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Nas interview BooskAmerica

Nas interview BooskAmerica

Nas lors de son récent passage à Paris nous a accordé une interview dans le cadre notre série Boosk’America

Ce jour là les conditions ne sont pas idéales. L’entretien avec Nasir Jones se tient une heure avant son concert dans la loge du Bataclan. Nous sommes flanqués de son austère garde du corps et heureusement de la charmante attachée de presse française. Cela équilibre ! Nous avons droit à dix minutes d’interview. Pas plus. Les instructions du management de l’artiste sont claires : aucune question sur Jay-Z ni sur Kelis. On comprend la première. Mi-juin les médias américains ont déterré une vidéo de la marionnette de Jay-Z que Nas avait prévu de pendre lors du Hot 97 Summer Jam en 2002. Revenir sur une rivalité vieille de dix ans n’a pas beaucoup d’intérêts.

Pour Kelis on comprend moins. La chanteuse est la principale inspiration de Life Is Good ! De la pochette à la magnifique chanson Bye Baby tout dans ce dixième album de Nas tourne autour de Kelis. Peut-être ne voulait-il pas entrer dans les détails du divorce avec nous ? On comprend. Dans notre entretien Nas revient sur sa relation avec son mentor Large Professor (Nas a démarré en 1991 sur son titre Live At The Barbeque) , ses récentes collaborations avec la nouvelle école (Tyga, Nicki Minaj…) son statut assumé de « Sauveur du Hip-Hop » et son amour pour cette culture.

Dernière instruction du management : pas de caméras ni de photos. Tant pis. On rencontre Nasty Nas alias Nas Escobar alias God Son la légende vivante de Queensbridge, le MC avec plus de vingt ans de carrière et autant de titres classiques.

Tu te prépares à sortir ton dixième album ! Comment te sens-tu ?

Je me sens bien. Je dois tout ce qui m’arrive à Dieu. Je ne peux même pas t’expliquer… C’est un sentiment génial.

Peux-tu nous parler du titre Loco-Motive avec Large Professor. Quelle est ta relation avec lui ?

Large Professor est un fou ! Mais c’est un bon frère. C’est lui qui m’a fait démarrer dans le rap. Je ne pourrai jamais oublier cela. Je respecte son opinion et sa vision. Tu sais il vient d’une époque que les gens ont tendance à oublier : l’époque où les gens aimaient vraiment le Hip-Hop.

Tes fans demandent souvent que tu retravailles avec Premier ou Pete Rock. Pourtant tu sembles plus proches de Large Pro

J’ai rencontré tout ces gens par l’intermédiaire de Large Professor. C’est grâce à lui que je suis rentré dans le business.

A la fin de cette chanson tu dis « it’s for my trapped in the 90’s niggas » (« C’est pour mes gars restés bloqués dans les années 90 ») . C’est une boutade ou une vraie dédicace ?

(Il sourit) C’est aux auditeurs de décider.

Il y a six ans tu as sorti l’album « Hip-Hop Is Dead ». Pourquoi as-tu dis cela à l’époque ? Quel regarde portes-tu sur la scène actuelle ?

Le Hip-Hop est mort à diffèrents moments. Pour certains il est mort lorsqu’il a quitté le park et qu’il est devenu un business. Pour d’autres il est mort lorsque le breakdance et d’autres éléments de la culture ont perdu leur importance. Pour moi le Hip-Hop est mort quand 2 Pac et Biggie sont morts. Aujourd’hui je pense qu’on essaye simplement d’imiter les sensations que l’on ressentait à l’époque. Cela n’enlève rien au fait que certains artistes font encore aujourd’hui un excellent travail.

Récemment tu as travaillé avec de nombreux jeunes artistes comme Nicki Minaj , Drake ou Tyga… Qu’est ce que cela te fait d’être encore sollicité par la nouvelle génération ?

Ces artistes sont cools. Pour moi ce sont des « versions rajeunies » de moi ! Ils sont vraiment cools. C’est agréable de les voir heureux de faire ce qu’ils aiment. Lorsque je les observe cela me fait vraiment plaisir. D’ailleurs je suis plus excité de les voir qu’eux ne le sont de me rencontrer !

Certains de tes fans pourraient mal prendre le fait que tu travailles avec Nicki Minaj ou Tyga…

Tu sais, chacun à le droit de penser ce qu’il veut. Ma fille par exemple aime beaucoup Tyga. C’est elle m’a conseillé d’enregistrer une chanson avec lui. J’aime Tyga, il est cool : c’est pour cela que je voulais le faire. Et puis il n’y a rien de mal car finalement nous faisons tous du Hip-Hop.

Revenons à ton album. Peut-on dire que ce projet (avec peut-être God Son) est ton projet le plus introspectif ?

Oui c’est ce que j’allais te dire. God Son est le premier album où j’ai commencé à me livrer. A partir de cet album j’ai donné beaucoup plus de choses personnelles. Life Is Good est encore plus personnel mais je ne l’ai pas fait exprès. Je suis là depuis tellement longtemps que c’est normal pour moi de laisser les gens entrer un peu plus dans ma vie. C’est aussi une thérapie pour moi. Par exemple j’ai le sentiment qu’écrire Daughters a aidé ma relation avec ma fille.

Tes fans attendent toujours beaucoup de choses de toi. Certains voudraient même que tu sauves le Hip-Hop ! En es-tu conscient ?

(Il rit) Oui. C’est un grand honneur. Tu sais, je ne sais pas si j’en suis capable. C’est une lourde responsabilité. D’un autre côté j’ai grandi en écoutant Kurtis Blow, Run-DMC, Grand Master Flash, The Fat Boys, Eric B & Rakim…J’ai grandi avec le Hip-Hop ! De l’autre je suis un des artistes le plus qualifié pour essayer de sauver le Hip-Hop : je suis là depuis 1991 ! On attend donc beaucoup de moi. Tout ce que je peux faire c’est tenter du mieux que je peux en espérant que les gens apprécient. J’ai toujours une affection spéciale pour le Hip-Hop avec lequel j’ai grandi mais j’aime aussi ce qui se fait aujourd’hui.

Enfin dernière question tu viens de nous dire que tu es dans le game depuis 1991. Qu’est-ce qui continue de t’inspirer ?

Je suis juste un new yorkais ! J’ai grandi à New York. J’ai vécu ce qu’on voit dans les films Beat Street et Wild Style. J’ai également vu les gens rapper dans les parcs. J’ai connu l’époque où les radios ne passaient pas de Hip-Hop. J’ai vu comment cette culture s’est transformée en une grosse machine ! J’ai toutes ces perspectives, ces informations, toutes ces idées. Voilà pourquoi je ressens encore le besoin de dire certaines choses.

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