Actualités Musique

Les Secrets de la Création de « J’ai vu » de Rémy

Les Secrets de la Création de « J’ai vu » de Rémy

Entrez dans les coulisses de « J’ai vu », le morceau qui a lancé la carrière de Rémy…

Dans le cadre de La Sélection du mois de mars consacrée à Rémy, Booska-P vous fait vivre le septième volet des Secrets de la Création, un concept qui retrace la vie du morceau le plus important de la carrière d’un artiste. Rappeur ou autre, chaque acteur de la scène musicale connaît un titre dans sa carrière qui lui fait passer un cap. Cela peut être celui qui lui fait découvrir sa vocation, celui qui lance son ascension, celui qui marque une nouvelle direction artistique ou bien encore celui qui le fait exploser aux yeux du grand public. C’est le morceau J’ai vu qui a révélé Rémy au public. Un titre paru sur la mixtape Banger 3 de Mac Tyer, qui lui a laissé une piste entière pour exprimer son potentiel. Rémy y donne sa vision de la vie en banlieue avec une authenticité et une précision devenues rares.

De la chambre au studio

C’est mon premier million de vues

Pour le jeune rappeur d’Aubervilliers, J’ai vu a lancé sa carrière et marqué son premier million de vues : « C’est le titre qui m’a révélé. C’est le son sur lequel j’ai fait le plus de vues. Avant je faisais beaucoup de sons, j’en avais sorti une quinzaine et j’avais pas dépassé 1.000 vues presque, donc le premier million c’était celui-là, et j’en avais toujours rêvé. Ca a été quelque chose. C’est pour ça que ce titre est marqué en moi » explique Rémy.

Au-delà des chiffres qui ont contribué à lui donner une belle visibilité, le morceau a surtout présenté le bonhomme et ses qualités d’écriture. C’est dans sa chambre que tout se passe, l’inspiration s’amène et la feuille noircit : « Je me mets sur mon ordi, je mets mes écouteurs, je mets l’instru et c’est là que naît un morceau. Que ce soit Rémynem ou que ce soit un titre qui marche pas, c’est comme ça que naissent tous mes morceaux ». Et J’ai vu n’a pas dérogé à la règle et est né d’une envie pour Rémy de parler de tout ce qu’il a vu.

C’est pas un professeur, Socrate

Il l’écrit très rapidement, sans gros effort pour rassembler tous ses souvenirs vécus : « C’est un des morceaux que j’ai écrit le plus vite, je sais pas pourquoi. Je peux écrire un couplet et me dire ‘bon vas-y je reviens dessus après’ mais celui-là ça a été super vite ! » raconte l’artiste. Une première phrase peut tout déclencher chez Rémy et s’imposer comme un thème de morceau.

Malgré le rôle qu’il occupe aujourd’hui dans la carrière du jeune artiste, Mac Tyer n’intervient jamais dans le processus d’écriture : « Il m’a jamais conseillé sur ma manière d’écrire, c’est pas un professeur So’. Il me donne les bons conseils mais il me dit pas de quoi parler dans un texte, c’est comme un grand frère. On a une relation particulière, on peut être en studio et rigoler, ou on peut vraiment se prendre la tête sur la musique ».

Il s’est levé et il a dit ‘celui là est dans Banger 3’

La prod’ du morceau, débarqué dans un lot d’instrus envoyés par les Suisses d’Ovaground, a conquis Rémy instantanément. Rémy se souvient : « Ovaground m’avait envoyé une petite palette. C’est des Suisses et ils sont super forts, ils font plusieurs de mes titres. J’ai kiffé direct parce que je trouve que ce qu’ils font ça me ressemble un peu ».

L’équipe de beatmakers ne connaissait pas encore le jeune artiste mais envoyait régulièrement des prods à l’équipe de Mac Tyer, par l’intermédiaire des producteurs Seven & Mohand : « Soit on nous demande des trucs précis et à ce moment-là on part dans la direction demandée, soit on produit comme nous on le sent et on essaye d’être polyvalents. Comme ça on propose une large palette et eux ont juste à écouter et à piocher » explique Malik, l’un des membres d’Ovaground.

Pour J’ai vu, le producteur compose une instru teintée de mélancolie : « Pour cette prod’ je suis parti tout simplement sur une ambiance mélancolique assez simple, avec quelques petits effets de loop sur les accords. Après j’ai mis une batterie assez simple, avec juste une petite originalité dans la caisse claire qui a une espèce de texture particulière. C’est un morceau assez classique en fait. On a essayé de rester simple, on a pas cherché à se démarquer ou faire quelque chose de fou. »

Il était choqué

Le rendez-vous est pris en studio, avec la présence de Mac Tyer, venu assister à l’enregistrement du morceau. On était au studio et j’ai fait le texte en une fois. Il y avait un peu de monde au studio, il s’est levé et il a dit ‘celui là il est dans Banger 3’. Il a dit ‘Wow’, parce que je lui avais pas fait écouter, il était choqué. Il m’a fait une grosse faveur parce qu’il faut savoir que mettre le son d’un rappeur quand t’es pas en featuring avec lui, c’est beaucoup. Il m’a accordé un single dans son album donc c’était quelque chose d’énorme.

La cité, plus vraie que nature

On montre la réalité de la cité

L’idée de réaliser le clip J’ai vu dans son quartier de Pont Blanc lui tenait à coeur. Pour ce premier clip, il échange quelques idées avec l’équipe de réalisation de La Sucrerie, à l’origine notamment du visuel de La mélodie des quartiers pauvres de Jok’Air : « C’est important de montrer d’où on vient surtout quand on est pas connu donc j’ai voulu tourner dans ma cité. Et c’est eux qui m’ont parlé des fresques. Ce délire de : on croit que j’suis à la plage, on croit que j’suis dans une villa, à la montagne et en fait ça recule et j’suis toujours dans ma cité. C’est un peu ça le message du clip. »

La journée de tournage est froide le quartier est très calme. Quelques plans montrent la vie ordinaire de la cité, des bons moments qui contrastent avec la dure réalité décrite par Rémy dans le son : « Les images du clip, c’est même pas les bons trucs de la cité, c’est la réalité de la cité. Trois, quatre petits qui mangent un grec, ils se le partagent, c’est ça la rue. On a juste voulu montrer les vraies images, les images fortes de ceux qui ont grandi dans la cité ou même ceux qui connaissent pas la cité pour qu’ils puissent découvrir comment ça se passe ».

Certains n’étaient pas prêts à entendre ça

Au mois de juin, Mac Tyer apparaît dans une vidéo où il présente Rémy en tant que nouvelle signature du label Def Jam. Quatre jours plus tard, le clip J’ai vu sort, la France découvre Rémy. C’est son premier single en label. Et le rappeur se remémore certaines réactions de son entourage : « On sort le clip mais moi avant je freestylais dans ma cité, j’étais posé au quartier et je faisais des freestyles lourds, énervés, tout ça . Beaucoup de mecs de ma cité ont kiffé mais il y a une petite partie qui me dit encore aujourd’hui ‘moi j’ai pas aimé J’ai vu’. Ils ont toujours été sincères avec moi. Après quand j’ai sorti On Traine ils m’ont dit ‘c’est bon j’ai capté, j’ai kiffé de fou’. En fait ils étaient pas habitués à écouter ça. Peu de personnes font ce genre de sons avec un message, certains n’avaient pas compris. »

D’autres n’ont pas apprécié le titre de prime abord mais ont compris plus tard ce que dégageait le morceau, notamment la notion d’évasion qui en émane, avec des termes comme « bateau » ou « planète » que peu ont l’habitude d’entendre dans le rap.

« C’est Rémy », son premier album

Je fais de tout moi

Au fil des mois, Rémy a travaillé son écriture et peaufiné sa musicalité en studio au côté du Général jusqu’à présenter le vendredi 23 mars son tout premier projet : C’est Rémy. Ovaground, à l’origine de l’instru de J’ai vu ont, pour cet album, composé les prods de Binks et Lebara, dans un registre musical bien différent de son premier single. Cette carte de visite est la promesse d’une palette plus large d’inspirations, entre rap conscient, egotrip et ambiançant : « Il y a de tout dans mon album : des sons d’été comme Un peu ivre , Dans le binks, des titres énervés avec l’Intro, Lebara, Bandit, Pas Besoin et des sons plus mélancoliques comme Du haut de ma tour, Notes de piano, Renoncer. Mon album est mélancolique de base mais il n’y a pas que ça. »

Impossible donc, que Rémy soit résigné à occuper une case, un genre précis. Et c’est tant mieux pour les auditeurs, et pour celui qui donnera un concert le 4 mai prochain dans la salle du Bataclan avec Mac Tyer, son mentor.

Pour vous refaire tous les singles de Rémy, abonnez-vous à Apple Music. Les trois premiers mois d’essai sont gratuits. Et si vous avez la chance d’être encore étudiant, vous ne payerez que 4,99 euros par mois !

Top articles

Dossiers

VOIR TOUT

À lire aussi

VOIR TOUT