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Lyms de Sète à 7Vie [PORTRAIT]

Lyms de Sète à 7Vie [PORTRAIT]

Rencontre avec l’artiste de Sète à l’occasion de la sortie de son EP « 7Vie », entre football, mélodie et envie de bien faire.

Crédits photos : Antoine Ott.

Sète, petite ville du sud au caractère bien trempé. Face à la mer, elle a abrité de nombreux tournages de films plus ou moins cultes, mais aussi son lot d’artistes et de rappeurs. Certains se plaisent d’ailleurs à donner une nouvelle vie à la cité, sous l’étiquette d’une nouvelle génération qui n’a plus de frontières musicales. C’est le cas d’un Lyms qui a récemment dévoilé son EP 7Vie. Aussi à l’aise textuellement que dans la mélodie, il use de plusieurs armes pour se faire entendre, mais toujours en misant sur des expériences personnelles… Voilà qui valait bien une rencontre.

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Un drôle de parcours

S’il est aujourd’hui un digne représentant musical de la ville de Sète, Lyms a dans son parcours fait quelques infidélités à sa cité et au micro. En effet, en grandissant notamment entre Nice et Toulon, pratiquant le football à un bon niveau, le bonhomme s’imaginait sans doute loin des studios. Mais comme le hasard fait bien les choses, les chemins de la vie ont emmené ce gars du sud en cabine. L’histoire n’est pas drôle, certes, mais forge le caractère de l’artiste, comme il l’explique : « J’ai eu l’osgood, une affection du genou. Pendant trois ans, ça c’est mal passé. Au même moment, mon meilleur ami a attrapé la mucoviscidose, la maladie qui a emporté Gregory Lemarchal. Il m’a poussé à rapper car je ne faisais plus de football. De son côté il écrivait et allait au studio. »

Des débuts qui marquent le point de départ d’une sacrée aventure, lui qui dix ans plus tard, sort son premier EP, 7Vie. Agé de 14 ans à l’époque, le rap n’avait pas encore pris le pas sur sa vie, comme il le reconnaît : « Je ne connaissais rien à la musique. Au mieux, j’écoutais juste Gravé dans la roche de Sniper lorsque ça passait sur Skyrock. Je l’ai accompagné et sur un son, il manquait un couplet et je m’y suis essayé. Aujourd’hui, mon ami ne rappe plus, mais il est super content de ce qui m’arrive. Tout ça, c’est grâce à lui. »

Je suis passé de ripeur à rappeur

Un tremplin comme aucun autre, mais qu’il concrétise seulement aujourd’hui, après d’autres épreuves de la vie : « J’ai arrêté la musique pendant quelques années. Le temps de me ressourcer à Sète. J’ai travaillé à McDo et comme éboueur. Je suis passé de ripeur à rappeur (rires). Je me suis dit que j’étais en train de déconner, que je ne pouvais pas faire ça toute ma vie. J’étais malheureux, pas motivé. Depuis que je fais de la musique tout a changé. »

Couteau suisse musical

Passé par le foot et des jobs alimentaires, Lyms sait ce qu’il en coûte pour s’assurer un avenir micro en main. Mais là où les rookies ont tendance à s’enflammer après un premier son enregistré en studio, lui étudie. Comme dans une sorte « d’école du rap », il sait ce qu’il a à faire pour monter le curseur d’un cran, passer les étapes : « C’est après une petite expérience en groupe que j’ai compris que je pouvais faire quelque chose avec la musique. J’ai essayé de mieux comprendre le rap, d’écouter les artistes, leurs manières de poser… Et je me suis demandé quelle était ma valeur ajoutée. A ce moment-là, le rap avait remplacé le foot et je me suis mis à tout analyser. »

Une manière de fonctionner qui ne le lâche plus : « Aujourd’hui encore, je vais regarder toutes les interviews, écouter tous les albums. Quand certains allaient au studio pour faire un son, moi j’y allais pour progresser. Mais parfois, je ne me considère même pas comme rappeur à 100 %. Je trouve que chanteur ou artiste, ça colle mieux, car je suis ouvert… »

Quand certains allaient au studio pour faire un son, moi j’y allais pour progresser

Car oui, si Lyms sait faire la différence textuellement, la mélodie a une place particulière chez lui. Comme une évidence de cette appartenance à une nouvelle génération, il abonde sur cette fameuse mélo : « Les toplines, les mélos… c’est mon truc ! Je trouve que j’arrive à avoir une plutôt bonne alchimie entre mes paroles et mes mélodies. Grâce à ça, tu peux faire passer plus d’émotions, plus de messages. Les rappeurs old school peuvent avoir des paroles touchantes, beaucoup plus que moi, mais j’essaye de remplir la même mission avec mes mélodies. Je pense que la pop urbaine, c’est le truc de notre génération. »

Une dérision à toute épreuve

Il faut dire qu’à Sète, le hip hop a sa place et cela depuis pas mal d’années. Avant même que le genre ne prenne possession de tout l’hexagone, la rime acide et populaire d’un certain Georges Brassens avait placé la cité sur la carte des musiques contestataires. Evidemment, quand il s’agit de causer chanson au sens large, Lyms se réfère à cet aîné particulier, parti au début des années 80 : « A Sète, il n’y a pas seulement une culture rap, il y a surtout une vraie histoire musicale. Pour nous, le premier des rappeurs, c’est Georges Brassens. Au niveau des paroles, ça veut dire quelque chose. C’est un truc de fou, tu peux écouter tous ces sons même aujourd’hui. Mon son préféré de Brassens, c’est « La putain de toi ». C’est le premier artiste francophone à faire de la musique hardcore. Chanter « La putain de toi » à l’époque, ça choque (rires). »

Plus loin, il évoque également Demi Portion qu’il voit comme l’un de ses descendants et avec qui il a signé le morceau J’ferais Pas. Des artistes qui ont sans doute poussé le jeune Lyms à ne pas se mettre de limites au moment de gratter la feuille. Amour, amitié, faits de société, dérision et anecdotes sur des soirées les poches vides… Tout y passe dans son projet 7Vie avec les titres Zina, ISS, Peur ou Encore.

je ne me considère même pas comme rappeur à 100 %

C’est bien simple, pour lui pas questions de prendre de pincettes : « Si j’ai besoin de parler d’un sujet tabou, j’y vais. Je suis sans filtre et parfois, ça m’arrive, notamment sur des sons qui parlent d’amour, de m’inspirer de la vie de mes proches. Ma musique, ce n’est que du réel. C’était important d’être pertinent, de montrer ce dont j’étais capable. Je pense qu’il faut essayer de transmettre un message à chaque son. »

Son credo pour la suite à venir ?

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