Actualités Musique

Kodes, quand le 91 rime avec les US [INTERVIEW]

Kodes, quand le 91 rime avec les US [INTERVIEW]

Rencontre avant l’arrivée de son premier album.

Crédits Photos : Antoine Ott.

Il le dit lui-même, il a « tout donné » au moment de bosser sur son premier album. Cela tombe bien, car Kodes n’est pas du genre à faire les choses à moitié. Venu du célèbre Bat 7, il a commencé sa carrière au sein du duo Mafia Spartiate avant de voler de ses propres ailes en solo. Fan déclaré du rap US, il imprime son rap de références américaines pour des séances de turn up constantes, jusqu’à atteindre un but affirmé : nous faire « oublier nos galères ». Rendez-vous avec le bonhomme, qui vient de dévoilé Méchant V, le deuxième extrait de son attendu projet.

À LIRE AUSSI 
Kodes pilote le « 45 AMG » [VIDEOCLIP]

T’as eu un parcours marqué entre la Mafia Spartiate, le 7 Binks… Comment te sens-tu à l’approche de ton premier album en solo ?

Je suis un nouveau Kodes. Tout ce qu’on a pu voir avant, la Mafia Spartiate notamment, c’est vraiment derrière moi. C’était une très bonne expérience, mais c’est du passé. Là, je me suis recentré sur un nouveau personnage, un nouveau style, un nouveau flow, un nouvel univers !

J’ai l’impression que c’est seulement aujourd’hui que tu as confiance en tes capacités.

J’ai toujours eu confiance en moi, mais je suis un flemmard de ouf (rires). Le rap, ce n’est pas ce qu’il y a de plus difficile pour moi, mais j’ai souvent été fainéant. Le temps que je m’y mette et que je comprenne qu’il y avait quelque chose à faire, cela a pris des mois, des années. Malgré ça, je le répète, j’ai toujours eu confiance en moi.

T’as changé ta manière de travailler ?

Pas forcément, car le rap ça reste une passion. Je fais toujours ça pour m’amuser, si je ne m’amuse pas ce n’est pas bon. On va dire que quand j’arrive au studio, je considère ça comme de l’amusement plus que comme un réel travail. C’est ça qui fait mon style, c’est ce qu’on capte dans ma musique. L’idée, c’est de rester dans un esprit turn up, comme au moment où on enregistre le son. Il faut que ça turn up, que ça saute, que ça parte en showcase, faut que ça crie (rires) ! Ce que je veux, c’est faire en sorte que les auditeurs oublient tous leurs problèmes, qu’ils crient, qu’ils transpirent !

Le turn up, c’est devenu la marque de fabrique. C’est quelque chose qui peut être considéré comme très américain…

Grave, il faut que ça bouge avec des potes de partout. Dans ces moments, on oublie tous nos soucis. Je me suis toujours inspiré de tout ce qui se faisait chez les stars américaines, même vestimentairement parlant. Je peux te citer Chief Keef, j’ai commencé à rapper grâce à lui. Mon rêve, c’est d’habiter dans une maison avec tous mes potes, comme lui. Je sais qu’on est en France et qu’il faut garder l’héritage rap d’ici, mais il faut sortir aussi du lot. Et pour sortir du lot, il faut s’inspirer de ce qui se trouve ailleurs. Moi, je n’ai jamais eu peur d’oser par exemple. Je peux m’habiller tout en rose, je m’en tape, je n’ai rien à prouver. C’est ce qui me donne un côté atypique. Aux Etats-Unis, c’est pareil, ils osent. Les mecs peuvent s’habiller comme ils veulent et faire de l’acting dans leurs clips. J’aime ce genre de délire, ça ramène autre chose.

Il faut simplement rapper ce que tu vis. Si t’es un mec mélancolique, ça s’entendra. Si tu kiffes la vie, ça se ressentira aussi

En fait, tu fais simplement les choses à l’instinct.

Il ne faut pas s’inventer de vies, faire ce qu’on sait faire et vivre sa vie simplement. Dans le rap, faut simplement raconter ce que tu vis. Si t’es un mec mélancolique, ça s’entendra. Si tu kiffes la vie, ça se ressentira aussi.

A part Chief Keef, on imagine que tu as d’autres noms à nous donner.

Je suis influencé par les mecs de plusieurs époques. Il y a chaque année des rappeurs ricains qui te poussent à te renouveler. Il y a eu Chief Keef, Young Thug… Mais aussi DaBaby a Charlotte, Stunna à Vegas, Famous Dex… J’ai aussi été en mode Bâton-Rouge avec NBA YoungBoy, sans oublier Kodak Black qui a eu son délire. En fait j’aime bien kiffer certaines vibes jusqu’à ce que les rappeurs soient down (rires), mais je retiens leur état d’esprit, leur façon d’oser, etc. Il faut garder le meilleur de ces gars-là et en faire son cocktail.

Au niveau des clips, tu as passé un step avec le clip 45AMG.

C’est la première fois qu’on met autant de moyens. On a essayé de faire les choses en mode carré, avec un synopsis, un réalisateur qui s’y connaît, etc. Sinon, habituellement c’est un Air BnB, une cuisine, une caméra, des potes et de la musique. Je n’avais jamais bossé avec autant de budget et c’était un autre travail. D’habitude on s’amuse et là, fallait enchaîner les plans, retourner certaines séquences… Mais ça vaut le coup !

Tu parlais d’un nouveau Kodes en début d’interview. Est-ce qu’on peut dire que ce titre marque justement un avant et un après ?

C’est exactement ça et ce n’est pas pour rien qu’il s’agit du premier extrait du projet. C’est une manière de montrer qu’on a travaillé très sérieusement sur l’album.

Vivre une vie de rappeur tout seul ? C’est simple, ça ne m’intéresse pas. Je préfère partager ça avec mes potes

Comment tu l’as travaillé justement, cet album ?

J’ai bossé la majeure partie du temps en séminaire. En tout j’ai fait deux gros séminaires. D’habitude je kiffe écouter des prods et enregistrer dessus à l’instinct. Là, je me suis entouré de plusieurs beatmakers dans un premier temps, avant de bosser avec un ingé son. J’ai d’abord sélectionné des productions et choisi plusieurs couleurs pour ne pas m’enfermer. J’ai posé, posé et posé, puis on a peaufiné tout ça. Au rayon des featurings, je n’ai ramené que mes frérots. J’aime les gens qui sont vrais et il me les fallait. Je préfère faire confiance aux miens. Force ou pas force, tu viens, tu poses, on fait les choses en famille.

Ce côté famille, on sent que c’est très important pour toi.

Je suis venu dans le rap pour ça. Si ça pète, c’est avec les miens. Moi et mes frères, faut qu’on voit cette vie-là. Vivre une vie de rappeur tout seul ? C’est simple, ça ne m’intéresse pas. Il faut que tout le monde mange. Je préfère charbonner avec les miens et voyager avec mes potes. Le but, c’est de voir les même choses et pouvoir en parler tous ensemble au quartier ensuite.

Te lancer en solo, est-ce que c’était un objectif pour toi ?

A nos débuts avec Mafia Spartiate, il y a tout de suite eu des commentaires sur nos carrières respectives, à 2ZE et moi. On est toujours proches, toujours potes, c’est juste que musicalement chacun a pris son envol. Me lancer en solo, c’était une petite idée, mais pas forcément un objectif à la base.

Tu viens du 91, tu kiffes les sons US… Plus jeune, t’as senti un décalage chez toi ou non ?

Non car dans mon quartier on est en mode cain-ri, cain-ri, cain-ri ! Certains aiment moins les sons US, mais dans ma bande on est branché là-dessus. Plus jeunes, on a été matrixé jusqu’à tester la codéine (rires). On avait cette culture-là, même si tu pouvais écouter du français comme du cain-ri.

Avec Zola on peut arriver à L.A et se dire qu’on est au bled

T’aurais un feat rêvé avec un rappeur US ?

Il y en a trop : Migos, NBA, Stunna, DaBaby… En vrai, cela tient du rêve. Voir ta tête dans un clip avec un cain-ri que tu as écouté toute ta vie, c’est un truc de dingue.

Pour terminer, tu peux nous dire un mot sur Zola ? C’est un artiste qui comme toi, a l’air très attaché à la culture américaine.

Zola et moi, on a l’habitude d’aller à L.A. Pas forcément pour clipper, mais plutôt en mode vacances, etc. On a essayé d’élargir nos connaissances et nos connexions là-bas. On y connaît plus de monde et on attend qu’une chose, c’est d’y retourner. Là, dès que le confinement se termine, on va à L.A. On en parle presque tous les jours. Le coronavirus fout la rage de ouf car ce continent veut dire beaucoup de choses pour nous… Quand on arrive aux States, à l’aéroport on peut se dire des trucs du genre « ça y est, on est arrivé au bled ».

Dossiers

VOIR TOUT

À lire aussi

VOIR TOUT