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Interview : Morad de la Scred Connexion

Interview : Morad de la Scred Connexion

Vendredi dernier, la vague de froid a frappé le pays, sans épargner sa capitale. Entre les stations de métro Château d’eau et Strasbourg-Saint-Denis, nous trouvons refuge dans les bureaux d’Only Music, où nous reçoit chaleureusement Morad de la Scred Connexion. Son premier album, Le survivant, sortira le 27 février.

Le premier opus de « La Scred’ », sorti en 2002, s’intitulait « Du mal à s’confier ». Dix années se sont écoulées depuis : elles ont rendu Morad beaucoup plus loquace. Son parcours chaotique, le rappeur de 35 ans en parle sans se glorifier, mais sans en avoir honte non plus. « Ma trajectoire est singulière, jonchée d’accidents de parcours, lance-t-il. Même si j’ai eu le bac en 1996, j’ai arrêté les études trop tôt. C’est la première balle que je me suis tirée dans le pied. Ensuite, j’ai enchaîné les mauvaises expériences. J’ai touché aux drogues dures, la cocaïne, l’héroïne, le crack… Pendant un an, j’ai été en cavale et j’ai passé trois piges au placard, entre 2004 et 2008 ». Comme si cela ne suffisait pas, Morad a connu des problèmes de santé. Après de telles galères, il faut posséder un mental d’acier pour sortir la tête de l’eau et repartir de l’avant. C’est dans cet état d’esprit que notre MC s’est lancé dans l’écriture de son premier effort solitaire, en 2009.

Sursaut d’orgueil

Malgré les différents états dans lesquels est passé Morad, sa « gnaque » et sa motivation n’ont pas disparu, au contraire. Avec son vécu, il aurait pu parler de prison sur la moitié de son disque ou d’histoires de dope abracadabrantes. Hors de question de tomber dans de tels clichés. « J’ai fait plus d’années de taule que Booba ou Mister you mais j’en parle beaucoup moins qu’eux dans mes textes. Le survivant est un CD de trentenaire, il s’adresse aux gens qui me ressemblent à divers niveaux, ce n’est pas pour les gamins », assure-t-il. Évidemment, il ne faut pas imaginer y trouver des featurings pour le buzz. On retrouve ses amis de 20 ans de la Scred Connexion, Koma et Mokless, la toujours très révoltée Casey, Loréa, C.Sen, Stélio, etc. Les invités de Morad ont un point en commun : ils soignent leur écriture. Comme dirait Flynt : « C’est un pour la plume ». « Aujourd’hui, les gens sont sensibles à l’époque de l’âge d’or. On assiste à un retour aux trucs qualitatifs, il y en a marre des faux gens. Ça se sent sur scène. Il y a un véritable sursaut d’orgueil en 2012 », affirme-t-il.

Urbain

Justement, dès que Morad se produit sur scène avec la Scred Connexion, « les concerts sont toujours blindés ». Le collectif du XVIIIe arrondissement de Paris commence d’ailleurs à travailler sur un nouvel album, qui pourrait voir le jour avant la fin de l’année. En attendant, Morad s’apprête à défendre son projet becs et ongles. Pour ce faire, il s’est entouré d’une solide équipe, où chacun occupe un poste bien défini (WEB’S pour la partie graphisme, Camille pour le management, Monsieur Tock pour l’image…). « Il faut expliquer aux plus jeunes qu’il y a des gens qui bossent et se professionnalisent. L’objectif est de monter mon écurie, de faire de l’artisanal haut de gamme, pas forcément que du rap », explique-t-il. Les aficionados de la Scred ne seront pas déroutés avec ce disque, même si Morad a pris quelques risques en testant un son électro par exemple (sur le titre « Sans refrain », produit par Pierre et Jean, Ndlr). Toutefois, l’univers reste urbain et citadin : notre « Survivant » demeure un pur « Titi parisien ».

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