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Moon’A : « Je m’assume telle que je suis vraiment » [INTERVIEW]

Moon’A : « Je m’assume telle que je suis vraiment » [INTERVIEW]

La rappeuse se confie à l’occasion de la sortie de son projet « Hasta la vie »…

Crédits Photos : Antoine Ott

Présente dans le rap game depuis pas mal de temps déjà, Moon’A débarquera avec un projet le 21 juin, Hasta la vie. L’occasion pour elle d’affirmer un personnage encore peu représenté dans le rap francophone, à la fois féminin et puissant. Avec 15 titres au compteur, notamment un featuring avec son pendant italien Chadia Rodriguez, l’artiste parvient à faire étalage de toute sa palette. Misant sur une grosse sincérité et une volonté d’éclater quelques cases, elle se confie aujourd’hui à Booska-P.

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De ton passage très nerveux chez Rentre Dans Le Cercle à la musicalité de ton projet, tu as sacrément évolué !

J’ai débuté très jeune, j’écrivais mes premiers textes à 9 ans. Quand j’ai commencé à grandir, je suis devenu très véner, à cause de l’environnement familial, etc. J’avais beaucoup de choses à dire, je voyais la musique comme une thérapie. Après, quand tu commences à bosser dans ce milieu, qu’on peut qualifier de vicieux parfois, tu es poussé à prendre la parole. J’avais ce côté très indépendant. Ensuite, j’ai commencé à voir les choses autrement, à avoir plus d’ouverture d’esprit et de maturité. J’avais envie de m’ouvrir depuis deux ou trois ans. A l’époque où on m’appelle pour Rentre Dans Le Cercle, je lâche d’ailleurs un morceau très doux, Hombre. Mais bon, qu’importe, une fois dans le Cercle j’étais obligée de tout froisser et d’être cash. En fait, ma musique a évolué avec moi. J’ai toujours voulu faire en sorte que ça colle avec ma réalité, d’affirmer ma féminité. Même en 2013, je pouvais clipper des morceaux en robe, etc.

A l’époque, dans le rap français, c’était très rare de miser sur sa féminité dans le rap.

Au début, j’étais quasiment la seule, mais j’avais l’impression d’être en avance non pas sur l’époque, mais sur moi-même. Peut-être que je n’étais pas complètement prête. Ce n’était pas totalement moi. C’était comme rouler en Porsche et de ne pas avoir de quoi refaire le plein. Je n’avais pas forcément l’impression de mentir, mais plus celle de rêver trop tôt. Aujourd’hui, j’assume ma féminité complètement.

J’avais l’impression d’être en avance non pas sur l’époque, mais sur moi-même

En parlant de féminité, tu as un modèle artistique ?

Il y a eu M.I.A qui a eu une influence de fou sur moi, notamment visuellement. Musicalement, ça n’a rien à voir avec moi, mais je suis sensible à son délire. Elle a une volonté de dénoncer, de dire certaines choses, tout en étant parfois très crue. Il y a tout un packaging aussi, sa musique, c’est du 360 degrés, il y a le fond et la forme… C’est totalement de l’art ! En France, c’est plus dur d’assumer tout ça. C’est souvent grâce à une certaine renommée qu’on peut faire appel à des réalisateurs de fou et avoir de gros concepts. De mon côté, je n’ai jamais voulu ressembler à quelqu’un, car les textes sont de moi et je m’inspire de ma propre vie.

J’ai l’impression que ton projet peut parler à tout le monde, meuf ou mec.

C’est ce que j’ai toujours aimé faire, m’approcher au maximum de la réalité. D’où le titre du projet, Hasta la vie. Histoire de raconter que dans la vie, il y a des hauts, des bas, mais aussi ces moments où on devient plus rebelle, où on a envie de prendre le monde. Je veux parler aussi bien aux filles qu’aux garçons. Je fais très attention dans mes morceaux de ne jamais écrire « il » ou « elle », car en fait on est tous formé pareil. C’est la société qui te pousse à avoir certains goûts, mais on a tous des sentiments et nos problèmes. Je ne veux pas rentrer dans une case de clichés, je veux vraiment parler à tout le monde.

La signature chez Sony, c’est une nouvelle étape pour toi ?

Clairement ! Avant j’étais en indépendant, j’ai dû bosser pour payer mes sessions studios et mes clips, en plus de réaliser mes tenues. Là, c’est une grosse étape, j’en suis super contente. Je n’ai pas à me soucier de tout et je me concentre sur là où je veux arriver. Maintenant, je peux faire ce que j’ai envie de faire. Je suis calme et j’ai la possibilité de changer de style selon les morceaux… De m’exprimer, tout simplement.

J’ai toujours aimé m’approcher au maximum de la réalité

Tu as d’ailleurs fait confiance à Kpoint pour explorer un nouveau style sur « Mamma Mia ».

Au moment de signer chez Sony, j’ai tout fait pour avoir plus de musicalité. Sur Athéna, l’écriture était sombre, mais le morceau chanté. Avec Zone, je reste dans un délire quartier, mais je m’ouvre encore un peu plus. Ensuite,Troisième doigt est arrivé dans un délire très club tout en restant street. Du coup, j’ai bouclé la boucle avec Mamma mia qui part vers d’autres sonorités, c’était vraiment mon but. Cela n’exclut personne et ça me permet de développer ma palette. J’essaye d’équilibrer. J’aime bien le cinéma, l’art… Et une artiste, selon moi, se doit de ne pas se bloquer dans une case. La musique change, l’époque change, les mentalités changent, donc il faut s’ouvrir car c’est dur de sortir d’un style après s’être enfermé dedans. J’espère pouvoir toucher à tout à l’avenir, sans jamais me tromper.

Côté featuring, on pense aussi à la grosse combinaison avec Bolémvn !

J’ai découvert Bolémvn sur Eh Boy, et Quel vie. J’ai kiffé de fou et franchement, une collaboration avec lui c’est parfait. Sur le son, il m’avait demandé de ne pas kicker, sans savoir que je ne voulais pas partir sur ça non plus (rires) ! Au final, ça a donné Quelle erreur qui est une putain de combinaison !

On sent également que tu es marquée par une influence latino.

Les films que j’aimais regarder plus jeune venaient souvent d’Amérique du sud, comme par exemple La cité de Dieu. Je kiffais le mood, y’a très peu de moyens, mais un milliard de messages. Puis dans ces films, il y a toujours un côté famille et certaines valeurs qui ressortent… Sans oublier le brésilien ou l’espagnol, qui sont des langues vraiment belles. Quand je m’imagine partir dans un long voyage, la Colombie et Cuba me viennent à l’esprit. Au final, cette envie des vibes latines, ça ne vient pas de Maluma ou de Drake et de Bad Bunny. Je pense plutôt à des classiques comme Tchan Thcan du Buena Vista Social Club, dont je me suis inspiré pour Il me dit.

J’ai vraiment été marquée par le film Léon de Luc Besson, j’ai donc essayé de rendre hommage à ma manière au personnage de Mathilda

Au final, on peut dire que tu as cherché à représenter une image de hustler au féminin sur « Hasta la vie » ?

Surtout sur les sons Maria et Matilda. Dans Maria, il y avait un côté pègre à l’italienne. Je voulais montrer qu’une fille pouvait se venger, montrer que je ne fais rien pour attendre des choses en retour. Ensuite, j’ai vraiment été marquée par le film Léon de Luc Besson, j’ai donc essayé de rendre hommage à ma manière au personnage de Mathilda Lando. J’ai voulu retranscrire la puissance du film dans mon morceau et en faire une nouvelle version, comme un Léon 2.

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