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Krilino, le soleil du Nord [PORTRAIT]

Krilino, le soleil du Nord [PORTRAIT]

Le Lillois se livre à l’occasion de la sortie de son double album « Métamorphose ».

Crédits Photos : Antoine Ott.

Dans un rap qui a entamé sa mue il y a de cela bien des saisons, le Nord apparaît comme une zone parfois délaissée. Si Roubaix a su se faire entendre avec le succès de Gradur, c’est aujourd’hui Lille qui revient sur le devant de la scène grâce à un certain Krilino. Un bonhomme de 20 ans qui a choisi de faire les choses en grand pour son entrée dans le game, dévoilant un double album le 15 mars dernier. Rencontre avec un artiste qui a su se métamorphoser…

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La musique, un rêve de gosse

Loin d’être un mec débarqué du jour au lendemain sur Soundcloud, Krilino est de ceux qui ont pris la feuille et le stylo assez tôt. C’est à 12 ans qu’il prend les choses en main, s’imaginant un futur avec un micro face à ses mots. A l’époque, les classiques du moment résonnent dans la tête de l’adolescent, et lui garde un rêve dans un coin de la tête. Aujourd’hui, à l’heure de la sortie de son projet Métamorphose, il savoure : « Je suis content de mon chemin, il y a eu du travail, des pleurs, des rires… Mais rien n’est encore acquis ! J’avais un petit rêve dans ma tête, à l’image de tous les gamins qui veulent devenir footballeur ou rappeur. Je l’ai toujours gardé en moi ce rêve en espérant qu’il se réalise pleinement, on ne sait jamais, c’est Dieu qui donne ».

Je suis content de mon chemin, il y a eu du travail, des pleurs, des rires… Mais rien n’est encore acquis !

L’enfance, une période pas comme les autres qui a donné un pseudo à notre artiste, en référence à Krilin, célèbre personnage du manga Dragon Ball Z : « Plus petit, j’avais fait une teinture blonde. Et je me suis fait avoir par un grand du quartier qui a tout rasé à la tondeuse. Un autre m’a ensuite surnommé Krilin, vu que j’avais la boule à Z. En rajoutant un petit o, je me suis dit que ça ferait un bon blaze ». Comme une manière de boucler la boucle, il opère avec son nom comme un rappel de qui il est, un gamin de Lille Sud.

Lille, une ville dont il se veut l’un des nouveaux représentants avec Zkr et Anas. Deux artistes avec qui il a signé un sacré cocktail, le morceau Nord Fvce. Une collaboration comme pour placer une bonne fois pour toutes les Hauts-de-France sur la carte du rap français : « On a voulu allier nos forces pour faire un gros morceau. C’est une fierté de représenter d’où on vient, c’est pour cela qu’on l’a appelé Nord Fvce. C’est pour nous trois, pour le Nord. Du coup, ça commence à réveiller les gens, ils assimilent ce qu’on raconte. On se sent de plus en plus soutenus. Maintenant, c’est à nous de défendre notre musique, à nous de travailler ».

Sa métamorphose

Notons que le facteur travail est un élément à ne pas mettre de côté dans l’ascension de Krilino. On fait face à un artiste qui travaille en équipe et qui n’oublie jamais d’en placer une pour les siens car « on ne peut pas gagner solo ». Et même si ce passionné de football admire les attaquants que sont Mohamed Salah, Riyad Mahrez et Karim Benzema, il n’oublie pas ses coéquipiers. Un crew de proches capable de lui dire ce qui va et ce qui ne va pas, ce qui l’a notamment poussé à entamer sa métamorphose…

A un moment, j’ai préféré chanter car rapper, ce n’était plus forcément dans ma ligne. C’est ma couleur, on avance avec elle maintenant

Auparavant tourné vers un rap pur et dur, c’est désormais avec le chant qu’il fait la différence, proposant des morceaux aussi bien ambiançants que mélancoliques : « C’est une transformation qui a eu lieu durant mon parcours. A un moment, j’ai préféré chanter car rapper, ce n’était plus forcément dans ma ligne. C’est ma couleur, on avance avec elle maintenant ». Krilino, c’est donc avant tout un certain style de rap qui peut rappeler celui de Marseille. Et quand on sait que le jeune homme a habité dans le sud, on se dit qu’une nouvelle piste peut être explorée pour expliquer son changement de cap : « Je ne sais pas si ça a eu une réelle importance, mais j’ai écouté beaucoup de sons de là-bas, avec un rap qui fait bouger. Peut-être que mon style vient de là » !

Amoureux de la mélodie aussi bien que du kickage, celui qui « écoute tout le monde » aime citer deux influences assez éloignées : Rohff et Cheb Hasni. Deux artistes qui sont tout de même intimement liés, selon Krilino : « Ce n’est pas la même musique, mais ce sont les mêmes sentiments. L’un le dit en français, l’autre en arabe, mais ça te faire ressentir les mêmes émotions » ! Une combinaison qui explique le style de notre rappeur adepte du grand-écart.

Un double album pour commencer

Véritable facteur X du côté du grand public, le morceau En direct d’Alger a su viser dans le mille. Un titre qui résume tout le personnage de Krilino et qui se trouve être un des plus marquant de Métamorphose. « On a essayé de mettre tous nos ingrédients dans ce morceau. Que toute ma palette soit représentée. Premièrement, j’ai senti que ma voix passait bien. Deuxièmement, j’ai compris que c’était cette couleur que le public cherchait. Et Troisièmement, ça a pris de l’ampleur car je parle de mon pays. Tout le monde peut se reconnaître dedans, même si tu ne viens pas forcément de là » déclare le rookie de Lille pour expliquer le succès du titre.

Je ne me prends pas la tête avec le futur, car je vais oublier ce que j’ai à faire maintenant

Un titre dont le thème peut toucher le public, comme tous ceux abordé tout au long des 24 pistes proposées. Des femmes jusqu’aux galères de la vie, Krilino met un point d’honneur à parler essentiellement de ce qu’il vit, lui qui partage un vécu similaire à de nombreux jeunes d’aujourd’hui. La jeunesse, justement, a en elle une grosse part de culot. Pas pour rien, en effet, qu’il débarque avec rien de moins qu’un double album quand d’autres se contentent de projets plus courts au moment de débuter une carrière : « Comme on vient du nord, j’ai voulu redoubler d’effort. Montrer que nous aussi, on est capable d’être productif. Le fait de faire un double album à 20 ans en venant de Lille, c’est une chose qui peut faire parler. Puis voilà, je suis jeune… Et quand tu entends le mot « jeune », tu penses à une génération agitée. Moi, je voulais dire aux grands que j’étais grand moi aussi, qu’on pouvait être jeune et carré dans le travail ».

Reste donc maintenant à continuer d’être présent sur le terrain du rap game, avec peut-être d’autres projets pour bientôt… Mais avant cela, Krilino, en bon rêveur, dit ne pas se mettre la pression : « Je ne me prends pas la tête avec le futur, car je vais oublier ce que j’ai à faire maintenant. C’est comme un match de foot, il ne faut pas le jouer avant d’arriver sur le terrain. J’attends de marquer… Et de marquer les gens » !

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