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Nusky, une singularité sans précédent [PORTRAIT]

Nusky, une singularité sans précédent [PORTRAIT]

Récit d’un parcours atypique au sein du rap français.

Rappeur atypique à la voix unique, Nusky se démarque dans un rap français toujours plus ouvert à de nouveaux horizons. Booska-P part donc à la rencontre de ce jeune artiste multi-facettes et décomplexé de 23 ans, afin de mieux cerner son univers et son état d’esprit.

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Rappeur, mais plus acteur

Originaire de Montrouge, Nusky n’est pas nouveau dans le paysage du rap français avec un passif bien connu au sein de la Race Canine, un groupe de rap dont il est toujours membre. Âgé de 23 ans, le jeune homme, qui tient son blaze de son surnom « skinny » (en référence à sa corpulence et aux « barrettes mal servies », ndlr), est également connu pour sa carrière d’acteur. C’est tout jeune, vers l’âge de 11-12 ans, qu’il fait ses débuts dans l’acting. Une vision des choses bien différente de celle d’aujourd’hui : « Quand t’as 12 ans, tu ne fais pas les choses de la même manière que quand t’as 20 ans. Le cinéma, c’est un art, c’est touchant, c’est beau, ça peut provoquer de belles émotions, mais moi je sens que j’ai pas ce truc-là, en tout cas actuellement. Je sais comment réussir dans ce domaine mais je sais pas si j’en ai réellement envie. »

J’ai plus de facilités à retenir un texte de rap qu’un texte à apprendre pour un casting

Interprète du jeune Théo dans la série Nos Chers Voisins, diffusée sur TF1, et acteur de plusieurs comédies, Raphaël Boshart, de son vrai nom, décide désormais de stopper le métier d’acteur pour se consacrer pleinement à la musique. Il explique : « J’ai arrêté pour faire que de la musique, parce que c’est dur en terme de temps et d’énergie. Et faut pas négliger l’un ou l’autre, les deux sont des arts que j’admire. J’avais pas vraiment de mal à faire les deux métiers, mais à l’époque où j’ai décidé d’arrêter j’avais surtout du mal à faire de nouvelles choses dans ma carrière d’acteur, à me lancer dans des castings, tout ça, c’est le monde d’acteur. J’ai plus de facilités à retenir un texte de rap qu’un texte à apprendre pour un casting, c’est un peu l’ironie du sort. »

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Nusky revient aussi sur la difficulté de retenir en tête ses textes lors de castings, en raison des « mots » qui trottent toujours dans sa tête pour créer de nouveaux morceaux. Rappeur affirmé et reconnu comme tel, l’artiste multi-facettes déclare désormais n’avoir besoin que de musique dans sa vie : « Apprendre un texte pour un casting, c’est deux jours, alors que le rap ça n’a rien à voir. J’en fait tout le temps. Faire un film c’est génial, peut-être que ça reviendra dans ma vie mais pour le moment, c’est pas le cas. »

Pourtant, le cinéma aura apporté de belles expériences au rappeur, et lui permet même d’avoir plus de facilités dans sa carrière musicale actuelle. Face à la caméra lors du tournage d’un clip, les choses sont bien plus simples quand on est habitués : « J‘suis vraiment acteur et j’essaye d’être vraiment pro. C’est moi, je suis conscient de ce que je fais, donc si le réalisateur oublie un truc, je vais lui dire et vice versa. »

Fini le temps de se cacher derrière des personnages, Raphaël veut désormais se montrer tel qu’il est et ce, à travers la musique : « La musique, c’est une exagération de moi-même, c’est pas vraiment un personnage. Ca prend du temps, de l’énergie, de la passion, faut pas le faire à moitié. J’ai commencé la musique j’ai mis mes deux c***lles sur la table, donc maintenant je peux plus reculer. »

Nusky prépare son premier projet

Avant de devenir le rappeur affirmé et déjanté que l’on connaît aujourd’hui, Nusky évoluait dans un groupe de rock dès l’âge de 17 ans. Avec les quatre autres membres, ils ont pu effectuer près de vingt scènes dans des bars et autres lieux populaires. Il explique ainsi que la musique a toujours été présente dans sa vie, allant de la guitare, la composition, au chant et au rap. Un brin enfantin, pour Nusky, l’explication est toute simple : « La musique c’est toute ma vie aujourd’hui. Ca m’amuse de faire de la musique, donc j’en fait tout le temps, mais je prétends pas être compositeur. J’adore faire des prods et de la musique, j’espère que quand j’aurais 70 ans, je pourrais continuer et faire du piano, que ce soit trop beau et tout. »

La musique, c’est presque un rêve d’enfant qui commence à se développer pour une âme d’artiste comme on n’en rencontre peu : « Quand j’ai commencé à rapper, j’ai su que c’était le bon chemin. Toutes façons, j’ai toujours voulu chanter. J’ai même été capable de poser sur de l’électro pour te dire. Au début, je ne me voyais même pas faire un morceau fini, complet, avec un refrain. »

J’ai pas la prétention de dire que j’ai inventé quoi que ce soit dans le rap

Inspiré depuis de nombreuses années par la musique de Young Thug, Nusky n’est pas adepte des boules Quies et ne se limite pas en terme d’écoute. Ainsi, il peut laisser tourner des albums des Beatles, de groupes des années 60 et même de Maîtres Gims et Davido. Une musique constante dans son quotidien, et qui lui permet de s’inspirer en faisant la sienne : « Je fais ma petite musique à moi, c’est ma petite voix donc c’est ma petite musique. Ouais, les autres ont de bonnes idées et puis, de toutes façons, j’ai pas la prétention de dire que j’ai inventé quoi que ce soit dans le rap. »

Après la sortie du réussi Super-Héros, Nusky s’apprête à délivrer son tout premier projet en solitaire. Un projet entièrement produit par Double X et dont il est « super fier ». D’ailleurs, l’artiste aura eu l’occasion de travailler avec des beatmakers bien connus au sein du rap français, comme Therapy et Pyroman. Pour autant, cela fait plus d’un an qu’il travaille l’album aux côtés de Double X. Des collaborateurs qui pour lui « ont la capacité de produire tout un album. »

Rassurez-vous, l’attente ne devrait plus être très longue : « On l’a terminé. Il arrive, il prend le temps, il s’habille tranquille, en train de faire une petite coupe. Il va venir et il va faire ce qu’il a à faire tu vois. Super-héros sera dedans. Le projet s’appelle Nusky et c’est moi, mon premier album. »

Un artiste qui évolue en équipe

Pour Nusky, la musique, c’est aussi une histoire d’amitié, lui qui côtoie en permanence les amis qu’il a choisi : « Je vois la musique comme mes meilleurs amis, donc moi je fais de la musique avec mes potes. Depuis le début, on fait de la musique ensemble, je travaille beaucoup avec mes potes, les gens qui m’entourent, que ce soit directement avec les gens avec qui je vis ou les gens que j’écoute et que j’admire, c’est la même chose pour moi. Concrètement, j’écris avec pleins de gens. »

Pour la création de Gabrielle Solis, l’amitié aura su porter ses fruits puisque Nusky explique avoir déterminé le titre du morceau grâce à un ami à lui. Pas seulement, puisqu’ils semblent également bien aimer l’interprète du fameux personnage de Desperate Housewives, Eva Longoria. C’est aussi grâce à l’avis de son entourage que le jeune homme permet de décréter si des phases sont bonnes ou non : « On était dans le studio quand mon pote a dit la fameuse phase, moi ça me fait rire, donc 1+1 ça fait 2, déjà c’est un truc de ouf. Et il y avait un poto à côté aussi qui rigolait de la phase, donc il n’y avait pas besoin de plus. Pour moi c’est que ça la musique, que les gens se reconnaissent dans ce qu’on fait. Si ça plaît à deux personnes autour de moi, ça peut plaîre au monde entier pour moi. Les gens peuvent pas mentir, s’ils kiffent, ou non, ça se voit. »

Très proche de Vaati sur scène, sur les ondes et sur la toile pendant plusieurs années, Nusky se montre plus solitaire ces derniers mois. Amis de longue date, les deux collaborateurs n’en restent pas moins des « frérots à vie », qui ont encore « toute la vie » pour faire plein de choses ensemble : « C’est une connexion mystique entre nous et l’univers, ça demande des années de méditation parfois. Donc tu peux faire ce que tu veux, travailler tous les jours, parfois il faut attendre aussi, se laisser emporter par les chakras du monde. On a besoin de temps pour faire des belles choses, pour que le monde nous influence, nous touche, nous bouffe et nous gerbe à la gueule. Sur 10 ans, on peut faire plein de choses. »

Crédits photos : Antoine Ott

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