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Kino: « J’aime les thèmes sombres sur de belles mélodies » [INTERVIEW]

Kino: « J’aime les thèmes sombres sur de belles mélodies » [INTERVIEW]

Entretien avec le premier artiste de l’écurie Katrina Music.

Crédits Photos : Antoine Ott.

Tout le monde connaît désormais les signatures sonores du pool de producteurs Katrina Squad… Derrière cette équipe qui a notamment su façonner le JVLIVS de SCH, se trouve aujourd’hui une autre structure baptisée Katrina Music. Un pôle qui met en avant un rappeur au talent particulier, Kino. Artiste autrefois cagoulé et passionné par le kick pur et dur, il a mâtiné son personnage et a laissé aller ses inspirations. De quoi faire de ses expériences de vie la matrice d’un projet au goût de film noir, Sur un air de piano. Une carte de visite qui se charge de faire les présentations avec la manière, entre nappes envoûtantes et propos violents. Focus sur la construction du Kino d’aujourd’hui, en présence du principal intéressé.

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Tu es passé par plusieurs étapes avant d’arriver avec ton opus… Comment tu qualifierais ta transformation ?

J’ai commencé le rap il y a 12 ans. J’ai écumé les open mic, j’écoutais beaucoup de Salif… Je suis très friand de rap français, du genre à écouter tout ce qui se fait, mais je suis avant tout passionné de musique. Du coup, on monte dans le bateau à chaque fois tout en essayant d’être visionnaire. Mon truc, c’est la mélodie. L’alchimie avec Katrina Squad tourne autour de deux choses, mon côté ouvert et leur côté sombre.

L’alchimie avec Katrina Squad tourne autour de deux choses, mon côté ouvert et leur côté sombre

D’où vient ce titre assez particulier, « Sur un air de piano » ?

J’aime la musique à la base, donc j’ai été amené à faire un peu de percussions, un peu de piano. Ce sont des choses qui me parlent. La décision de nommer mon projet un air de piano, c’est venu en groupe, naturellement. Partir sur ce délire-là, ça sonnait comme une évidence.

Ta signature, c’est une combinaison entre des thèmes sombres et un goût pour la mélodie.

Kino, c’est exactement ça, c’est tout un univers. Je ne peux pas écrire sur plusieurs thèmes et passer d’une histoire à une autre. Non, chez moi, le fond reste toujours le même, assez obscur. Cela varie au niveau de la manière dont c’est livré. Tu sais, dans le rap aujourd’hui, il y a beaucoup de rappeurs avec pas mal de temps, il faut donc essayer de se démarquer avec son propre truc. J’essaye d’extrapoler certaines choses, de travailler ma manière de poser. C’est tout un packaging pour qu’on me comprenne mieux.

Aujourd’hui l’important, c’est justement d’avoir sa propre signature.

Avant j’étais presque uniquement concentré sur le kick. J’étais branché open mic, donc la technique et les flows ultra-rapides, c’était mon délire. Plus tard, j’ai compris que l’identité primait, quitte à délaisser un peu la technique. Il faut savoir faire des choix et aller à fond dedans. Si c’est pour avoir un flow rapide et que personne ne comprenne rien à ce que tu dis, ce n’est pas la peine. Il faut que tu parles aux gens. Aujourd’hui, j’essaye d’apporter des émotions dans ma musique. De mon côté, il y a eu une certaine évolution.

Avant j’étais presque uniquement concentré sur le kick. C’est plus tard, j’ai compris que l’identité primait

Ton opus sonne très film noir…

C’est clair que le projet est ancré dans un délire très cinématographique. Même s’il n’y a pas de références claires à certains films, il y a un côté septième art. Je ne vais pas te mentir, j’aime regarder des séries et des films. Des trucs à l’ancienne comme Volte-face, ça me parle. Dès qu’il y a un peu de folie ou quelque chose de bizarre, ça me plaît. Dans la musique, ça m’aide à ne pas me mettre de barrières.

Pour construire tout ça avec l’équipe de Katrina Music, ça se passe comment ?

Cela se passe bien, même si je peux être assez autodidacte. Par exemple, je peux commencer à travailler sur un morceau chez moi, commencer une prod’ avant que Guilty ne vienne peaufiner le délire et donner son avis. Il y a pas mal de morceaux travaillés comme ça. Sinon, je fais en fonction de leur palette de productions. Guilty m’a toujours fait confiance, il me conseille, mais il ne m’envoie pas de yaourts ou autre. J’en apprends tous les jours, mais je sais ce que j’ai envie de faire. Je l’ai montré sur ce projet.

Justement, comment tu juges cette tape. C’est une belle première carte de visite ?

Oui, même s’il n’y a pas tout ce que je sais faire. On a mis du temps à le faire, du coup certaines couleurs ne sont pas encore présentes. Je pense à des bangers en mode trap, du genre à faire bouger. Disons que c’est une partie de mon univers, une face de Kino… On peut dire que c’est un premier chapitre.

C’est clair que le projet est ancré dans un délire très cinématographique. Même s’il n’y a pas de références claires à certains films

Tu es originaire du 93, mais pourtant ton rap a des couleurs du sud. C’est comme une musique sans frontières…

C’est exactement ça. Aujourd’hui, j’habite dans le 94, mais je ne peux pas me permettre de représenter seulement le Val-de-Marne, car j’ai habité partout. Je suis né dans le 93, j’ai bougé à Paris, dans le sud, puis à Bagnolet… Je représente tout simplement les mecs comme moi, qui ont galéré, qui viennent de la rue. Que ce soit le 93, Paname ou le sud, c’est la même chose.

Tu as commencé cagoulé. Comment on finit par dévoiler son visage ?

Disons que ça se fait naturellement, c’est le fruit d’une communication entre moi et mon équipe. Il y a des rappeurs cagoulés qui font déjà ça très bien… Au final, on estimait que ça rendrait mieux sans cagoule. Quand j’ai commencé dans ce délire-là, c’était vraiment au second degré. C’était le rap en mode je m’en bats les couilles. A la base, je ne voulais pas que ma famille me reconnaisse, je voulais éviter les questions lourdes de mon entourage (rires). Je savais que j’allais enlever le masque un jour ou l’autre. Aujourd’hui, j’ai une musique qui me ressemble, autant y aller à fond.

https://www.youtube.com/watch?v=t6tDmTc2Rdg

SCH collabore également avec Guilty. On peut trouver que vous avez des univers complémentaires. Pourquoi ne pas bosser ensemble ?

Franchement, j’aimerais bien. Nous deux, ça pourrait donner un truc assez fou, visuellement notamment.

Avec Hooss c’est différent car on se connaît depuis longtemps. C’est comme des retrouvailles qui se transforment en collaboration musicale

D’ailleurs, tu as PLK, Aladin 135, Leto et Hooss sur ton projet.

PLK c’est grâce à Guilty, on s’est présenté et ça s’est bien passé. Tout comme Aladin 135. Ce sont de très bons gars, on a bien travaillé. Leto également, c’est le même délire, un putain de gars. Hooss c’est différent car on se connaît depuis longtemps. C’est comme des retrouvailles qui se transforment en collaboration musicale. Notre feat, c’est un de mes morceaux favoris du projet. Je suis vraiment heureux qu’il soit là.

On a l’impression que les invités entrent vraiment dans ton délire.

Généralement, les morceaux viennent vraiment de moi. C’était dans mon délire, cela leur a plu et ils ont travaillé dans la même veine. Cela donne un bon tout, on pourrait croire qu’on a était tous ensemble en studio, mais ce n’est pas le cas. Chacun a sa couleur, mais ils sont entrés dans mon univers.

Tu débarques avec ta première carte de visite. Du coup, est-ce que tu te fixes des objectifs ?

J’ai 27 ans donc fatalement, je n’ai pas les mêmes aspirations qu’un gamin de 15 ans. Là, dans un premier temps, je souhaite me développer, installer mon personnage et avoir une belle petite fanbase qui me soutient. Tranquille. Rentrer dans le circuit, être reconnu pour ce que je fais, pour mon travail. Après, si ça peut grimper, tant mieux.

La détermination, c’est d’ailleurs le fil rouge de « Sur un air de piano ».

C’est mon histoire. J’ai connu une vie de galère, la pauvreté… Donc si je peux mettre à l’abri ma mère, c’est mon tout premier objectif. Je préfère faire les choses étape par étape, je ne prétends pas me prendre pour Maître Gims tout de suite. La maturité t’aide à voir les choses de cette façon. Bien sûr que je voudrais devenir millionnaire, mais c’est plus compliqué (rires).

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