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Pins & Dimeh : un duo sous autotune [PORTRAIT]

Pins & Dimeh : un duo sous autotune [PORTRAIT]

Rencontre avec deux rappeurs émergents du 77 qui viennent de sortir leur mixtape « Houston ».

Originaires de la Seine-et-Marne, Pins & Dimeh en veulent. C’est donc à l’occasion de la sortie de leur second projet, succédant au réussi Nindo, que Booska-P a souhaité rencontrer ce jeune duo empli de talent.

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« Seul, on va plus vite, à deux, on va plus loin »

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Seul, on va plus vite, à deux, on va plus loin semble être la citation parfaite pour définir l’alliance entre Pins et Dimeh. Se connaissant depuis l’enfance, les deux acolytes ont grandi dans la même ville et se sont lancés en même temps dans la musique. Ils ont respectivement fait leurs premiers pas dans le son il y a trois ans, commençant à s’enregistrer dans le studio d’un pote avant de rejoindre un studio à Pantin, où ils ont ainsi pu réaliser leur premier morceau Ailleurs, encore disponible sur leur chaîne Youtube : « Quand on s’est lancés, c’était à deux directement. On s’est follow mutuellement. On a kiffé nos délires, ça a commencé pour rire et c’est devenu plus pro. On est bien entourés en plus, les gens qui nous entourent ont su nous dire la vérité au départ, si ça allait pas ils nous le disaient tout de suite. »

Être deux est évidemment source de motivation pour Pins & Dimeh, cultivant deux styles différents et aspirant à s’ouvrir à de nouvelles sonorités. Du côté de Dimeh, la musique fait partie intégrante de son quotidien, et l’artiste se retrouve à écouter divers genres musicaux, comme le funk, le rap français et même le rock avec des groupes comme AC/DC : « Je suis un grand fan de musique, j’aime la musique en général et c’est ça qui m’a donné envie d’en faire. » Pins, quant à lui, se cantonne au rap français et à quelques rappeurs américains qui l’inspirent parfois : « J’écoute tout ce qui sort, on va pas se mentir je suis obligé d’écouter ce qui sort. On s’inspire un peu des cainris. Ils sont carrément en avance, même les beatmakers là-bas ça n’a rien à voir. C’est bien de regarder ce qu’ils font pour avoir une longueur d’avance. »

Pins & Dimeh savent ce qu’ils veulent

Evoluant dans un registre empli d’autotune et de chant, Pins & Dimeh ne se ferment pas à d’autres sonorités pour le futur : « On ne se dit pas qu’on va faire si ou ça, rien n’est défini. On fait et on voit ce que ça rend, en fonction de la prod. Il faut que ça nous emmène dans un délire, que la prod soit bien illustrée avec les textes et le clip ». Des productions qu’ils reçoivent d’ailleurs de différents compositeurs, y compris la soeur de Dimeh qui a largement participé à la nouvelle mixtape des deux rappeurs à travers les titres Poto, J’te Vois, Ambitieux et Gang.

Point notable de leur univers musical, l’autotune, qui prend une place considérable dans chacun de leurs morceaux. Une place qu’ils expliquent d’ailleurs simplement et sereinement : « L’autotune, de base, c’est un logiciel qui a été créé pour corriger les fausses notes, du coup je pense qu’on en a besoin. Même les gens qui chantent juste vont mettre de l’autotune aujourd’hui, c’est devenu une technique que tout le monde utilise. J’écoute tout ce qui sort et je ne vois personne rapper sans autotune. Pour nous, l’autotune c’est plus quand on va faire des sons mélodieux tu vois, maintenant tout ce qui est freestyle brut et rappé ça ne sert à rien d’en mettre. »

A deux dans toutes leurs aventures, les deux comparses n’ont pour le moment livré aucun featuring, malgré un engouement certain autour d’eux. Pourquoi ? « Parce qu’on soigne notre image pour l’instant, on a envie que les gens découvrent déjà notre univers à nous. On ne veut pas faire un featuring pour faire un featuring, si musicalement parlant ça ne donne rien de bon. Parfois on voit deux grosses têtes collaborer ensemble, on se dit ‘ça va être le feu’, c’est comme un gala de boxe, t’arrives au final le son pue la m*rde… Ca ne veut rien dire les featurings, pour l’instant on préfère rester entre nous. » Des propos qui nous éclairent quant à leur parti pris, malgré le fait qu’ils ne soient pas fermés à collaborer pour l’avenir : « Le premier projet on voulait vraiment l’amener seul, montrer aux gens ce qu’on sait faire. Pourquoi pas pour le prochain, c’est peut-être même sûr. »

Comme beaucoup aujourd’hui, l’esthétisme est primordial pour la carrière des deux artistes du 77, qui ont été à la tête des synopsis de leurs clips Insensible et Ambitieux, aidés par les jeunes de leur quartier afin de réaliser une sorte de court-métrage. Pour chaque visuel et avec chaque réalisateur avec qui ils travaillent, Pins & Dimeh apportent leurs idées et mènent la barque : « On veut toujours que nos clips soient meilleurs que les meilleurs précédents. »

« Houston » disponible depuis le 11 mai

Le 30 juin 2017, Pins & Dimeh arrivaient avec leur tout premier projet, réunissant les extraits qu’ils avaient déjà balancé sur la toile plusieurs mois auparavant. Nindo, voulant donc dire persévérance en japonais, a été tiré du manga Naruto, afin de représenter la détermination et la faim des deux artistes. Pour Houston, l’état d’esprit est donc tout autre : « Pour Houston, on est loin, on est sur la lune. C’est un terme employé par la NASA je crois, et puis on entend ça dans l’espace parfois, donc on s’est dit pourquoi pas. Quand on écoute certains sons de l’album on plane un peu, on a voulu donner cette image. C’est un peu l’évolution de Nindo, pour dire que la navette a décollé, où on va on sait pas encore mais on part loin… (rires)»

Nindo, c’est donc un projet composé de 8 morceaux et de très peu d’inédits. Avec ce second opus beaucoup plus garni et comportant pas moins de 17 titres, Pins & Dimeh souhaitent élargir leur auditorat et proposer un véritable opus construit et réfléchi : « Il y en a pour tout le monde je pense. Le premier, c’était un EP, on l’a sorti pour le fait de sortir un premier projet et pour regrouper tout ce qu’on avait déjà balancé sur Youtube sur les plateformes. Là, c’est un projet bien travaillé, on s’est bien concentrés sur les sons, pour avoir un bon rendu et qu’il y en ai pour tout le monde. Il y a pleins de sujets abordés, il y a pas de sujets précis, on peut aller à droite, à gauche, descendre, monter, on veut agrandir notre public en fait. »

En ce qui concerne la cover, les deux artistes restent dans les mêmes tonalités que pour Nindo, avec un fond s’inscrivant dans un bleu marine et profond. Cette fois, la pochette a donc été dessinée par Maxime Masgrau, le fameux dessinateur de nos Booska Press. Elle nous présente les deux rappeurs en mode astronautes, à travers un univers inspiré par les bandes dessinées et par les mangas. Un résultat réussi, surtout quand on sait que Maxime et les artistes ne se sont pas rencontrés. Il s’inscrit totalement dans les cordes de Pins & Dimeh, qui se disent contents de l’esthétisme de leur projet : « L’esthétisme c’est important, j’aime bien que ce soit bien présenté. Une cover quand elle est belle on la remarque. » A noter que « beaucoup de clips » devraient prochainement sortir, en vue de l’importance accordée à l’image par Pins & Dimeh.

Les deux amis affirment même évoluer dans un monde de « requins », et n’ont donc pas de temps à perdre pour continuer de s’imposer, tant visuellement que musicalement.

Crédits photos : Antoine Ott

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