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Take A Mic, encore et toujours en avance [PORTRAIT]

Take A Mic, encore et toujours en avance [PORTRAIT]

Le rappeur se présente sous un autre jour dans son nouvel album.

En groupe comme en solitaire, Take A Mic sait comment se démarquer. Il l’a prouvé avec les sorties respectives de ses quelque huit projets et sa série de freestyles Strict Minimum. Il comptera d’ailleurs s’imposer de nouveau ce vendredi 29 juin avec la sortie de son album Avant-Gardiste. Rencontre avec un artiste amusant et sûr de lui.

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Le rap ou rien

Connu pour sa technique impressionnante et sa capacité à kicker rapidement et incisivement sur la plupart de ses morceaux, Take A Mic est aujourd’hui salué et reconnu dans tout l’Hexagone pour son talent. Il est donc intéressant de savoir depuis combien de temps ce dernier s’intéresse à la musique et depuis quand il expérimente le rap. Tout s’explique lorsqu’on apprend que l’artiste résidant du Val-de-Marne a rédigé ses premiers textes dès l’âge de 12 ans après avoir un temps « amusé la galerie » avec des clashs.

N’ayant eu aucun moyen matériel pour produire sa propre musique de chez lui, il fait rapidement une rencontre qui va lui permettre de mettre un premier pied dans le domaine où il souhaite s’épanouir : « Je n’avais pas d’ordinateur à la maison donc c’était compliqué pour faire du son, mais un jour j’ai croisé un de mes voisins qui faisait de la musique et qui avait un groupe qui s’appelait Section X. Il avait un home studio chez lui et il m’a proposé de passer. C’est là que j’ai enregistré mon premier morceau. » Electron libre, Take A Mic a parcouru l’Île-de-France et a pu rapper avec de nombreux autres artistes depuis ses débuts avant de sortir son premier projet en solitaire en 2012 : Mauvaises Habitudes vol.1.

Quand le rap m’a piqué, j’ai tout lâché

C’est surtout la scène américaine qui a su toucher cet artiste qui semble savoir parfaitement où il veut aller et la route à emprunter. Ainsi, il cite Pusha-T parmi ses plus grosses inspirations, mais également Nas, G-Unit et « tout un tas d’inspirations ». C’est finalement vers l’âge de 13 ans qu’il commence à s’intéresser au rap français avec qui il entretient des liens très étroits aujourd’hui. Des liens tellement forts que le rappeur a décidé de tout plaquer pour s’y consacrer pleinement : « Je n’étais pas du tout bon élève à l’école, j’ai arrêté les cours en seconde je crois, même si je séchais tous les jours depuis la classe de quatrième. Niveau scolaire, j’étais zéro. Quand le rap m’a piqué j’ai tout lâché, l’école, le foot, tout. »

Take A Mic, une identification évidente

Indéniablement, la musique de Take A Mic se démarque de tout le reste et a le mérite d’en avoir scotché plus d’un sur leurs sièges. Pourtant, ce n’est pas l’unique notion remarquable du rappeur, qui cultive un goût tout particulier pour la mode et son image.

Depuis l’enfance, Take A Mic baigne dans une famille qui apporte du soin à ses tenues et qui lui transmet ainsi son goût pour le style. Bien se saper et porter des items parfois rares et recherchés, c’est donc loin d’être nouveau pour lui. Agacé lorsqu’on lui demande si cela est devenu passion, Take explique surtout que c’est « naturel » et qu’il ne « se casse pas la tête ». D’ailleurs, il semble surtout se creuser le cerveau pour son image d’artiste plus généralement.

L’image est super importante car elle définit le personnage de l’artiste, ses goûts, son public

Pour le rappeur d’Orly, l’image occupe donc une place essentielle dans sa carrière, tout comme ses nombreuses et distinctives coupes de cheveux : « L’image, c’est super important parce que ça définit la personnalité de l’artiste, son personnage, ses goûts, son public, quel type de personne il va attraper et comment il va réussir à le faire. Mes coupes de cheveux du coup c’est pas forcément par rapport à mon image, c’est plus parce que mes deux parents sont coiffeurs et pendant très longtemps, je n’y touchais pas. Un jour, j’ai commencé à faire des couleurs et les gens dans la rue m’identifiaient plus facilement. J’ai fait du rouge, du blanc et du rouge, du bleu, du rose, j’ai tout fait et à chaque fois les gens me reconnaissaient par rapport à ça. Par exemple, quand je suis arrivé avec la première couleur, j’étais un extra-terrestre. Aujourd’hui, c’est limite si le mec qui n’a pas de couleur est dépassé… »

Même lors de sa performance dans l’émission de Fianso, Rentre Dans le Cercle, Take A Mic n’aura rien fait comme les autres et aura su apporter une touche de fraîcheur au rap jeu. Une prestation de nouveau saluée par bon nombre de spectateurs du show, malgré le fait que le rappeur ait connu quelques péripéties avant de passer sur le ring : « J’étais en train d’enregistrer mon album en même temps, j’avais souvent le casque sur les oreilles donc la veille de l’émission, je décide de les nettoyer et je me fais un bouchon dans chaque oreille. Du coup, j’ai performé avec mes bouchons et j’ai tout déchiré, les gens ne savaient pas que j’étais uniquement sur les basses et que je n’entendais rien du tout, même quand Fianso me parlait. » Encore une fois, le kickeur arrive surtout comme personne et s’impose avec son attitude : « C’est lourd, parce que même dans un programme comme Rentre Dans le Cercle, j’arrive à ramener un concept, tout seul avec un chien, une doudoune qui fait parler, une couleur qui fait parler et puis voilà… »

L’artiste décide de s’ouvrir avec « Avant-gardiste »

Une chose est sûre : Take A Mic risque de nous surprendre avec son nouvel album Avant-Gardiste, dans lequel il compte s’ouvrir à de plus larges univers et à des sonorités plus accessibles. Un travail de fond, comme de forme, qui se dévoile avec une cover intrigante.

Véritable aboutissement, le nouveau projet de Take A Mic se présente par une cover photoshopée et travaillée, qui laisse perplexe. En réalité, tout l’album physique est un Work In Progress représentant ainsi l’évolution du rappeur dans la sphère musicale. Avec un labs de temps de 48h pour rendre la fameuse couverture de l’opus, Take a dû faire les choses efficacement, mais surtout rapidement, que ce soit pour le shooting ou pour le choix des images, effectués en une journée complète. Le petit livret présent dans l’album représente donc l’évolution de la sélection des photographies, commençant par un tri de « 20 photos », jusqu’à « 10 » pour enfin finir sur la seule et l’unique. Finalement, toutes ces images servent à « habiller » la réalisation et aucune n’a été jetée : « Je trouve que c’est assez représentatif de toute ma carrière, avec une première mixtape comprenant beaucoup de phases B, la deuxième où j’écrivais beaucoup mieux et où je parlais d’autre chose. Ensuite, il y a eu Résolution, Conviction, Evolution, Bipolaire, Boite Noire et donc Avant-Gardiste et Strict Minimum, si on peut considérer ça comme un projet. »

J’ai simplifié mon rap et ma musique pour faire en sorte que tout le monde comprenne directement où je veux en venir

Musicalement parlant, même si Take A Mic a l’habitude de proposer au moins un morceau ouvert sur chacune de ses réalisations, avec Avant-Gardiste, le rappeur montre une nouvelle partie de sa musique et de sa personnalité. Pour lui, cela passe surtout par une simplification d’écriture : « Je n’ai pas forcément fait quelque chose de différent avec ce nouvel album parce qu’il y avait toujours un titre ouvert dans chacun de mes projets. Comme souvent, avant de rentrer en studio pour produire l’album, j’avais beaucoup de retours me disant que Take A Mic c’est bien, mais c’est parfois trop complexe, trop dur à retenir, du coup j’ai simplifié mon rap et ma musique. J’ai fait en sorte que tout le monde comprenne directement là où je veux en venir. »

Pas de featurings pour Avant-Gardiste, malgré la volonté de Take A Mic à inviter certains MCs sur son opus : « J’ai frappé à quelques portes pour faire des featurings dans cet album, mais c’était un peu sceptique en face donc j’en ai parlé à mon entourage et j’ai foncé tout seul, comme le single de l’album qui tourne en ce moment. J’en suis très satisfait. » Choix stratégique, le premier extrait de l’album comporte donc un refrain entêtant et presque chanté qui vient contraster avec les précédents freestyles bouillants que l’artiste avait livré : « J’ai décidé de sortir Tout seul en premier parce que je sortais d’une série de freestyles. Il fallait que j’arrive avec un morceau plus ouvert mais pas directement un titre typé Fun Radio alors que ça fait deux mois que j’envoie des freestyles avec plein d’insultes, plein de technique et qui ne s’arrêtent pas pendant huit minutes. »

Pour Take A Mic, Avant-Gardiste est donc le moyen d’élargir son public et d’offrir un contenu différent à sa fidèle fanbase. C’est aussi et surtout une sacrée prise de risque : « Avant-Gardiste est beaucoup plus musical et il y a beaucoup plus de travail que sur les précédents projets. Il y a une prise de risque et c’est un cap au dessus pour moi. Je pense que beaucoup de titres peuvent passer en radio et peut-être passer sur certaines chaînes à la télé, ce n’est pas forcément quelque chose qu’on avait avant sur les projets précédents. Là, t’as le choix d’écouter ce que tu veux. »

Crédits photos : Antoine Ott.

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