Le « biggest boss », le « hottest MC in the game »… Les Américains n’ont pas de superlatifs assez forts pour décrire Rick Ross. « God Forgives I Don’t » son dernier album sorti fin juillet est-il à la hauteur ? Analyse en 5 points.
1. Il y a deux semaines Rozay déclarait sur Twitter être disque d’or…
Jay-Z a dit un jour « Men Lie. Women Lie. Numbers Don’t ». Il y a deux semaines Rozay déclarait sur Twitter être disque d’or. Il a menti : à l’heure où ces lignes sont écrites God Forgives I Don’t est à la 41ème place du Billboard avec 408 000 exemplaires vendus. Dés la semaine de sa sortie God Forgives I Don’t le cinquième album de Rick Ross s’est retrouvé numéro un du Billboard. Belle performance d’autant que c’est la quatrième fois qu’un de ses albums atterrit à la première place du classement américain. Le score de sa première semaine par contre est moins fameux : 225 400 exemplaires vendus. Ces maigres chiffres correspondent mal avec sa notoriété. L’année passée tout les artistes de son niveau, ont lors de leurs premières semaines écoulé presque le double (Jay-Z et Kanye West 436 000 avec Watch The Throne ) ou même trois fois plus de disques comme Carter IV de Lil Wayne avec 964000 exemplaires.
2. God Forgives I Don’t démarre début octobre 2011 avec You The Boss
Rozay est « en campagne » depuis un long moment. Officiellement la promo de God Forgives I Don’t démarre début octobre 2011 par le sirupeux single You The Boss avec Nicki Minaj : un flop. Mi-octobre coup de théâtre : Rick Ross est victime de deux crise cardiaque en l’espace de quelques heures. Le rappeur de 36 ans est obligé de lever le pied et la sortie de l’album est repoussé. Début janvier 2012 Rick Ross sort Rich Forever une grosse mixtape gratuite qu’il capitalise avec une tournée européenne d’une quinzaine de dates en mars et avril. Le 26 juin il sort Self Made 2 l’album de son collectif Maybach Music Group. En résumé God Forgives I Don’t est en gestation (interviews, vlogs, clips, concerts, singles…) depuis neuf mois. Tout cela pour ça ?
3. Rick Ross prétend avoir envisagé ce projet « comme Scorcese aborderait un film »
Lorsqu’il choisit de donner le titre dramatique de God Forgives I Don’t à son album Rick Ross prétend avoir envisagé ce projet « comme Scorcese aborderait un film » nous confiait-il fin mars. Sauf que, cruelle ironie, God Forgives I Don’t est également le titre d’un western spaghetti (« Dio Pardono I No » en version originale) sorti en 1969 ! Pour la petite histoire, l’impayable duo Terence Hill et Bud Spencer a été réuni pour la première fois dans ce film. Rozay dans ce projet n’a pas encore atteint sa maturité artistique . God Forgives I Don’t possède pourtant les principaux ingrédients d’une grosse production hollywoodienne. D’abord les prestigieuses têtes d’affiche (Jay-Z, Nas, Dr Dre, Andre 3000…), puis des grands metteurs en son (Pharell Williams livre une de ses meilleures prods depuis longtemps, les magistraux Justice League…Mais certaines productions (comme 911 ou l’inutile So Sophisticated) empêchent ce très bon album d’être un classique.
4. La première radio rap de France n’est pas la seule à ne pas jouer du Rick Ross…
La première radio rap de France n’est pas la seule à ne pas jouer du Rick Ross. Même dans les radios Hip-Hop des deux plus grands marchés américains (New York et Los Angeles) Rozay n’est pas au sommet des playlists. La raison est simple : cet album n’a pas de singles. Touch N’ You avec Usher, une chanson correcte n’a pas l’énergie que l’on est sensé ressentir d’un artiste du calibre de Rick Ross. Bien sûr le MC de Miami a verrouillé les quartiers, les strips clubs et les sonos des voitures. Mais pour toucher un plus large public et finalement atteindre ce disque d’or et le platinum (qu’il n’a JAMAIS atteint) il lui faut un Lollipop de Wayne, un Empire State Of Mind de Jay-Z ou un In Da Club de 50 Cent !
5. Cette posture « uber gangsta » qu’il adopte, tourne à la caricature
William Roberts doit impérativement laisser tomber le masque. Dans God Forgives I Don’t la redondance des textes – pourtant biens servis par son flow maîtrisé et sa voix voilée – finit par lasser. Les kilos de coke, les femmes, les descriptions de bijoux, les voitures… Mais pas une ligne sur ses deux crises cardiaque ? Incroyable ! Cette posture « uber gangsta » qu’il adopte, tourne du coup à la caricature et prête le flanc aux railleries. On le sait William Leonard Roberts alias Rick Ross a été gardien de prison de décembre 1995 à juin 1997 dans la prison de South Florida Reception Center à Dade County. Voilà un sujet qui mériterait un couplet ou deux… S’il veut passer à un autre palier (celui d’un Eminem, d’un Nas ou même d’un Snoop Dogg ) Rozay doit être plus vulnérable, montrer un côté plus humain pour devenir le «biggest boss » qu’il prétend être. Depuis son arrivée dans le rap game en 2006 il n’a pas cessé de s’améliorer. Il en est donc capable. Mais en a-t-il vraiment envie ?
