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Roms, le nouvel « Humain » du game [PORTRAIT]

Roms, le nouvel « Humain » du game [PORTRAIT]

Rencontre avec le rappeur à l’occasion de la sortie de son premier projet.

Une voix robotique, un appétit pour les mélodies travaillées et une capacité folle à jouer de son image. Voilà comment on pourrait présenter Roms, jeune Parisien devenu l’une des belles promesses de la sphère rap avec une musique inédite. A l’occasion de la sortie de son EP Humain, prévue pour le 4 mai, on a pu recevoir le jeune homme dans nos locaux. Un artiste mystérieux qui s’est laissé aller à quelques confidences…

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Un artiste à contre-courant

D’emblée, une question se pose, mais qui est vraiment Roms ? Adepte du verrouillage sur les réseaux sociaux, le rappeur ne partage pas sa vie sur la toile comme de nombreux autres de ses illustres collègues. Chez lui, peu de longues interviews, peu d’apparitions médiatiques et pas de snaps controversés. Le bonhomme préfère savamment maîtriser son art et cultiver sa discrétion : « En tant qu’auditeur, je préfère quand il y a un peu plus de mystère lorsque je me renseigne sur un artiste. Je trouve que c’est mieux quand l’auditeur s’imagine plein de trucs ».

Médiatiquement, il refuse l’idée de « tout verrouiller », mais fait avec une communication presque inédite à l’heure où les réseaux sociaux ont pris le pouvoir : « Je ne trouve pas ça hyper frais d’être constamment surexposé. Que tu fasses de la musique ou pas, les réseaux sociaux, c’est le truc du moment ».
Au moment de débarquer dans le rap, il a proposé sa propre version de l’autotune, utilisant la chose en poussant le délire jusqu’au bout, criant à volonté. Il reconnaît d’ailleurs qu’il ne se rendait pas « compte que c’était spécial à ce point » et préfère aujourd’hui être plus naturel, quoi que tout aussi robotique.

En tant qu’auditeur, je préfère quand il y a un peu plus de mystère lorsque je me renseigne sur un artiste

Discret sur les réseaux, mais puissant sur ses sons, Roms fait avec ses règles. Ici pas de buzz mal orchestré ou autre, seule la musique et ses clips parlent. Résolument moderne, son rap peut trouver des similitudes avec ce qu’on peut croiser au Maroc ou en Italie. Le Parisien n’hésite pas à livrer des noms : Capo Plaza, Shayfeen et le Dark Polo Gang sont classés au rayon de ceux qui le font kiffer en ce moment. C’est donc désormais le moment pour lui de se faire entendre, comme ses homologues qui cartonnent hors de nos frontières. Sa nouvelle productivité en 2018 ? « C’était voulu, nous répond-il. J’ai enclenché la seconde. Sur mes premiers clips, forcément moins professionnels, les retours étaient plutôt cools… Du coup, ça m’a fait cogiter et j’ai commencé à penser à une stratégie. Maintenant, il faut monter les marches petit à petit ».

Roms ouvre un nouveau chapitre

Avec le projet Humain, Roms se lance véritablement dans le grand bain du rap game. Un opus comme une carte de visite, qui met en lumière un rap atypique, mais sur lequel notre artiste ne préfère pas se prendre la tête. En effet, lorsqu’on le questionne sur son style propre, il préfère mettre en avant son amour de la musique au sens large ou du bon mot : « Quand j’écoute un artiste qui fait de la trap, ce n’est pas essentiellement pour la trap, mais plus pour ce qu’il dit. Jul peut rapper dans plein de styles différents, on écoute quand même. Les genres musicaux, ça ne veut pas dire grand chose. On peut dire que je fais du rap, rien que ça, c’est déjà une case ».

Face aux cases, il la joue à l’instinct, misant sur une musique plus mélodieuse qu’à ses débuts, comme on a pu l’écouter sur Je t’aime encore mon amour, son premier titre de l’année « On travaille avec des yaourts et puis après je pose mes textes en fonction de ça. Au studio, je vais limite arriver en impro. Je me suis rendu compte que plus je me cassais la tête, moins ça rendait bien. Je préfère quand c’est instinctif, même si en un sens, la rime est moins bien faite ». Roms fonctionne toujours à l’instinct, ce qu’il ne l’empêche pas de devenir un androïde une fois dans le studio : « Le délire de la voix robotique, c’est un truc qui m’a marqué avec Ademo de PNL. Quand il crie avec l’autotune, c’est plus que de la musique. C’est ça être un nouvel humain. Avoir une identité propre, c’est ce qui compte, il faut cultiver ça ».

Le délire de la voix robotique, c’est un truc qui m’a marqué avec Ademo de PNL. Quand il crie avec l’autotune, c’est plus que de la musique. C’est ça être un nouvel humain

Une identité propre, qu’il a donc pu cultiver sur des productions signées Guilty, Eazy Dew, ou encore Dreamcut, le tout dans des ambiances particulières, comme l’explique Roms : « On a pioché un peu partout. Moi, je ne réalise pas mes prods, mais je sais qu’on peut faire des trucs terribles avec peu de notes. Par exemple, Bad Bunny, une immense reusta, a fait un super morceau avec seulement deux notes ». Dans un sourire, le rappeur nous prévient. Encore motivé à l’idée d’expérimenter, il prépare activement la suite : « Après ce projet, il en y aura sûrement un autre. Peut-être que je ne me suis pas encore trouvé entièrement. Mais le jour où ça arrivera, on va appuyer sur le bouton, ça va faire mal (rires) ».

La science de l’image

https://www.youtube.com/watch?v=ALY9y6ACTNc

Ce proche d’Aladin 135 du Panama Bende, « un vrai pote », comprend son rap comme une oeuvre complète, dans laquelle il mêle son et image. Pour lui « la personne qu’on remarque le plus, ce n’est pas celle qui rappe le mieux, mais celle qui a le meilleur directeur artistique ». Et si « tout va ensemble maintenant », cela ne dérange pas Roms le moins du monde : « J’aime autant rapper que gérer mon image. Je mets les deux au même niveau. Aujourd’hui, c’est devenu du 50/50, mais en vrai j’ai toujours aimé ça. Les sapes, l’image des gens, la personnalisation… C’est sûr que j’ai une envie de me démarquer. Je fais selon ce que j’aime. Si à la fin ça plaît et ça se différencie des autres, c’est tant mieux ».

S’il trouve qu’en France, « on n’exploite pas forcément la vidéo à fond », cela s’explique par son histoire familiale. Roms fait confiance aux siens, son père et son frère, pour des clips originaux, comme Ce Soir, tourné dans le désert : « Je travaille avec mon frère. Il a quatre ans de plus que moi et me conseille, on essaye de tout peaufiner au maximum. On fait tout ensemble, on regarde les mêmes clips, les mêmes films… On se dit qu’on a toujours un truc à faire. Pareil avec mon daron, il me montre des films depuis que je suis petit, c’est vraiment ma deuxième passion. Je ne suis pas sûr que rap et cinéma fassent un si bon ménage, mais c’est bien d’apporter quelques touches ».

J’aime autant rapper que gérer mon image. Je mets les deux au même niveau. Aujourd’hui, c’est devenu du 50/50

Loin d’être un rappeur à la belle gueule qu’on réduirait à ses cheveux bouclés, Roms propose un rap à la fois moderne, robotique et mélodieux. Un délire dans lequel l’image garde donc une énorme place. Parisien bien dans son époque, il y a fort à parier qu’il fera sérieusement la différence dans les mois à venir. Garant d’une identité assez dingue, il mise sur sa différence sans être hors cadre. Interrogé sur la langue Yiddish, dont il avait parlé lors d’une précédente rencontre, il répond une nouvelle fois avec simplicité pour conclure l’entretien : « C’est toujours le même truc, on vient tous de quelque part, marocain, portugais, etc. Les origines, c’est aussi ce qui fait de toi un bon humain »… Comme son Ep ?

Crédits Photos : Antoine Ott

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