Le talent brut et indépendant ainsi que le maintient des valeurs ont encore leur place dans le rap français, ils se font juste plus discret…
Le sourire aux lèvres et les sourcis froncés. A l’heure de livrer un constat alarmant sur l’état du rap français, Hugo TSR doit être partagé entre l’envie de laisser éclater un fou rire, ou celle de donner libre court à sa colère… Tel un moine cénobite en quête de spiritualité, parti chercher l’isolement et la plénitude loin de l’agitation du Rap Game, le rappeur du 18ème arrondissement de Paris se trouve aux antipodes d’une large majorité des artistes de sa génération. Depuis maintenant près de 10 ans, l’homme avance seul accompagné de ses fidèles, refusant toute exposition qui pourrait interagir avec l’authenticité de sa musique. Peu de promo, pratiquement pas de radio et une présence limitée sur les réseaux sociaux…l’artiste ne semble pas interessé par la lumière, préférant de loin rester dans l’ombre avec la part de mystère qui l’accompagne.
Le bouche à oreille n’étant pas encore totalement mis en maison de retraite par les réseaux sociaux, Hugo Boss dispose malgré tout d’une communauté de sympathisants très importante pour un artiste underground et qui semble s’attacher à y rester. De La Bombe H (2004) à Fenêtre sur rue (2012) en passant par A quoi ça rime (2007) et Flaques de samples (2008), le MC dispose d’une riche discographie, en solo ou avec le TSR Crew, qui a su séduire par son caractère alternatif. Visiblement passionné par le hip-hop et sa culture, celui qui a commencé par être graffeur est rapidement devenu MC puis producteur et promoteur…Une polyvalence qui lui permet de donner vie à ses projets par lui même de A à Z. Un luxe qui lui permet d’éviter de subir les influences extérieures et de laisser filer le stylo là où son esprit et son pilon le guident.
Pourquoi en parler aujourd’hui alors que le rappeur n’a pas d’actualité ? Tout simplement parce que lorsque le rap hexagonal marche sur la tête et se perd entre divisions et égos, il est important de retourner aux fondamentaux et Hugo Boss est la version la plus contemporaine des valeurs originelles de cet art…Des prods aux textes, en passant par le flow (peut-être parfois un peu trop monotone), tout nous rappel aux bons souvenirs des années 90’s. Une bouffée d’air frais au milieu de l’uniformité actuelle. Quand les produits industriels perdent en saveur, il faut savoir se tourner vers l’artisanat sans crainte ni arrière pensée…« J’suis l’épicier qui lutte face à Carrefour » lâchait-il pour clore le meilleur de ses albums….A la différence qu’ici ce n’est pas plus cher.
