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Landy, vrai et passionné [PORTRAIT]

Landy, vrai et passionné [PORTRAIT]

Le représentant de Saint-Denis revient sur la conception de son opus « Assa Baing ».

Mis en lumière par notre émission Wesh, Landy se confie aujourd’hui en longueur chez Booska-P. L’occasion d’aborder la conception de son opus Assa Baing, mais aussi sa relation avec sa fille et son passage par la case prison.

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Entre galère et passion

Avant de débarquer avec Assa Baing, Landy a découvert le rap comme beaucoup d’autres de ses collègues made in 93. C’est après un freestyle dans un foyer de jeunes que l’homme s’est forgé. Comme il le dit lui-même, « on m’a incité à continuer ». Car oui, lui ne s’imaginait pas faire carrière dans le rap. Embarqué dans ce délire, il ne lâche pas, marquant la toile avec des morceaux tels que Comme un Bloodz, dans lesquels il imprime sa marque de fabrique, des paroles certifiées par la rue sur de sacrées mélodies, ambiançantes comme jamais.

Le passage en prison, cela a pu me servir. Grâce à ça, j’ai pu être posé, cela m’a donné du temps pour écrire et réfléchir

S’en suivent des validations en tout genre sur les réseaux sociaux, avec des big up en règles signés MHD ou bien Kingsley Coman. De quoi s’imaginer déjà arrivé ? Très peu pour le jeune homme de Saint-Denis, qui voit simplement là le résultat de son travail : « C’est le travail qui te pousse à avoir ça. Il ne faut pas atteindre le million de vues sur un clip et te dire que c’est bon. Ce n’est pas comme ça qu’il faut voir les choses. Si on compare mes premiers sons à ceux de l’album, ça n’a presque plus rien à voir, c’est une autre manière d’aborder ma musique. J’ai tracé ma route en essayant de m’imposer une éthique de travail, malgré les petites galères ».

La prison est d’ailleurs une de ces « petites galères » qui viennent stopper un temps sa progression. Philosophe, il préfère aujourd’hui ne pas s’attarder sur la question. Pour notre rappeur, « c’est un mal pour un bien », lui qui rappelle que son freestyle Booska Skalape a été enregistré à sa sortie : « Le passage en prison, cela a pu me servir. Grâce à ça, j’ai pu être posé, cela m’a donné du temps pour écrire et réfléchir. Le freestyle Booska-P, je l’ai écrit en cellule. Avant, je n’écrivais pas, je gardais tout en tête grâce à une instru, c’était simplement à l’instinct ».

L’amour de la mélodie

Comme écrit un peu plus haut, ce qui marque chez Landy, c’est cet amour inconditionnel de la mélodie. Rappeur les deux pieds collés au bitume, il a les idées loin de là, concentrées sur ce que peut offrir la musique au sens large : « La mélodie, c’est clairement grâce à ça qu’on m’identifie. Moi, j’aime tous les sons dans lesquels il y a de la guitare. Dès qu’il y a de la mélodie, je suis là. Je peux même écouter des sons seulement grâce à une instru ». Street, mais du genre à vous faire bouger la tête et le reste avec, il travaille en fonction de ses qualités : « Soit je vais trouver un thème, écrire en fonction de ça et travailler sur une mélo. Soit je commence tout simplement par trouver un air pour ensuite poser dessus. Avant, je n’aimais pas écrire au studio, j’étais plus du genre à écrire calmement à la maison ».

Je ne suis pas dans les délires pro-rap, je veux que ma musique soit écoutée par tout le monde

Dès lors, il est légitime de se demander d’où vient cette passion, cet amour pour la mélo, qu’on retrouve sur Mytho, Le Dyonisien et bien d’autres de ces titres. « Peut-être que ça vient de ce que j’écoute. Depuis que je suis tout petit c’est comme ça… Cela me suit depuis très longtemps. Plus jeune, j’aimais m’inventer des délires. Je peux écouter du rap, comme des sons plus love ou d’autres styles. Dans n’importe quel type de musique, il y a toujours un truc auquel tu peux te raccrocher, un truc que tu kiffes. Je m’arrête là-dessus, ça peut-être une voix, un moment particulier d’une instru ou autre chose » explique l’artiste.

Ainsi, il ne se confond pas dans la sur-représentation de son département et dans le kick pur et dur qui colle parfois à la peau de la Seine-Saint-Denis. S’il est très heureux d’avoir été invité sur le projet 93 Empire, Landy veut que sa musique parle à tous : « Moi, je ne suis pas dans les délires pro-rap, je veux que ma musique soit écoutée par tout le monde. Je peux passer des journées entières sans écouter de rap. La musique, si elle me parle, je l’écoute. Peu importe si mes potes se foutent de ma gueule ». Quand on vous dit qu’il s’agit d’un passionné…

Un projet complet

Le vendredi 8 mars, ce sera donc au tour du projet Assa Baing de faire la différence et d’imprimer pour de bon le personnage de Landy dans le game. Un opus fort de 17 titres dont des featurings avec rien de moins que Naza, Jul, Heuss L’enfoiré, Marwa Loud et Dadju. De tels invités, un « honneur » pour le rappeur : « Je remercie tous ceux qui ont participé au projet, on a réussi à avoir une grosse liste. Les featurings, ça se joue également au feeling. Là, je n’ai que des personnes que j’apprécie. Il s’agit d’artistes qui aiment bien ce que je fais, donc ça facilite les choses. Ce ne sont pas des collaborations forcées ».

Avec ma fille, on est vraiment fusionnels tous les deux. Du coup, il y a plein de sons travaillés grâce à elle

Deux autres éléments viennent d’ailleurs donner au disque une saveur assez particulière. DJ Bellek, tout d’abord, « un professionnel au gros palmarès capable de dire ce qui va et ce qui ne va pas »… Mais également la fille de Landy ! Tout comme DJ Khaled qui a fait de son fils Asahd son plus proche conseiller, le rappeur échange avec sa progéniture : « Je ne sais pas comment l’expliquer, mais on est vraiment fusionnels tous les deux. A la maison, lorsque je mets des prods et que je vois qu’elle ne suit pas, je change d’instru. Du coup, il y a plein de sons travaillés grâce à elle. Elle ne m’aide pas directement, mais si je vois qu’elle me suit, c’est un plus (rires) ». Une enfant qui est d’ailleurs sa première fan, de quoi le pousser à réviser ses textes : « C’est touchant, ma fille connaît tous mes morceaux. Lorsqu’on est en voiture, c’est même elle qui choisit. C’est pour ça qu’aujourd’hui, j’essaye de ne pas être trop grossier, car elle le remarque ».

Avec un projet en stock, Landy pourrait lever le pied et se reposer sur ses lauriers. Cependant, il n’en n’est rien. Le bonhomme nous assure en effet qu’il est déjà concentré sur la suite : « Je vais continuer à enregistrer des sons jusqu’à ne plus avoir de force. A la base, faut bien se dire que la musique est une passion pour moi. Tant que je kiffe, je ne lâche pas ».

Difficile de faire autrement pour lui, quand on sait qu’il y a une poignée d’années, Landy était loin de tout ça : « Savoir que des gens t’écoutent et que tu peux aller à leur rencontre sur scène… C’est quand même un truc de fou. Il y a encore deux ans, je n’imaginais même pas ce genre de choses ».

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