Largement débattu, l’arrêt de la possibilité de partager son compte Netflix pourrait bien entraîner la chute de la plate-forme.
Netflix, un entêtement qui pourrait coûter cher
Attendue pour débarquer en France dans les prochains mois, l’interdiction du partage d’un compte Netflix aura suscité de vives réactions. Si à l’heure actuelle, peu de pays sont concernés par cette mesure pourtant utilisée dans le monde pas plus de 100 millions de personnes – ce qui représente un manque à gagner évident pour la plateforme -, rappelons qu’elle consiste à limiter le partage d’un compte aux personnes d’un même foyer, en sachant que chacun des appareils connectés au service devra se connecter à Netflix au moins une fois tous les 31 jours, en passant par le réseau Wi-Fi relié au compte détenteur.
Un projet peu populaire, qui pourrait de l’avis de Kean Birch, directeur de l’Institute for Technoscience & Society à l’Université de York, littéralement couler le service ! Dans une tribune, l’homme se demande si après la fin du partage de compte, « cela vaut-il encore la peine de payer cet abonnement ? Ce changement soulève également des questions plus larges. Plus précisément, il s’agit de savoir si les modèles économiques et les stratégies de monétisation des entreprises numériques comme Netflix sont viables à long terme. Netflix tente désespérément de trouver de nouveaux moyens de générer des revenus, car les craintes liées à la stagnation de la taille de sa base d’utilisateurs ont fait frémir ses investisseurs. En effet, les inquiétudes liées à la croissance des revenus et des bénéfices ont un impact particulièrement dramatique lorsque votre modèle économique repose sur l’augmentation du nombre d’utilisateurs. »
Laissant flotter l’idée que Netflix serait désormais arrivé « à un point où il sera difficile d’attirer davantage d’utilisateurs sans dépenses importantes » et que la plateforme puisse être potentiellement « arrivée à saturation », Birch souligne que « Netflix produit des programmes d’ampleur afin d’attirer de nouveaux utilisateurs et fidéliser les utilisateurs existants, souvent en encourageant […] le binge watching. » Ce qui « signifie que les contenus les moins regardés finissent évidemment par être annulés » et que « par conséquent, Netflix est confronté à un cycle autodestructeur ».
La conclusion est sévère et pointe vers un scénario catastrophe pour la plateforme : « Enfin, une portion croissante des utilisateurs de Netflix fait des allers-retours entre plusieurs sites de streaming, ce qui signifie qu’ils n’ont pas la même capacité de binge-watching des contenus, ni le désir d’investir dans le visionnage de programmes qui seront rapidement annulés. Ils commencent donc à résilier leurs abonnements. On se retrouve avec une base d’utilisateurs en déclin et des coûts en hausse, et une entreprise qui meurt progressivement. »
