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La Fouine, un « Aller-retour » vers l’apogée

La Fouine, un « Aller-retour » vers l’apogée

Dix ans après, coup de projecteur sur le deuxième album du rappeur de Trappes (78).

C’est un voyage qui l’aura mené sans escale dans la cours des grands… Dans l’immense pièce qu’est le rap français, La Fouine fait depuis longtemps partie des meubles. Une carrière riche de près de 15 ans passés sur le devant de la scène qui aura accouché de plusieurs classiques et de morceaux aussi pointus que son ex-barbichette. Parmi eux, nombreux figurent sur Aller-retour, un album qui fête aujourd’hui son dixième anniversaire et qui regorge de titres références. Une production qui aura fini par asseoir un style singulier et un statut de poids lourd du rap hexagonal. Si Laouni a d’abord multiplié les allers-retours en foyers et derrière les barreaux, c’est finalement à travers celui réalisé sur le plan artistique qu’il s’est réellement accompli.


Max de 109 mais pas que…

Mis en lumière par un concours Skyrock (Max de 109 en 2003) comme se plaît à le rappeler Booba, La Fouine possédait alors déjà un bagage important, que ce soit musicalement ou judiciairement. Entre école buissonnière, visites des huissiers et actes de délinquance, l’homme se forge aussi et surtout par l’amour de la musique durant son adolescence, encouragé dans cette voie par un père qui le pousse à découvrir différents instruments. Dans son quartier de Trappes, celui qui n’est alors qu’un jeune homme commence à faire parler de lui par son rap… Il anime notamment des ateliers d’écriture pour les plus jeunes dans les cités. Lorsqu’en 2001 il sort son premier EP J’avance, le phénomène prend de l’ampleur jusqu’à passer les portes de la radio estampillée « Premier sur le rap ».

Deux années charnières

Les évènements s’enchainent alors pour l’artiste. La paternité, un contrat en maison de disques, une mixtape nommée Planète Trappes dans les bacs et la perte de sa mère, le tout en seulement deux ans. Lorsqu’il sort Bourré au son en 2005, la vie a fait de La Fouine un homme, le reste, c’est son talent qui s’en chargera. Un premier effort qui possède les qualités de ses défauts. Que ce soit dans l’apparence et dans la musicalité, on ressent une très (trop) forte influence « West Coast » dans ce que La Fouine propose. Si les ventes du projet ne sont pas exceptionnelles, cela permet de découvrir quelques gros sons (autobiographie, C’est ça…) et de lui offrir ses premières rotations (Unité feat J-Mi Sissoko). Un premier orteil dans l’industrie qui sera rapidement suivi d’un saut à pieds joints.

Une bipolarité payante

En l’espace de quelques mois, La Fouine va passer du statut d’espoir à celui de talent confirmé, la conséquence d’un album considéré encore aujourd’hui par certains comme le plus abouti de sa carrière. C’est en 2007 que l’artiste va mettre le rap français à ses pieds. Aller-retour, un deuxième album combinant succès d’estime et consécration commerciale avec un premier disque d’or décroché (plus de 100 000 copies écoulées). On aperçoit alors déjà la schyzophrénie artistique d’un MC capable de sortir des ballades devenues des hits en puissance (Tombé pour elle, Quel est mon rôle…), des morceaux introspectifs (Qui peut me stopper, Drôle de parcours, Je regarde là-haut, Le coeur du problème…) et des bangers destinés à la rue (Reste en chien, Banlieue Sale, On s’en bas les c******…).

Le sens de l’entourage

Cette polyvalence, couplée à la force de frappe de ses featurings, offre la recette idoine à celui qui ne cuisinait pas que des aliments dans sa cuisine. Avec les collaborations d’Amel Bent et de Booba, La Fouine s’assure du soutien de deux poids lourds exerçant dans des domaines diamétralement opposés tandis que Gued’1 et Kennedy sont alors des valeurs montantes. Habile communiquant et fin stratège, La Fouine sait parfaitement faire le nécessaire pour élargir et contenter son public ou plutôt ses différents publics. Cet album marque donc le début de ce que certains verront comme une permanente contradiction là où d’autres mettront en avant la largeur de la palette musicale d’un artiste qui n’a depuis jamais vraiment cessé de cliver. Un état de fait presque devenu une marque de fabrique…

Les montagnes russes

10 ans plus tard, La Fouine a mené sa barque, parfois sous des vents favorables, mais aussi par moment à contre-courant. Entre réussites et échecs commerciaux, omniprésence médiatique et période quasi cénobitique, sans oublier des collaborations qui n’ont d’égales par le nombre que celui de ses clashs, La Fouine souffle depuis longtemps le chaud et le froid. Si on dit que la carrière d’un artiste est faite de hauts et de bas, La Fouine en est indubitablement un. Parfois touché, jamais coulé, le trappiste continue de tracer sa route de manière tumultueuse. Envers et contre tous, l’homme fait, quitte à déplaire. Rien de bien surprenant lorsque l’on sait que depuis toujours, nombreuses ont été les embûches sur son drôle de parcours.

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