringer Reed et Roland Bell), le tueur à gage Wee-Bey Brice, le policier Bunk Moreland, le clodo informateur Bubbles, Omar (qui emprunte à pas moins de cinq différents braqueurs), le maire Tommy Carcetti et même le frère Mouzone.

7. Fait pour le moins cocasse : le policier Jay Landsman qui a inspiré le sergent-détective superviseur du même nom (interprété par Delaney Williams) joue également un rôle dans la série (le totalement fictionnel major Dennis Mello dans la saison 5).

8. L’un des gangsters les plus célèbres de Baltimore peut être vu dans The Wire.

Roi de l’héroïne dans les années 60/70, Melvin ‘Little Melvin’ Williams a en 1985 été condamné pour trafic de cocaïne suite à une enquête menée par… Ed Burns. À cette occasion David Simon avait d’ailleurs rédigé pour le Baltimore Sun un long format en cinq parties intitulé Easy Money: Anatomy Of A Drug Empire.

Libéré de prison en 2003, Williams interprète dans les saisons 3 et 4 Deacon (« le Diacre »), un médiateur entre les dealeurs et les toxicomanes.

9. Dans un registre similaire, impossible de ne pas mentionner Felicia ‘Snoop’ Pearson alias Snoop dans la série, alias « la femme la plus terrifiante de la télévision » selon Stephen King, qui l’année de ses 14 ans été condamnée pour meurtre au second degré, et qui en 2011 en a repris pour sept ans (avec sursis) après avoir été arrêtée pour trafic de drogue lors d’un raid de la DEA.

10. Suite à son arrestation, le juge lui a dans un premier temps refusé d’être libérée sous caution au motif que ses talents d’actrice lui permettaient possiblement d’échapper aux autorités.

Extrait : « Il se trouve que j’ai regardé les épisodes de The Wire dans lesquels vous êtes au générique. Vous avez l’air aujourd’hui très différente, et je ne dis pas ça à cause de votre tenue. Votre apparence générale n’est absolument pas la même. »

11. Le générique de The Wire reprend la chanson Way Down in the Hole écrite par Tom Waits en 1987 pour son album Franks Wild Years.

À l’exception de la saison 2 qui réutilise la version originale, toutes les autres saisons proposent une réinterprétation : The Blind Boys of Alabama (un groupe de blues pour la S1), The Neville Brothers (un groupe de funk pour la S3), DoMaJe (une chorale d’adolescents originaires de Baltimore pour la S4) et Steve Earle (un chanteur country pour la S5).

12. Chaque épisode démarre systématiquement par une citation sur fond noir tirée des dialogues à venir.

Parmi les plus mémorables on peut se souvenir de « The king stay the king » de D’Angelo, « … a little slow, a little late » d’Avon, « All in the game! » d’Omar, « The Gods will not save you » de Ervin Burrell ou encore « We fight on that lie » de Slim Charles.

13. Clark Johnson qui dans la saison 5 interprète le rédacteur en chef Augustus ‘Gus’ Haynes a réalisé le pilote de The Wire ainsi que le tout dernier épisode.

14. C’est peu dire que la diffusion en interne du premier épisode a provoqué des remous au sein de la distribution. Jugé lent et poussif, il a désespéré une partie des acteurs au point que certains d’entre eux sont partis demander à leurs agents de les sortir de cette galère (Wendell Pierce/Bunk, Sonja Sohn/Kima, Isiah Whitlock/Clay Davis…).

15. Les fameux immeubles aperçus en fond du point de vente où opèrent Bodie D’Angelo, Wallace & Co. ont en réalité été rajoutés digitalement après coup – ce qui à la revoyure saute quand même pas mal aux yeux.

16. Le célèbre canapé orange sur lequel Bodie D’Angelo, Wallace & Co passent le plus clair de leur temps a été déniché dans une décharge. La production a ensuite dépensé 5 000 dollars pour le faire répliquer à l’identique.

17. Loué pour la qualité de ces dialogues, The Wire ne doit sur ce point précis rien à ses acteurs : il leur était tout bonnement interdit d’improviser sur le tournage – et ce principalement afin d’éviter que ces derniers soient tentés de s’inventer des gimmicks.

Seule et unique exception à la règle : le cultissime « Sheeeeeeeee-it » de Clay Davis/Isiah Whitlock Jr.

18. Dominic West est passé à deux doigts de refuser d’incarner Jimmy McNulty et ce parce qu’il n’était pas très emballé de passer les cinq prochaines années de sa vie à Baltimore. Son agent a cependant su la convaincre en lui avançant comme argument que, parti comme c’était parti, la série ne durerait « pas plus d’une saison ».

19. Si West est ensuite très peu présent dans la saison 4, c’est parce qu’il souhaitait passer plus de temps avec sa fille née l’année du tournage en Angleterre. Il a alors négocié un contrat avec la production stipulant que toutes ses scènes devaient être tournées en trois semaines et qu’il pourrait en sus réaliser un épisode.

Reste qu’à en croire ses déclarations ultérieures, West semble avoir pas mal regretté son choix : « J’ai réussi à être quasi absent de la meilleure saison. Je réfléchis comme un idiot. »

20. Andre Royo a failli ne jamais auditionner pour le rôle de Bubbles.

« Ce personnage me posait doublement problème. De un, je ne voulais pas jouer un stéréotype, je ne voulais pas saborder ma carrière. Et de deux, je ne pensais pas être en mesure de faire mieux que ceux qui avant moi avaient joué ce genre de rôle. »

21. Kima aurait dû mourir à la fin de la saison 1 suite au guet-apens tendu par Wee-Bey et Little Man. Sonja John a cependant fait des pieds et des mains auprès de la production pour que ce ne soit pas le cas.

Sachant cela, voilà qui explique très certainement pourquoi celle qui au départ faisait partie des personnages principaux a vu son temps de présence considérablement chuter puisqu’il n’avait jamais été question qu’elle continue l’aventure.

22. L’expression « good police » très régulièrement entendue dans la bouche de différents agents des forces de l’ordre est directement empruntée à l’argot de la police de Baltimore.

23. Au cours de toute la série, seul un policier se sert de son arme, Roland Pryzbylewski.

‘Prez’ fait toutefois feu à trois reprises : une première fois par mégarde dans un mur, une deuxième fois en riposte à des tirs et une troisième fois sur l’un de ses collègues.

24. Dans la célèbre Fuck fuck fuck scene où Bunk et McNulty inspectent les lieux d’un meurtre en ne prononçant en tout et pour tout qu’un seul mot, ledit F-word et ses variations est entendu 37 fois.

25. Étonnamment Idris Elba n’a jamais été vraiment à l’aise avec son personnage, et ce pour des questions d’ordre moral.

« Je ressens un problème quant à la glorification d’un dealeur et la fascination qu’éprouve l’Amérique pour ce monde (…) J’ai des enfants, je me sentais particulièrement inconfortable d’être associé à un tel personnage. »

26. Si vous vous êtes toujours demandé quels sont les livres de chevet de Stringer Bell, un youtubeur s’est amusé à zoomer sur sa bibliothèque entrevue dans l’épisode où McNulty et Bunk perquisitionne son domicile après sa mort.

Économie (La Richesse des nations d’Adam Smith), management (L’Entreprise libérée de Tom Pete), stratégie d’entreprise (Strategy Safari de Bruce Ahlstrand, Joseph Lampel et Henry Mintzberg), histoire des idées (The Great Philosophers de Stephen Law), romans… tout y passe – retrouvez la liste complète en cliquant ici.

27. Le jour de la scène où Wallace est assassiné a été tournée, Michael B. Jordan a expressément demandé à sa mère de ne pas venir sur le plateau.

« Ma mère est extrêmement émotive, ça aurait été trop pour elle. »

28. Aussi rusé qu’impitoyable dans les rues, Omar Little met cependant un point d’honneur à ne jamais jurer, lui qui de toute la série n’est pas entendu dire un seul gros mot.

D’ailleurs le jour où Michael Kenneth Williams a eu la surprise de lire un « shit » dans l’un de ses dialogues, il s’en est étonné auprès de David Simon. Ce dernier lui a alors répliqué qu’il avait bien fait de l’avertir et que dorénavant il lui laissait le cas échéant le soin d’éliminer toute grossièreté de ses textes.

29. Dans toutes les scènes où Omar annonce son arrivée en sifflant, Michael K. Williams était doublée car il ne sait pas siffler.

30. Les cicatrices qu’arborent sur le visage Michael K. Williams et Jamie Hector (Marlo) sont bien réelles.

Si Hector ne s’est jamais confié sur la balafre qui lui traverse la joue, Williams a révélé que sa blessure au front lui avait été infligée à coup de rasoir lors d’une bagarre à la sortie d’une soirée.

31. Bien qu’il n’ait jamais manqué un jour de tournage, ni même été une seule fois en retard de toute la saison 3, Michael K. Williams a avoué avoir été durant toute cette période addict à la cocaïne.

32. Gbenga Akinnagbe joue deux rôles différents dans la série : avant de prêter ses traits à l’impitoyable Chris Parlow, il peut auparavant être brièvement vu grimé en policier au tribunal dans une scène où il faisait de la figuration.

33. Si Randy Wagstaff qui à la fin de la saison 4 termine dans un foyer après le décès de sa mère adoptive et Cheese Wagstaff (Method Man) partagent le même nom de famille ce n’est pas un hasard : le second est le père biologique du premier.

L’information a été confirmée en personne par David Simon qui a malheureusement dû abandonner cette piste lorsque le nombre d’épisodes de la saison 5 a été réduit de 13 à 10.

34. Autre arc narratif laissé de côté : le passé trouble du lieutenant Cedric Daniels.

Modèle d’intégrité et d’ambition, il est plusieurs fois sous-entendu que par le passé il se serait laissé corrompre, notamment lorsque le divisionnaire Burrel le menace de révéler au grand jour ses sources de revenus inexpliquées lorsqu’il travaillait pour la DEA.

35. Avec 58 apparitions en 60 épisodes, Daniels est le personnage le plus vu au générique de la série.

36. Dans la saison 5, plusieurs vrais journalistes du Baltimore Sun peuvent être aperçus au sein de la fausse rédaction du Baltimore Sun. David Simon y est également allé de son caméo dans le tout dernier épisode où il apparaît dans la salle de rédaction.

37. Porté aux nues par les rappeurs, The Wire est évidemment ultra référencé dans leurs textes, au point qu’il fut un temps où rares étaient les clips dans lesquels n’apparaissaient pas un acteur de la série.

Idris Elba a ainsi été invité par Fat Joe (All I Need) et Angie Stone (I Wanna Thank Ya), Hassan Johnson (Wee-Bey) par Jay Z (Anything), 50 cent (Just A Lil’ Bit) et les The Roots (Break You Off), Andre Royo (Bubbles) par Nas (Be a Nigger Too), Cam’ron (Lord You Know) et Freeway (What We Do), Wood Harris (Avon Barksdale) par Common (Testify) et Kanye West (Through The Wire), Anwan Glover (Slim Charles) par Rick Ross (The Boss), Raheem DeVaughn (Guess Who Loves You More) et Lil Mo (Dem Boyz), J. D. Williams (Bodie Broadus) par Fabolous (Breathe) et Lumidee (Never Leave), la liste est sans fin

38. Du temps de sa diffusion, The Wire n’a jamais été considérée de près ou de loin comme un succès. Outre le fait que la série n’a jamais remporté le moindre Emmy Awards (en parallèle Two and a Half Men/Mon oncle Charlie en a obtenu neuf…), les audiences étaient confidentielles : là où les tous derniers épisodes des Soprano ou de Breaking Bad ont réunis plus de 10 millions de téléspectateurs, -30- en comptait un petit million à peine.

HBO avait d’ailleurs officiellement annoncé l’annulation de la série à la fin de la saison 3 avant de revenir sur sa décision, puis d’envisager à nouveau de clore les débats après la saison 4.

39. Dans l’hypothèse où The Wire aurait été prolongée d’une saison, David Simon aurait souhaité déplacer l’action dans les quartiers latinos du Southeast Baltimore afin d’explorer le thème de l’immigration, « un sujet source incroyable de frictions et d’idéologie ».

40. Aussi réaliste que soit The Wire, il est important de savoir que David Simon n’est absolument pas neutre politiquement et que la série présente un point de vue.

Proche de l’aile gauche du parti démocrate, il a été critiqué par de nombreux acteurs locaux (politiques, syndicats de policiers, associations de terrain, certains de ses anciens collègues…) pour le pessimisme de son propos et sa critique jugée peu trop systématique des institutions au détriment de la responsabilité individuelle.

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