Actualités Musique

L’Humeur de Yago : Vald, djinn ou génie ?

L’Humeur de Yago : Vald, djinn ou génie ?

Chaque semaine, je vous propose d’aborder un thème d’actualité sous un autre angle, sans obligation formelle ni aucun tabou. Aujourd’hui, le sujet développé est la dimension prise par Vald dans le rap hexagonal.

Bien malgré lui, le rappeur d’Aulnay-sous-bois (93) est en train de devenir l’attraction rap du moment… Voilà bien longtemps qu’un projet de ‘‘babtou undergound », comme il se plait à se définir, n’avait pas provoqué un si grand engouement. En l’espace de quelques semaines, Vald est passé du statut d’artiste en développement (ou d’artiste en galère selon le niveau de vocabulaire) à celui de rookie à suivre. La faute à un double coup de fusil à pompe à chiottes aspergeant la populace de sa « merde » selon ses propres mots. A travers le morceau Bonjour, il se voyait déjà être le fossoyeur de la tendance trap du moment, il l’a finalement amené à dépasser ses limites. Avec selfie, il pensait avoir pondu un titre apocalyptique étouffant pour de bon les derniers balbutiements de crédibilité qui restaient au rap français, il lui a au contraire offert un second souffle. Un double coup de génie marketing, réalisé presque à contre-emploi, qui lui a ouvert à son insu, les portes de la notoriété…« Pourquoi tout le monde parle de Vald, il dit que de la merde c’est grave »… »Ca se voit tu connais pas Vald, c’est un génie, pour comprendre le message de ses textes, il faut savoir qui il est #NQNT » s’amuse-t-on à lire un peu partout. La seule et unique vérité, et elle est tout aussi essentielle qu’incontestable, c’est que Valentin s’en bat les couilles au point d’en avoir des cloques aux doigts…

Magistralement sordide

Qu’on ne s’y trompe pas, il a beau avoir la technique et la palette lyricale d’un trentenaire aguerri au rap français, Vald s’est retrouvé un petit peu là par hasard, preuve que ce bâtard fait bien les choses. Après avoir essayé à peu près toutes les voies professionnelles existantes et essoré une majeure parties des formations possibles, restait Pôle emploi à explorer. Ayant rapidement compris qu’une carrière dans le rap c’était pareil mais en mieux, le voilà propulsé dans un milieu dont il est aujourd’hui une anti-star… adulée. Si son profil est celui du parfait branleur, rappelez-vous que les apparences sont trompeuses, c’est à un artiste perfectionniste que l’on a affaire. Pour preuve, sa tendance maladive à vomir sur ses dernières productions qui s’apparentent pour lui à une déjection canine chauffée par la canicule. Le problème de Vald, c’est celui de l’enfant surdoué qui, par ennui, laisse libre-court à un instinct qui le pousse irrémédiablement à foutre la merde. Entre magie et récurrentes imperfections, ses productions peignent, sans prendre de gant, une réalité volontairement occultée par la plupart des acteurs du rap : celle d’une jeunesse tourmentée, fragile et à même de transgresser les codes sociétaux établis. C’est sûr qu’à force de se persuader que ses mains sont faites pour l’or, il est difficile de les mettre dans la merde. Vald y plonge lui tête baissée pour vous en servir les meilleurs extraits.

Le fils caché de Cersei Lannister ?

Disposant d’une bipolarité artistique (qu’il réfute), Vald est un rappeur à la grande polyvalence, ce qui lui permet de zigzaguer entre les tendances pour mieux s’en éloigner et/ou les tourner en ridicule. Moins psychotique qu’un Eminem et moins lisse qu’un Orelsan, celui que l’on surnomme Sullyvan est un artiste à part entière, un élement perturbateur au sein d’un mouvement en perte de folie qui ne lui fera aucun cadeau. Pissant allègrement sur les codes en sifflotant et ne disposant pas de la gueule de Jude Law, Vald n’a pas vraiment le CV de celui que l’industrie va pousser au premier plan. Si les ventes de NQNT (son premier projet mis en bac) étaient respectables, il y a fort à parier que celles de la sortie du deuxième volet le 25 septembre prochain seront d’un autre ordre de grandeur, en attendant un premier album qui devrait voir le jour courant 2016. C’est assumé, Vald se donne 3/4 ans pour « tout niquer », le voilà à l’aube de son premier anniversaire. En cas d’échec, il pourra toujours opter pour une reconversion dans le défouraillage de p*** à l’arbalette comme son alter-égo le roi Joffrey… Question de vocation.

Top articles

Dossiers

VOIR TOUT

À lire aussi

VOIR TOUT