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Souli, un rappeur dans les starting-blocks [INTERVIEW]

Souli, un rappeur dans les starting-blocks [INTERVIEW]

Rencontre avec le rappeur à l’occasion de la sortie de sa mixtape « Start ».

Crédits Photos : Antoine Ott

Originaire du 93, Souli est de ceux qui font résonner le département d’une autre manière. Ici, pas de drill, une pincée de trap, des flows à l’ancienne, une image travaillée, mais surtout une passion sincère pour le hip hop. Passé plutôt jeune par la case studio, il témoigne aujourd’hui d’une certaine technique pour faire passer ses sentiments. Polyvalent, le bonhomme transporte même avec lui une solide expérience en tant que batteur… A l’aise sur tous les tableaux, il a livré tout récemment Start, une tape personnelle et technique sur laquelle on fait le point en entretien !

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On va commencer par ton style. On a l’impression que tu arrives à moderniser certaines influences old school.

J’ai du mal à définir mon style ou à me mettre dans une case, car je suis vraiment un touche à tout. Je peux aller dans pas mal de directions différentes. On va dire que ce que j’aime, c’est la musique dans sa globalité. C’est ce qui est lourd avec le hip hop, c’est un mélange de plusieurs styles. Quand tu veux toucher à plusieurs genres musicaux, avec le hip hop, t’es servi ! Donc je n’ai pas vraiment de définition, je vais juste là où ça me plaît, là où ça me parle.

Au niveau des feats, t’as justement fait appel à des artistes qui sont un peu hors de ton univers. C’était une volonté de vouloir montrer que tu pouvais toucher à tous les styles ?

Il y a un peu de ça ouais, ça m’intéressait d’avoir des gens pas forcément dans mon délire. L’univers d’un artiste, ça a peu d’importance si le feeling est bon, car grâce à ça tu vas toujours arriver à faire un bon titre. Moi je pense que poser avec des personnes différentes, c’est une vision intéressante. Dès qu’on m’a fait écouter Diddi Trix, je me suis dit qu’il avait un vrai délire. Il fallait essayer de faire un truc ! On s’est retrouvé plusieurs fois en studio et on n’était pas forcément heureux du premier titre enregistré. Du coup, on a bossé pour le second, LSOLA, et on se complète bien ! On a cherché à accorder nos voix pour faire un titre mortel.

Tu peux nous parler de tes autres featurings ?

Il y a Hayce Lemsi, c’est un mec que j’écoute depuis très longtemps. Il y a un planète rap de lui avec Volts Face, Sadek et Fababy que je me repasse tout le temps, où il découpait la prod grave ! Quand on s’est retrouvé en studio et c’est finalement lui qui m’a proposé une prod’ et il a même trouvé une partie du refrain… On a fait de la bonne trap, ça envoie (rires), c’était le but ! Avec mes amis beatmakers du 140 squad, lorsqu’on a conceptualisé le projet, l’idée d’inviter Lartiste s’est imposée. Je suis fan de ce qu’il fait, c’est quelqu’un qui a un nom dans le milieu. Au final, le feeling est super bien passé et tout a découlé tout seul. La prod’ d’Equinox avait un groove, c’était un défi pour moi de poser là-dessus, mais c’est aussi ce qui est amusant.

J’ai l’impression de mieux m’exprimer dans mes textes que face à quelqu’un

On peut dire que tu fais preuve d’une vraie polyvalence dans ton projet.

C’était une de mes optiques, ne pas me restreindre à un seul style. J’aime le côté large du hip hop et je voulais vraiment le retranscrire dans le projet, avec notamment des productions de toutes les couleurs. J’ai enregistré une cinquantaine de titres et on en a gardé 15, car ce sont ceux qui gardent une ligne vraie ligne directrice malgré leurs différences.

C’est donc un projet qui te ressemble, avec beaucoup de thèmes différents : l’amour, la tristesse, les moments plus cools…

J’ai l’impression de mieux m’exprimer dans mes textes que face à quelqu’un. C’est vraiment un exutoire pour moi. C’est primordial dans mon rap de dire des choses que je ressens, car de une je kiffe, et de deux car ça me fait du bien quand je le fais. Les meilleurs titres, ce sont qui sont les plus authentiques, les plus vrais. Les auditeurs arrivent à le sentir directement. Quand c’est sincère, tu t’y retrouves en tant qu’auditeur, mais aussi en tant que rappeur, car avec la langue française tu peux vraiment te permettre de jouer avec un tas de mots.

Tu es un des rares aujourd’hui en interview qui parle plus de Hip Hop que de rap… C’est un mot de passionné.

Totalement (rires) ! Je considère que le délire du hip hop va au-delà de la musique, c’est une espèce de mentalité. Tu as ce délire autour de la globalité qui peut t’amener vers plein de styles musicaux différents, de manières de penser, d’optiques, etc. Je trouve que finalement on retrouve ça quand on parle de rap en général aujourd’hui, car il y en a pour tous les goûts. Pour moi, c’est le style de musique le plus riche qui existe car tu peux avoir des sonorités trap, jazz, drill, soul…

Le rap, c’est le style de musique le plus riche qui existe

D’où te vient cette passion pour le hip hop justement ? Comment tu as commencé le rap ?

Plus jeune, je n’étais pas dans le rap français, j’étais très branché rap cainri. J’étais en kiff sur le flow, mais je ne pensais même pas à écrire. Après j’ai toujours baigné dans la musique au sens large, vu que je jouais de la batterie. C’est avec des trucs comme Rap Contenders que j’ai kiffé le côté français du peu-ra, ça envoyait de la bonne punchline, de la répartie, le tout avec un côté théâtral. Après ça, j’ai commencé à gratter en écoutant beaucoup Youssoupha. C’est un artiste qui m’a influencé dans la manière de poser ma voix. Au final, un grand a kiffé ma musique et m’a ramené en studio. Là, j’ai accroché direct avec cette ambiance : les backs, les travaux sur la voix… J’ai foncé tout droit sans me poser de questions, ni avoir une attente particulière.

C’est un premier pas plutôt cool !

Avant même de freestyler, j’ai eu la chance d’avoir ce grand-là qui a pris un peu de temps pour moi. J’avais 14-15 ans, j’étais curieux, j’avais la dalle et il m’a dit « vas-y, je t’emmène ». Ma première vraie approche avec le rap, c’est le studio, donc ouais, c’est une chance.

Est-ce qu’à cette époque tu t’imaginais sortir un jour ton propre projet ?

Pas du tout car à cette époque-là, j’étais encore à l’école, je n’allais pas dire à mes parents que je voulais vivre du rap. Ce n’était pas du tout dans mon optique. J’aimais juste le côté scénique de la batterie et je m’imaginais gagner ma vie grâce à ça, faire des concerts, etc. Dans le rap, j’ai eu le déclic bien plus tard. C’est venu avec les gens qui m’ont dit que je pouvais proposer quelque chose de sérieux, ça m’a motivé à me lancer.

J’aimais juste le côté scénique de la batterie et je m’imaginais gagner ma vie grâce à ça

Est-ce que jouer de la batterie a pu t’aider à progresser plus vite dans le rap ?

Carrément. J’ai commencé avec des facilités au niveau des temps, des mesures, de la rythmiques… Ce sont des choses déjà apprises auparavant. Je savais que mes rimes, j’allais les poser à chaque fin de mesure, c’était logique pour mois. Cette petite sensibilisation que j’ai à la musique, elle m’a été favorable pour toute la suite. Quand j’ai commencé mes freestyles sur les couleurs, j’étais tout seul. C’est après ça que 140 Squad le label où je suis aujourd’hui signé a kiffé mon délire. On s’est vite entendu et on a commencé à bosser ensemble, on a rencontré les bonnes personnes et ça m’a permis de nous développer. On a pris le temps, car le but c’était de finir par dévoiler un projet abouti. C’est une fois arrivé chez Sony qu’on a été prêt à envoyer la mixtape. La patience a été un maître mot. Je suis fier de ce projet car il me correspond, je ne voulais pas tomber dans un délire frustrant avec des titres que tu veux laisser de côté au final.

Finalement, après la crise du coronavirus, comment tu te sens au moment de la sortie de Start ?

Je suis grave heureux car c’est un projet sur lequel on a beaucoup travaillé. Il y a toute une équipe derrière, notamment des beatmakers comme Kore, Kezah, Jack Beats et des rappeurs comme Hayce Lemsi, Lartiste, Diddi Trix… C’est un projet qu’on juge abouti et sur lequel on s’est bien pris la tête donc là, c’est que du kiff car je suis trop content de le faire écouter à tout le monde. Le coronavirus, c’est dommage car on a envoyé nos premiers singles pendant cette période, mais c’est comme ça, on ne peut rien y faire. Là, ça ne sert à rien de se torturer l’esprit avec ça… On arrive avec le sourire !

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