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Joke, le retour de l’enfant gâté du Rap Français [CHRONIQUE]

Joke, le retour de l’enfant gâté du Rap Français [CHRONIQUE]

Après une longue période d’absence, le montpelliérain est de retour avec la ferme intention de transformer l’essai…

« Le silence n’est pas un oubli… ». Trois ans, c’est long, c’est même un monde dans celui du rap actuel, c’est pourtant le temps qui nous sépare d’Ateyaba, le dernier album de Joke. Une prise de distance qui a surpris autant qu’elle a laissé un vide. Là où certains se seraient perdus dans les limbes, lui n’a jamais vraiment été oublié, parvenant même à créer l’événement avec son retour à un moment où on ne l’attendait (presque) plus. Du temps, il en a eu pour digérer les deux années qui l’ont vu basculer de l’anonymat à la notoriété entre 2012 et 2014. Il est l’heure désormais de venir confirmer les promesses entrevues. Bien plus qu’une traversée du désert, il s’agit là d’une mise à jour… Certains se risqueraient à parler de revanche, il n’en est rien, son seul tort étant d’avoir été en avance, à moins que ce ne soit les autres qui aient été en retard…


Vers l’infini et au-delà

Dans une société où la différence est souvent mal perçue, Joke a depuis toujours joué cette carte à fond. Là où certains empilaient machinalement les papiers calques, lui a tenu à dessiner son propre univers, quitte à être aux antipodes de la tendance mais « toujours dans la bonne direction ». Cette dernière l’a mené vers les sommets, même si nombreux ont été ceux à vouloir le maintenir cloué au sol. Joke, c’est un petit prodige que certains ont trop rapidement vu comme l’enfant gâté du rap français. La faute à une arrogance caractéristique, mais aussi et surtout une ascension éclair à en éblouir Buzz lui-même. Lorsque l’on clive à ce point, le droit à l’erreur n’est plus une option…

Amour et jalousie

Après avoir fait l’unanimité comme rares sont ceux à l’avoir fait avant lui au même âge grâce à deux EP de première gamme : Kyoto (2012) et Tokyo (2013), Joke chapeautés par la structure Golden Eye Music avant de rejoindre Universal. Un schéma on ne peut plus classique pour tout rookie ayant fait son trou par ses propres moyens. Lui plus que d’autres a néanmoins pu constater à quel point la réussite a ses inconvénients. Dans un milieu où la médisance est monnaie courante, Joke a alors vu les vestes se retourner, les mauvaises langues se délier. Un public volatile d’une part, des semblables partagés entre craintes et jalousies d’autre part, sans oublier des médias adeptes du grand écart, voilà à quoi il a fallu faire face, à la vingtaine à peine passée… Si son personnage apparait solide, l’homme a du l’être également.

Tout et tout de suite

Si la chance sourit aux audacieux, Joke a dû en faire preuve de manière précoce puisqu’il a rapidement eu entre les mains les meilleures cartes du jeu. D’abord en terme de connexions en s’entourant des meilleurs beatmakers pour construire sa propre architecture musicale. Si on reconnait facilement quand ça « sonne Joke », Leknifrug, Richie Beats et Blastar n’y sont pas étrangers, Cannibal Smith et Therapy non plus… Même chose en matière de mise en scène puisque les réalisateurs références se sont presque tous essayés à la construction de son personnage avec idées et budget nécessaire en poche. Le jeune homme a aussi eu l’occasion de croiser le fer au micro avec des pointures (Dosseh, Seth Gueko, Rim’k, Niro, Mac Tyer, Lino etc…) qui voyaient en lui un digne représentant d’une relève qui tardait à venir. Ajoutez de coûteux feats US de renom (Pusha T, Jhene Aiko) et des deals de taille avec la firme Nike qui n’hésite pas à en faire son égérie, et l’inventaire est complet. Un background impressionnant pour un artiste à un seul album dans les bacs… En 20 ans, certains n’en ont pas vu la moitié.

Comme un air de 0.9

Après avoir fait beaucoup avec peu, Joke avait donc désormais les moyens de passer un cap sur Ateyaba. Un projet attendu au tournant et teasé en grande pompe par l’intéressé lui-même. Si erreur de jeunesse il y a pu avoir, c’est en matière de communication : « Le meilleur album des 10 dernières années » nous avait-il annoncé, preuve que parfois la frontière entre confiance et orgueil est mince. Nombreux ont déjà versé dans ce genre d’excès sans avoir le quart de ses skills. S’il n’est peut-être pas le meilleur de la dernière décennie, Ateyaba a indéniablement marqué les esprits en bousculant les codes comme Booba avait pu le faire avant lui sur l’album 0.9. Le risque inhérent à cette prise de risque étant de rencontrer l’incompréhension d’un public aux oreilles non-aguerries. Ateyaba était un projet avant-gardiste qui « peut se regarder dans les yeux » mais dans une industrie qui ne résonne qu’en matière de chiffres, il n’a peut-être pas obtenu le succès escompté. Néanmoins, l’histoire est loin d’être finie.

Just Do It

Une longue période de retrait est souvent synoyme de come back compliqué, pourtant, on a de bonnes raisons de croire que Joke arrive désormais à la bonne heure. S’il parait qu’il ne faut pas aller plus vite que la musique, il suffisait donc de prendre son temps. Un moment mis de côté dans les smartphones, on s’étonne de constater qu’Ateyaba revient aujourd’hui dans nos oreilles avec une tout autre résonnance. Un premier signal positif rapidement suivi d’un autre lorsque l’on constate que chaque conversations sur les réseaux sociaux, autour du montpelliérain entraine toujours autant d’intérêt et de débat. Entre plaire à personne et plaire à tout le monde, Joke n’a choisi aucun des deux. Dôté d’une image de marque forte, d’une base fan solide comme en témoigne la folie ambiante lors de ses différents shows et avec désormais un peu plus de maturité, Joke possède les armes nécessaires à un retour réussi. Même Halle Berry et Miley Cyrus doivent attendre avec impatience de retrouver leur meilleur promoteur…

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