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L’impact du COVID-19 sur l’industrie musicale

L’impact du COVID-19 sur l’industrie musicale

Focus sur les problèmes causés par la crise du coronavirus.

Quand est-ce que nous pourrons écouter nos artistes préférés en concert de nouveau ? La question peut paraître secondaire tant de nombreux métiers sont impactés par l’actuelle crise que nous traversons et les restrictions liées au confinement. Cependant, le secteur de la culture, en particulier celui du spectacle vivant, risque de payer une note salée. Un des premiers à fermer (dès début mars, les rassemblements de plus de 1000 personnes ont été interdits), il risque d’être un des derniers à ré-ouvrir, les hypothèses les moins optimistes évoquent déjà 2021.

Le 22 avril, le Président de la République a indiqué que les événements publics ne se tiendraient pas avant la fin de l’été, s’alignant sur les décisions prises pour l’Allemagne, la Belgique, et les Pays-Bas. Ce n’est donc pas demain qu’on chantera sur nos tubes préférés en club, en festival ou en salle de concert.

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L’été s’annonçait pourtant rap

Tournées reportées, dates annulées… Pour de nombreux professionnels de la musique, les mois à venir s’annoncent très flous et l’impact difficile à jauger. La crise du disque du début des années 2000 avec le téléchargement illégal avait fini par se résoudre en un sens, voyant naître les plateformes de streaming. Si certains artistes ont pu se plaindre des taux de rémunération faibles de celles-ci, elles ont pu pallier les chutes de ventes physiques, et permettent d’équilibrer des revenus qui peuvent parfois beaucoup dépendre des lives. Sans les concerts, de nombreux artistes et leurs équipes techniques sont privés d’un grand pourcentage de leurs revenus. Au-delà d’une chance de défendre son projet et d’être au contact de son public, l’étape concert permet de vivre de son art. Le PRODISS (syndicat national des producteurs, diffuseurs, festivals et salles de spectacle musical et de variété) estime à 590 millions les pertes de chiffre d’affaires des musiques populaires de mars à mai.

Au-delà d’une chance de défendre son projet face au public, l’étape concert permet de vivre de son art

Cet été annonçait une part de plus en plus belle au rap dans l’ensemble des festivals francophones. On allait découvrir le duo inédit SCH et Hamza à We Love Green, danser encore sur Niska à Dour, retrouver enfin PNL aux Francofolies. Faute de mieux, la plupart des dates sont décalées à l’été prochain. Mais pour beaucoup de festivals, se remettre d’une édition blanche risque d’être douloureux. « Les gros survivront. Ils reporteront. Les petits ont besoin de mesures immédiates, d’urgence », selon Tommy Vaudecrane, président de Technopol. Difficile de se tourner vers les compagnies d’assurances, car « Ils se couvrent pour la sécurité des spectateurs, celle du matériel, mais pas en cas d’annulation. Ils n’en ont pas les moyens » (Tsugi).

Les organismes et les ministères s’organisent

Cependant, l’aide s’organise petit à petit pour les artistes et les professionnels du secteur. Le Centre National de la Musique a mis en place un fonds de secours de 11,5 millions pour les entreprises du spectacle. En partenariat, Spotify s’est engagé à soutenir cette initiative et à doubler les dons qui seront accordés. Dans un webinaire organisé par le groupe Believe, le CNM a annoncé qu’une prochaine aide concernant la musique enregistrée allait être mise en place. La SACEM a ouvert également un fonds de secours pour les auteurs/compositeurs, entre 1 500 et 5000 euros par profil, ainsi qu’un système d’avance exceptionnel. Pour les éditeurs, leur actuel programme d’aide a été renforcé. Les producteurs peuvent s’adresser à la SPPF ou au SCCP s’ils sont inscrits pour bénéficier également d’aides et d’avances sur recettes. Pour les auto-entrepreneurs, un fonds de solidarité de 1500 euros par profil a été ouvert, pour lequel plus d’1 million de demandes ont déjà été effectuées. Pour les intermittents du spectacle, des mesures exceptionnelles ont été mises en place pour permettre d’allonger les droits aux allocations chômage. Pour les concernés, que vous ayez ou non atteint les 507 heures requises pour le statut, si votre date anniversaire se situe entre le 1er mars et la fin de la période de confinement, vos droits sont automatiquement allongés et votre date anniversaire est (pour l’instant) reportée au 31 mai 2020.

L’aide s’organise petit à petit pour les artistes et les professionnels du secteur

Spotify propose également une nouvelle fonctionnalité aux artistes, permettant d’ajouter directement sur un profil un lien autorisant les fans à envoyer des dons sans que Spotify ne prenne de commission. Concernant les plateformes, TikTok s’est également engagé à reverser 2 millions à MusiCares, qui s’occupe des artistes aux USA.

Pour la plupart de ces aides, l’IRMA propose des formats vidéos sur sa chaîne YouTube qui aident à remplir les formulaires. Le groupement d’artistes la GAM, dont le directeur est Issam Krimi qui organise le Hip-Hop Symphonique, livre une aide gratuite via le cabinet Jouclards Avocats (vous pouvez adresser vos questions juridiques et comptables à contact@lagam.org). Des ateliers de relaxation, de nutrition ou de respiration sont dispensés sur Instagram Live par Sandrine Bileci et la Cura pour ceux qui voient leur bien-être impacté par la situation.

Quelles solutions si les aides ne sont pas suffisantes ?

Cependant, cette aide risque de ne pas être suffisante. Les programmes d’aides sont de merveilleux outils qui peuvent parfois créer des déséquilibres : les aides sont accessibles pour ceux qui en entendent parler, et ceux qui savent comment les remplir. Pour les profils un peu différents, tels que les DJ, beatmakers, managers ou artistes freelance, les formulaires d’aides spécifique risquent d’être difficiles à trouver. Les pétitions poussées par le SNAM (Syndicat des Musiciens) ou signées par Omar Sy et Catherine Deneuve dans Le Monde ne seront sans doute pas suffisantes. Un fonds d’aide aux artistes menés par des artistes a également peu de chances d’exister, malgré l’urgence de l’actuelle situation. Cette crise est peut-être une bonne excuse pour créer de la solidarité au sein d’un métier où il n’y en a finalement pas tant que ça.

Cette crise est peut-être une bonne excuse pour créer de la solidarité au sein d’un métier où il n’y en a finalement pas tant que ça

Si cette période est vouée à se prolonger, elle aura forcément un impact sur le rap. Dans quelle dynamique de promotion pourront se lancer des projets qui ne pourront ni être défendus sur scène ni appuyés par les relais que constituent les grands festivals ? À la reprise, quelle place pour la diversité si les dates des gros artistes annulés viennent en priorité afin de rattraper la trésorerie perdue ? En attendant, il faudra se contenter des concerts en virtuel, comme récemment Travis Scott sur Fortnite, ou Alonzo sur GTA.

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