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La Trap est-elle en train de «tuer» le Rap Français ? [CHRONIQUE]

La Trap est-elle en train de «tuer» le Rap Français ? [CHRONIQUE]

Le phénomène identitaire issu du sud des Etat-unis est devenu un véritable fléau contre-productif dans l’hexagone…

On ne sait même plus vraiment de quoi on parle… La « Trap music », au sens originel du terme, définie le style de Hip-Hop que l’on retrouve depuis plus d’une décennie dans le Sud des Etats-Unis. Son centre névralgique est géolocalisé dans la ville d’Atlanta, rendue célèbre dans le monde entier à travers des artistes à la renommée internationale tels que T.I, Migos, 2 Chainz, Gucci Mane ou encore Young Jeezy. Recette maison, la « Trap music » tient sa nomination des lieux de traffics de stupéfiants nommés « Trap House » où les trappes d’aération servent à l’approvisionnement. Progressivement, libéralisme et mondialisation aidant, cette musique a quitté le quartier, perdu de sa spécificité et vu son essence être diluée dans un torrent d’ignorance. Souvent mélangée et/ou confondue avec d’autres courants comme le Drill de Chicago, voir même de l’électro, la Trap music s’est exportée à travers le monde et semble aujourd’hui simplement consister à poser de manière sacadée sur des instrus à gros beats et au faible BPM. Le grand-père conservateur qu’est la « Dirty-South » doit s’en retourner dans sa tombe.

La dictature d’un modèle

De par la simplicité de son modèle, le phénomène a largement participé à vulgariser la pratique du rap et la rendu accessible à n’importe qui. Si l’arrivée d’une nouvelle vague d’apprentis rappeurs n’est pas en soit une mauvaise chose, la faible qualité des morceaux qui en découlent est une conséquence bien plus facheuse pour la pérennité du Hip-Hop dans sa globalité. Aujourd’hui, il est devenu difficile et risqué de se démarquer d’un mouvement boosté par la réussite d’artistes tels que Kaaris, Gradur et consorts. Une dictature s’est mise en place coupant les ailes à toute volonté d’initiative ou de changement. Du moins jusqu’à ce que l’on nous dicte une autre consigne depuis l’autre côté de l’Atlantique. S’il est facile de dénoncer l’impérialisme américain, il semble beaucoup plus compliqué de le faire dans tous les domaines. Dans l’hexagone, la contagion a mis moins de deux ans à placer le Rap français en phase terminale sur son lit d’hôpital.

L’impérialisme est également culturel

Dire que le Rap Français court un grand danger n’est pas céder à l’alarmisme…L’uniformité menace réellement notre conception du Hip-Hop et les spécificités qui lui font de la France un acteur majeur de cette culture à l’international et pas simplement un faire-valoir des Etats-Unis comme dans beaucoup (trop) d’autres domaines. Sous l’influence d’américains le plus souvents attardés, drogués et alcooliques, les nouvelles générations tendent à copier machinalement ce qu’on leur met en avant sur Youtube. S’en suit une pseudo-gangstérisation du rap qui privilégie la forme aux dépends du fond, pour un résultat le plus souvent ridicule et décalquable à l’infini. A croire que des slogans tels que « Jamais dans la tendance mais toujours dans la bonne direction » trouve désormais moins d’échos qu’un banal  » Versace, Versace, Versace, Versace ». Trap = piège en anglais, on était pourtant prévenus…

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