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Origami, cinq rappeurs décomplexés [PORTRAIT]

Origami, cinq rappeurs décomplexés [PORTRAIT]

Les cinq membres du groupe se confient pour Booska-P.

Le poète, la rockstar, le boxeur, le champion de cirque et le badboy lover forment le combo homogène du groupe Origami. Originaires du 20ème arrondissement de Paris et de Noisy-Le-Grand (93), les cinq rappeurs restent très mystérieux à travers leurs morceaux. C’est pourquoi Booska-P les a rencontrés, afin d’en savoir plus sur eux et leur musique.

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Des rappeurs bien ancrés dans l’univers hip-hop

Sirkass, Bok, et Riba viennent du 20ème arrondissement, tandis que Eben et Faconde sont originaires de Noisy-Le-Grand, en Seine-Saint-Denis. Leur rencontre ne date pas d’hier, et pourtant, « on a commencé chacun de notre côté, même si on se connaissait déjà ». Sirkass, par exemple, évoluait au sein du label Nouvelle Ecole, avec Still Fresh et S.Pri Noir. Finalement, il a « décidé d’arrêter la musique avec eux pour repartir de l’avant » et a trouvé immédiatement sa place au sein du groupe : « on s’est réuni, et tout de suite, je suis allé dans le groupe Origami. Tout de suite, y’a eu ce délire de ‘venez les gars, on va faire de la musique, on va changer les choses' ». C’est donc vers 2012 que les cinq rappeurs ont décidé de « concrétiser » leur projet, et ont commencé à « rapper ensemble » après avoir été réunis par la musique.

On s’est cherché au début, et c’est là que Frankito, notre manager, est arrivé et nous a donné une ligne directrice

Origami s’est cherché, jusqu’à faire la rencontre de Frankito. « On a commencé à faire notre son, on s’est cherché au début, et c’est là que Frankito, notre manager, est arrivé et nous a donné une ligne directrice ». Un manager et producteur qui connaissait déjà deux des cinq membres depuis l’enfance : « moi, j’étais pas là au début, mais Faconde et Eben sont des amis d’enfance. J’ai déjà eu mon expérience dans la production avec mon frère et j’ai voulu lancer mon groupe, donc je les ai récupéré et on a créé Origami ». Quant à Sirkass, lui aussi côtoyait déjà Riba, « qui posait dans le même studio » et avec lequel il a déjà eu l’occasion de freestyler bien avant la création de la quintette.

Cherchant à marquer son originalité et sa patte créative, le groupe a voulu tenir un nom représentatif de son univers et de l’amitié entre chaque membre : « Origami, c’est l’art de plier le papier dans la culture asiatique, on donne ça en gage d’amitié. Donc, comme on est une bande de potes, on a décidé de s’appeler comme ça. Ca sort du lot, c’est original. Puis dans le mot Origami, il y a le mot ami, on a trouvé le côté décalé de la chose intéressant. On ne voit pas d’autres groupes de rap s’appeler Origami ».

Un univers musical enrichit de diverses influences

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Fort d’un rap street, terre-à-terre et orienté vers le but de faire de l’argent, Origami n’a, pour le moment, que très peu eu l’occasion de se confier sur ses différents membres à travers la musique. Et quand on se demande si des morceaux plus personnels verront le jour, où les rappeurs sauront se livrer un peu plus à leur public, la réponse est plutôt encourageante : « Les morceaux introspectifs et personnels, ça viendra ».

Après on est cinq, donc si on commence à tous raconter notre life, on va s’écarter…

Un manque d’introspection qui s’explique également par le nombre de MC’s qui compose le collectif : « après, on est cinq, donc si on commence tous à raconter notre life, on va s’écarter… » Mais, aussi, par le contexte : « on a des thèmes selon différents sons, et selon le thème, on se livre ou non. En ce moment on sortait pas mal de freestyles donc on n’avait pas forcément de morceaux profonds à apporter… On veut parler à tout le monde, que chacun puisse s’identifier. Nous confier, ça viendra, mais là, on n’en ressent pas le besoin ».

La présence de plusieurs membres, aux horizons et aux goûts différents, permet également une plus large panoplie de musicalités et d’influences. Chaque personnalité se démarque par ses écoutes. Origami se voit donc influencé par des artistes tels que Drake, Travis Scott, xxxtentacion, ou chez les francophones, Hamza, SCH ou Damso. Eben, la voix du groupe, plutôt mélancolique orienté vers la variété française, lui permettant de s’en inspirer pour les refrains. Eben se qualifie d’ailleurs comme quelqu’un de « très mélancolique » qui aime traiter en musique « tout ce qui touche aux femmes, à l’amour, aux blessures ». Et parler de « tout ce qui fait mal ». D’ailleurs, le groupe planche actuellement sur ces thèmes.

Se définissant comme « un pont » entre les époques, les Origami font dans la old comme dans la new school : « Nous, on est la génération du milieu, on a des flows modernes, comme des flows à l’ancienne. On a pas 35-40 ans mais on n’en a pas 21 non plus. Donc on est l’entre deux ».

On a pas tout le temps la place pour nous caler nous cinq sur un même morceau, donc en featuring c’est compliqué

Pour l’instant, Origami n’a livré qu’un seul featuring, sur le Hors-série 22, avec Clanez, un rappeur proche du collectif. Une position clairement expliquée par le jeune groupe : « Pour l’instant, on reste entre nous, on veut que ça marche comme ça. Puis on a pas tout le temps la place pour nous caler nous cinq sur un même morceau, donc en featuring c’est compliqué. On veut se faire notre place tout seul, même si on est pas fermés. On s’ouvrira peut-être plus tard, mais avant, on veut imposer notre univers ».

L’esthétisme, primordiale pour Origami

Dans EXA, les rappeurs insistent sur le fait qu’ils ont « tout misé sur le visuel ». Par là, ils entendent leur esthétisme artistique, allant des clips jusqu’à leur style vestimentaire. Un point notable, puisque très important à leurs yeux. « On vient de la rue, mais on va pas non plus venir avec le style vestimentaire classique, type Bayern/PSG et sacoche… On va essayer d’être plus fins, plus recherchés, d’être un peu différents, avec des visuels léchés. On soigne notre visuel, on parle de l’ensemble, de notre esthétisme. On veut imposer la patte Origami ». Chez Origami, chacun s’enrichit des idées de l’autre, comme une vraie équipe : « On décide des lieux, des mises en scène pour les clips, mais notre manager et nos tourneurs nous aident aussi. Il y a un échange qui crée un bon mix ».

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Pour certains, la mode s’inscrit comme une priorité. Et c’est tout naturellement que Sirkass, passionné de sapes, a décidé de prendre en main la tenue de ses coéquipiers : « Moi j’aime beaucoup la mode, je travaille avec de jeunes créateurs et j’ai fait mon premier défilé à la Fashion Week de Paris il y a quelques mois. Après, j’ai comme cette responsabilité envers le groupe de donner mon avis sur le style ». Une responsabilité validée par ses coéquipiers.

Après avoir sorti deux projets en 2017, les mixtapes 168 et 168 vol.2, le crew compte poursuivre sur sa lancée : « On a énormément de sons et on essaye juste de bien viser, de ne pas se tromper ». En ce moment en train de travailler pour que « chaque personnalité se distingue », Origami affirme : « nos personnalités vont commencer à bien se dégager dans les prochains sons, parce qu’on est tous différents. D’ailleurs, ce sera dès le prochain qui arrive » !

Miser sur la différence, voici le mot d’ordre d’un Orgami qui aura su se plier en cinq pour proposer un univers hétéroclite et complet. Le collectif, sur de bonnes bases, a tout pour noircir encore un peu plus le papier. Jusqu’à s’imposer dans vos playlists ?

Crédits photos : Antoine Ott

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