Rencontre avec le groupe de Cergy, à l’occasion de la sortie du projet « C.P.D.R. »
Au fil des ans, le game a pris plusieurs formes, jusqu’à devenir aujourd’hui le reflet d’une génération sans frontières. Musicalement, plus aucune hésitation lorsqu’il s’agit de faire dans des sons ambiançants, chacun assume ses influences et ses envies.
Une manière de faire qui colle à celle de la Zdrid Family pour qui tout est allé très vite. Un groupe qui a su unir ses forces et proposer un premier clip comme un gros buzz sur la toile, Mojito. Venu de Cergy (95), le trio composé de Willco, Dende et Didims a passé une première étape avec un projet en bonne et due forme, l’EP C.P.D.R Volume 1, pour « ça part de rien ». Un titre qui résume la mentalité d’artistes qui sont passés nous voir chez Booska-P…
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Un groupe sans prise de tête
Le commencement de l’histoire est très simple pour nos trois gars, ils se connaissent et se suivent depuis pas mal d’années déjà. Tout a débuté au collège, avec une entrée en sixième, bien loin des clips, des séances de studio et autres passages sur scène. Malgré le temps qui passe, la bande reste soudée grâce à des liens forts, sans que la musique ne vienne pimenter son quotidien. D’une même voix le groupe nous éclaire sur ses débuts : « On ne se disait même pas qu’on allait faire de la musique ensemble. On traînait, on travaillait, la musique, c’est venu bien après, comme sur un coup de tête. »
Désormais au Lycée, l’idée est claire, lancer une aventure ensemble, juste pour le kiff. Ici, personne ne prend le micro pour se la raconter en solo, mais bien pour se mettre au service du collectif : « La musique, personne n’en faisait chacun de son côté, c’est venu comme ça en groupe. L’idée première c’était d’essayer de sortir une vidéo et on y est arrivé. Cela a marché donc forcément, on s’est dit qu’on pouvait aller encore plus loin. Le but, c’est d’essayer de kiffer un maximum, sans même espérer le buzz. On ne savait pas que les choses allaient se passer comme ça. Si les gens apprécient, c’est tant mieux. » Aujourd’hui, au regard du compteur des vues YouTube qui ne cesse de croître, force est de constater que le procédé a fonctionné.
Le but, c’est d’essayer de kiffer un maximum, sans même espérer le buzz. On ne savait pas que les choses allaient se passer comme ça
L’heure du professionnalisme est donc arrivée pour Willco, Dende et Didims qui jonglent encore aujourd’hui entre les cours et les diverses activités liées au métier d’artiste. Néanmoins, cela ne fait pas peur à nos rookies qui s’avèrent organisés et sûrs de leurs forces : « Les emplois du temps changent forcément. Tu peux rater quelques heures de cours, mais après, on n’est pas du genre à tout sécher. Il faut s’organiser, aménager notre agenda, décaler certaines choses. C’est une question d’adaptation ». Reste donc à faire corps avec une nouvelle réalité, qui ne va pas sans quelques blagues de leurs camarades de classe : « En vérité, c’est plutôt tranquille. C’est du style « oh les stars » (rires) ! Au lycée, ça se passe plutôt bien, toujours dans une bonne ambiance. »
La volonté de parler à tous
Du côté des sonorités la Zdrid est une famille qui regroupe des influences venues d’ailleurs. Lorsqu’on demande à nos rookies ce qu’ils écoutent, tout y passe. De la crème du rap français (PNL, Booba, Damso, Ninho), jusqu’au rap américain en passant par la musique congolaise… Faire un mix de ces genres-là, voilà le propre d’une team qui cherche également à faire tomber quelques frontières en rendant hommage à leurs racines : « Les musiques du pays, ça ne change pas, on en écoute toujours. Tu peux retrouver ça dans nos sons, ça fait partie de nos origines, de notre culture. On vient du Congo, donc faut représenter ce côté-là. Quand t’arrives à retranscrire ça, c’est que t’as gagné ton pari. »
S’ils se refusent pour l’instant à aller dans des morceaux trop trap pour privilégier un style plus ouvert, il n’écartent pas l’idée à l’avenir : « Aller vers des morceaux plus rap ou plus trap, on l’a déjà fait. Mais ce sont des titres plus fermés, pas forcément ce que tout le monde écoute. Nous, on se sent aujourd’hui à l’aise avec des sons ouverts et peut-être que par la suite, on tentera quelque chose d’autre. » Leur volonté est de progresser pas à pas et de ne pas griller les étapes. Ainsi, l’attention est avant tout portée aux refrains : « Sur les refrains, il faut frapper fort, il faut entrer dans la tête des gens. C’est grave important pour nous, c’est la première chose qu’on travaille. Il faut qu’on le bosse pour qu’il soit le plus pertinent possible avant qu’on s’attaque aux couplets. »
À la base, on représente plus notre quartier que Cergy. Notre quartier, on l’appelle la Zdrid, d’où le nom du groupe
Une envie de plaire et de parler à tous qui se retrouve dans des sonorités ambiançantes à souhait, mais aussi dans leurs textes. Dans l’egotrip, mais jamais clivants, les titres du groupe font la part belle à l’ambition de nos lascars, peut-être plus qu’à leur département, contrairement à ce qu’on retrouve habituellement : « À la base, on représente plus notre quartier que Cergy. Notre quartier, on l’appelle la Zdrid, d’où le nom du groupe. Mais au final, on tient à parler à tout le monde, pas forcément de notre quartier ou de notre ville. Tant que ça peut toucher du monde, c’est tant mieux. »
L’EP, une première étape
Le projet C.P.D.R constitue donc la première marche d’un groupe jeune, mais déterminé. Depuis leur début et le buzz propovoqués par leurs différents clips, rien n’a cependant changé dans les têtes des membres de la Zdrid Family. Notamment grâce à une socle familial important : « Le titre de l’EP veut tout dire, on ne part de rien. On se montre tel quel, on ne joue pas un rôle. Si tu donnes une image, je ne sais pas si le public te suit. Nos familles sont fières de nous et nous poussent. On nous pose souvent des questions sur nos morceaux, ils nous demandent de regarder nos clips… ça nous aide à avancer. »
Pour réaliser l’opus, on retrouve des têtes bien connues du beatmaking comme DSK ou S2KEYZ. Un apport non négligeable pour un apport impactant, qui a amené Willco, Dende et Didims à faire plus attention à certains détails. À noter également, la présence de Moums sur le titre Tout donner, un amateur de sons ambiançants autre membre d’une nouvelle génération sans complexe : « Moums, c’est un gars pas loin de chez nous, donc ça c’est fait facilement. Lorsqu’on enregistrait, il était au studio avec nous. Il a donné quelques idées pour un son, du coup on l’a dédicacé dans le refrain. Au final, on s’est dit que c’était bête de ne pas l’inviter. Le featuring s’est fait comme ça, naturellement. On a posé dans une bonne ambiance. »
On se montre tel quel, on ne joue pas un rôle. Si tu donnes une image, je ne sais pas si le public te suit.
Autre marche déjà franchie par le trio, celle des concerts. Le 29 octobre prochain, la Zdrid débarquera en effet sur la scène du Cabaret Sauvage pour la soirée Les Tremplins, à l’initiative du champion du monde Blaise Matuidi. Aux côtés de Dadju, Vegedream, Nej’ ou encore Franglish, ils performeront pour une association. Pas de quoi leur mettre la pression : « On attaque une scène avec pas mal de gros noms, c’est vrai qu’on remarque une différence. On peut voir comme ils agissent sur scène, comment ils travaillent, pour mieux s’en inspirer. La pression, on ne l’a pas forcément, car on a déjà fait le Zénith de Lille grâce à Rio Mavuba et à son association. »
Observer, bien bosser et continuer à progresser, voilà les maîtres-mots d’une famille aussi déterminée que soudée…
