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Le rap et les marques : responsabilités et hypocrisies.

Le rap et les marques : responsabilités et hypocrisies.

Hier la boisson Moutain Dew s’est séparé de Lil Wayne à cause de ses textes polémiques.

Ce vendredi la marque Pepsi qui distribue la boisson Mountain Dew (une sorte de Sprite) a envoyé une déclaration sèche et sans appel : « la référence insultante faite à une icône des droits civils ne reflète pas les valeurs de notre marque ». « Beat the pussy up like Emmett Till » C’est cette punchline de Weezy dans le remix du titre Karate Chop de Future sorti ce début d’année qui est mise en cause. Pas très élégant de sa part, irresponsable mais surtout très irrespectueux.

Beat the pussy up like Emmett Till

La mémoire d’Emmet Till salie par Weezy.

Emmett Till est un adolescent Noir assassiné en 1955. Alors qu’il était en visite dans le Mississippi, le jeune garçon de 14 ans aperçoit une jeune fille Blanche et la sifffle. Grave erreur : Emmet Till est roué de coups par des Blancs qui le laisse mort et le visage défiguré. Les assassins ne seront pas inquiétés par la justice : à l’époque l’Amérique est encore ségrégationniste. Cette histoire est entrée dans l’histoire des Etats-Unis car lors de l’enterrement, la mère d’Emmet Till a choisi de laisser le cerceuil ouvert pour que l’on voit le visage défiguré de son fils. Revenons en 2013. Lorsque la famille d’Emmet Till entend la phase de Weezy ils demandent simplement que Lil Wayne s’excuse. Il ne le fera jamais. En début de semaine Lil Wayne – comprenez son management – envoie enfin un communiqué. Il indique en substance qu’il a un « immense respect pour les gens qui se sont battus pour que les Afro-Américains soient libres ». Malheureusement jamais Lil Wayne n’utilise le mot « excuse ». La famille Till rejetera ce communiqué. Hier c’est donc Pepsi une multinationale qui a tranché en faveur du respect de la mémoire d’un jeune homme martyr. Honteux.

Ce fiasco réveille un nouveau débat aux Etats-Unis.

Après l’affaire Reebok et Rick Ross, Weezy est le deuxième artiste qui est sanctionné pour ses textes. Dans les deux cas on remarque que ce sont des morceaux de mixtape. Ensuite les artistes ne semblent pas prendre la mesure de ce qu’ils balancent dans leurs textes. Enfin lorsqu’ils sont pris la « main dans le sac » ils rechignent toujours à s’excuser. Est-ce de la désinvolture ? Où ils estiment être au dessus de tout cela. On pense qu’il y a un peu des deux. D’un autre côté, ces marques qui signent des deals avec des rappeurs populaires sont aussi hypocrites. Elles profitent largement de l’image de ces rappeurs mais lorsqu’il y a une menace de scandale brandissent directement la carte de leurs « valeurs ». Les tonnes de drogue vendues par Rick Ross dans ses cinq albums rejoignent-elles les « valeurs » de Reebok ? Les litres de codëine avalées par Lil Wayne dans ses textes correspondent-elles aux « valeurs » de Moutain Dew ?

On est curieux de voir comment tout cela va évoluer dans les prochaines années. Qu’en pensez-vous ?

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