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Nelick : avec le style du KiwiBunny [PORTRAIT]

Nelick : avec le style du KiwiBunny [PORTRAIT]

Entre chill vaporeux, ballades sucrées et bulles mélancoliques, Nelick se ballade. Rencontre avec un artiste qui a grandi entre Champigny-sur-Marne et le 19ème arrondissement de Paris, alors qu’il vient de nous livrer une douce « KiwiBunnyTape », le 19 janvier dernier.

Entouré de son attachée de presse et de son manager, le jeune homme nous accueille, visiblement bien dans ses baskets, et doté d’une bonne humeur communicative. Au détour de la discussion qui débute, il nous confie qu’après l’interview, il va rejoindre A2H pour une session d’enregistrement. Il a connecté avec lui grâce à son comparse Le Sid. Avec A2H, dont nous dressions récemment le portrait, il partage un sens certain de la mélodie.

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Quand on lui demande qui il est, il se présente simplement comme « Un artiste originaire de Champigny-sur-Marne, et également étudiant à ses heures perdues ». On pourrait rajouter, en empruntant les paroles de son premier couplet sur la KiwiBunnyTape , qu’il n’est « Pas un connard, pas un mec à nanas ». Et à 20 ans tout juste, Nelick « Va au stud’ en attendant de rater son année (nan nan nan) ». C’est lui qui le dit, et, à l’âge des possibles, il a encore le temps de mener une double vie : derrière un micro, il montre en tout cas une grande dextérité dans l’art d’enchaîner les rimes accrocheuses sur des mélodies entêtantes.

L’apprentissage à l’écoute de la Sexion d’Assaut

Retour en arrière. Il y a cinq ans, en 2013 son chemin vers le rap se fraye via l’écriture. Un jour, au collège, son prof’ de musique demande à chaque élève d’écrire un texte. Ne sachant pas chanter, Nelick opte pour le rap : « J’ai rappé devant la classe, et j’ai grave kiffé écrire surtout. Après j’ai écrit, puis j’ai commencé à travailler la partie flow, etc. ». Marqué par des artistes comme La Fouine ou Rohff, il va affiner son style et sa palette en saignant les disques de la Sexion d’Assaut, une grosse source d’apprentissages car, « ils savaient tout bien faire ».

Lauréat des « 16 de la semaine »

Aiguisant son style comme une lame, il va participer à un concours sur Facebook, Les 16 de la semaine, qui envoie chaque semaine une instru et un thème, pour en faire un 16 mesures et le clipper : « On avait cinq jours pour enregistrer un 16 et l’écrire. Et du coup j’ai commencé à faire ça toutes les semaines ». Cela le pousse dans différentes directions : « Y’avait des thèmes qui me correspondaient pas du tout. Par exemple « egotrip », à l’époque c’était pas du tout ce que j’écrivais, j’écrivais des textes un peu sur ma vie, etc. En plus ma voix n’avait pas mué, donc impossible d’avoir une street créd’ ou quoi. Y’a des trucs sur Youtube un peu sombres, avec ma petite voix d’adolescent, bon, c’est en privé maintenant. (rires) Je l’ai fait au bon moment, j’ai vraiment eu de la chance. » Un concours qu’il remporte au meilleur moment, juste avant un concert organisé par les 16 de la semaine, où il est annoncé comme « Gagnant de la semaine ». Plus jeune que ses concurrents, il reçoit alors un sérieux coup de boost pour la confiance.

A l’époque, cet enfant du 94, loyal à son territoire, ne jure que par Rohff, au point d’éviter toute écoute de Booba, notamment aux sombres heures des pics du clash Booba/Rohff/La Fouine : « Vu que je venais de Champigny dans le 94, c’était l’époque en mode 94, 92, 93, etc. Et Booba dans le 94, genre fallait pas l’écouter. En plus c’était un peu à l’époque de la suprématie de Rohff, où il sortait le Code de l’horreur. Booba j’aimais pas avant d’avoir écouté, jusqu’au lycée. Mais ça a bien changé depuis, et maintenant j’écoute beaucoup Booba ».

Après quelques projets au sein de Pala$$, le groupe qu’il forme avec Lord Esperanza, il nous a donc livré sa KiwiBunnyTape, sous ce drôle de nom qui puise ses origines dans des surnoms adolescents. Alors que son projet est sorti il y a un peu plus d’un mois, Nelick est heureux des premiers retours, savourant son entrée dans le monde du rap : « C’est cool, j’ai l’impression de participer à ce mouvement qu’est le rap en France. Et j’ai vraiment l’impression d’être acteur maintenant, alors qu’avant j’étais plus fan et spectateur. C’est vraiment cool de rentrer dans le jeu ».

Y’a même pas six mois, c’était la première fois qu’on me reconnaissait

Nelick est à ce stade d’une carrière où l’on goûte pour la première fois à la renommée, avec l’air sincèrement étonné qu’on le reconnaisse dans la rue : « Ca m’arrive dès fois, c’est super cool. En plus y’a même pas six mois, c’était la première fois qu’on me reconnaissait, j’étais pas prêt du tout. C’était marrant, et mon fan je l’ai pas lâché en fait. J’allais en soirée, je l’ai emmené, c’est devenu mon poto. » Un premier fan qui se reconnaîtra peut-être, et qui saura ainsi que Nelick ne l’a pas oublié.

En novembre 2017, il a fait la première partie de Columbine dans un Bataclan complet, de quoi lui procurer un bon gros premier frisson scénique. Proche de Lord Esperanza, il collabore également régulièrement avec Andy Luidje, expatrié récemment au Canada. C’est avec lui qu’il a étendu son style à la mélodie et au chant, chant qui compose une bonne partie de sa gamme, auparavant davantage tournée vers le kick. Il y a cependant de beaux couplets de rap kické, mêlés à des mélodies choisies avec soin.

Je suis déjà dans une autre phase de travail pour le prochain projet

Jagger Jazz, ingé’ son et beatmaker a assuré une bonne partie des prods du projet, et le reste a été pioché chez d’autres concepteurs et fournisseurs de type beats. Un rap plein de synthé, un son bubble gum, qui mêle parfaitement rap et phases chantées, avec un son dans lequel on devinera, au hasard, les influences de Drake, Lil Yachty ou encore Aminé. En ce qui concerne sa playlist, il aime écouter Smino, dont il partage les sonorités sucrées. Il affectionne également Daniel Caesar ou encore Kali Uchis, qui lui rappelle Amy Winehouse pour son « délire particulier », ou encore Tyler the Creator.

Déjà tourné vers son futur, Nelick travaille déjà sur la suite : « Je suis déjà dans une autre phase de travail pour le prochain projet. J’ai commencé à écrire et à enregistrer depuis six mois. ». La suite ne devrait donc pas se faire attendre trop longtemps, avec également un nouveau projet sous l’entité de Pala$$, qu’il forme avec Lord Esperanza. Jusqu’où Nelick pourra nous emmener avec son rap sucré et vaporeux ? L’avenir le dira, gardez une oreille sur lui.

Crédits photos : Antoine Ott

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