Actualités Musique

Igor LDT, le rap comme exutoire [PORTRAIT]

Igor LDT, le rap comme exutoire [PORTRAIT]

Rencontre avec le rappeur à l’occasion de la sortie de « Life ll Tess ».

Connu pour ses textes poignants et son rap terre-à-terre, Igor LDT a encore de belles années devant lui pour continuer de vider son sac en musique. Le 15 juin dernier, le rappeur présent depuis un bon bout de temps maintenant livrait sa toute première mixtape : Life ll Tess. C’est donc à cette occasion que Booska-P part à sa rencontre afin d’en savoir plus sur son personnage et sur sa musique.

À LIRE AUSSI 
Igor LDT vit sa « Life de Tess 3 » [VIDEOCLIP]

Un artiste passionné

Loin d’être nouveau dans le rap jeu, Igor LDT (pour Lascar de Tess) tient son blaze de son surnom de toujours. Surnommé le lascar depuis tout petit, le rappeur trouve donc logique de l’intégrer à son blaze, tout en rajoutant les mots « de tess » pour une complémentarité et aussi pour affirmer son univers.

Cela fait donc plus de quatre années qu’Igor s’expose sur la toile et plus particulièrement sur Youtube. De nombreux extraits ont été révélés depuis l’année 2014 et son premier projet s’est longtemps fait attendre. Pas du genre à se précipiter mais plutôt préoccupé par la qualité, Igor se lance dans la musique il y a plus de dix ans, soit à l’âge de 13 ans : « Ca a commencé au collège, où j’ai écrit mes premiers textes. J’écoutais de la musique et j’aimais bien ça donc je me suis dit pourquoi pas. »

Je crois qu’il n’y a pas de rappeur que je n’ai pas écouté, j’ai même dû écouter plus de rap que Booska-P

Une musique qu’il a donc longtemps écouté avant de l’expérimenter lui-même, bénéficiant de diverses d’influences. Parmi les artistes qui ont pu l’inspirer ou le marquer, il cite rapidement Salif, emblématique de la scène du 92. Il parle également de La Fouine, Kaaris, Lacrim, 113 mais également ALP avec qui il a d’ailleurs déjà collaboré, étant l’un de ses amis. Très orienté vers le rap français, l’artiste ne s’interdit pas de regarder ce qui se passe outre-Atlantique, mais reste surtout au taquet sur les sorties du moment : « Actuellement, je suis tout ce qui sort, tout ce qui se fait, les jeunes, les vieux, tout. Il y a plein de mecs que j’aime bien écouter comme Niska, Maes, Guizmo, Mike Lucazz… Je crois qu’il n’y a pas un rappeur que je n’ai pas écouté, j’ai même dû écouter plus de rap que Booska-P (rires). » En citant Guizmo, le rappeur rappelle également que c’est un ami d’enfance qui lui est proche et avec qui il a d’ailleurs récemment collaboré. En effet, il sera présent sur le nouvel album de Guiziouzou intitulé Renard, dont la sortie est prévue pour ce vendredi 13 juillet.

Faisant partie des jeunes pousses du rap français, Igor sait comment se démarquer avec un univers que l’on retrouve de moins en moins dans cette sphère. En effet, adepte d’un rap plutôt conscient et orienté politiquement, le rappeur n’hésite pas à parler de son quotidien en banlieue, à évoquer les problèmes de la vie en musique et à dénoncer certaines incohérences du système. Une façon pour lui de se livrer et de se défouler en chanson, étant de nature réservée dans la vie de tous les jours : « Le rap, c’est totalement un exutoire. C’est ma manière de discuter, parce que dans la vie, je suis quelqu’un qui garde beaucoup les choses pour moi. Quand je rappe, je peux m’exprimer sur mes ressentis, je peux dire des trucs qui vont pas forcément plaire aux gens mais qu’il faut dire. » D’ailleurs, pour écrire, il a besoin de vécu et de souvenirs, mais aussi de rythme. Le rappeur préfère écrire une fois qu’il a reçu la prod, considérant qu’elle compte à « 50%, voire plus » dans la qualité d’un titre. Changer la forme de la musique, ce n’est pas un obstacle pour Igor. Mais garder un sens dans ce qu’il dit, c’est essentiel : « Pour moi, c’est important les textes et la cohérence, même quand les titres sont plus dansants et festifs j’essaie que ça ait un sens. »


« Life ll Tess » est disponible

Pas de doute, la musique d’Igor est « vraie » et ça se ressent. Le lascar de tess ne semble pas aimer parler pour ne rien dire et c’est bien pour cela que son premier opus à tarder à voir le jour. Désormais disponible depuis le 15 juin, Life ll Tess offre de belles surprises et dévoile surtout un artiste toujours aussi authentique et revendicateur.

Proposé sur la plupart des plateformes de streaming depuis la mi-juin, Life ll Tess apporte pas moins de 14 titres, dont les fameux Douce France, Mood ou A Quai, trois extraits ayant fait parler d’eux et possédant un clip. Un projet qui a mis du temps à se préparer et qui s’explique pas la rigueur d’un rappeur qui ne laisse rien au hasard : « Ca fait longtemps que je suis dans la musique. Life ll Tess c’est mon premier projet, j’ai attendu avant de le sortir parce que je cherche la perfection. Parfois je faisais des sons et ça ne me ressemblait pas forcément, donc il fallait que je trouve ma couleur musicale, ça a mis un peu de temps. Et puis la vie aussi, parce que quand on se met dans le rap il faut vivre des moments pour pouvoir raconter des choses intéressantes. »

Pour cette première mixtape, Igor LDT n’a laissé place à aucun doute : « Il y a des titres dans ce projet que j’avais fait il y a quatre ans et puis il y a des morceaux que j’ai fait trois semaines avant la sortie. C’est vraiment selon mon humeur, si je kiffe vraiment le titre. Si j’ai un seul doute, je le mets pas, c’est ça aussi qui met un peu de temps. » Pourtant, en ce qui concerne les séances d’enregistrements, le rappeur se montre plutôt productif et efficace, ne passant pas plus de 2h en studio pour une session d’un son. Très à cheval sur les moindres détails, il se montre attentif aux remarques de l’équipe qui l’entoure : « Je suis très perfectionniste dans mon écriture, je fais en sorte que ça ait toujours un sens. J’écoute aussi beaucoup les conseils des ingénieurs du son et des beatmakers, j’écoute beaucoup mon entourage en général. Ils ont un avis extérieur donc c’est bien de le prendre en considération. » De la diversité, Igor a su en apporter dans cette première réalisation réussie. Touché par la musique des années 90 comme par celle de 2018, l’artiste affirme s’inscrire dans l’ère du temps grâce à ses influences et écoutes bien distinctes. Nostalgique des textes profonds et recherchés du rap des années 90, le lascar reste pourtant séduit par les sonorités actuelles et les préfère même à celles que l’on pouvait écouter il y a quelques années.

C’est ma première carte de visite, il fallait que je m’exprime seul

Igor souhaite se présenter davantage à son public avec cette première mixtape. Cela passe par un nombre de titres volontairement pauvres en featurings : « C’est mon premier, ma première carte de visite, donc il fallait que je m’exprime, si j’avais qu’une seule place à faire, c’était à Hugo B, un ami à moi que j’ai rencontré il y a deux ans et qui est désormais dans mon label. C’est un artiste que j’aime beaucoup. Par contre, pour la suite il y a des choses de prévues, je pourrais pas vraiment te dire qui, quoi, mais j’ai beaucoup d’idées. Il y a des artistes que j’aime beaucoup et je vais voir si c’est possible de travailler avec eux. »

Igor LDT sur le chemin du rap divertissant ?

Depuis ses débuts, Igor bénéficie de retours constructifs et d’un accueil agréable de la part du public. Il affirme ainsi avoir régulièrement de bons retour sur son travail, malgré le fait qu’il n’ai pas encore la notoriété adéquate. Une notoriété encore modeste à ce jour qui s’explique par un engouement certain autour de la musique divertissante.

Selon lui, les faits sont là : « Les jeunes en ont marre d’entendre les mêmes choses, quand il y a trop de fond et que c’est un peu trop lourd, ça doit devenir un peu chiant pour eux. » On remarque également une évolution du rap qui ne semble pas affecter le rappeur originaire du 94 : « L’évolution du rap ne me dérange pas, l’autotune ça ne me dérange pas non plus, mais il faut savoir l’utiliser. Quand c’est bien fait j’aime beaucoup, je pourrais en utiliser mais il faudrait que ça sonne bien dans mon oreille parce que si j’ai un seul doute, c’est mort. Ca peut être bien comme ça peut tuer un morceau si c’est pas bien fait. »

Le rap divertissant, je pourrais essayer. J’en ai même déjà fait, mais ce n’est pas sorti

La musique de divertissement, que l’on peut définir par des textes plutôt légers et des sonorités festives, continue de séduire dans l’Hexagone et ailleurs. Considérée comme de la « musique urbaine », ce genre musical s’impose surtout auprès des rappeurs. Partisan d’un rap street, posé et conscient depuis ses débuts, Igor LDT ne s’interdit pourtant pas une potentielle ouverture artistique à l’avenir : « Le rap divertissant, je pourrais essayer. J’en ai même déjà fait, mais ce n’est pas sorti. Ca dépend de la prod, de l’ambiance, de plein de choses. »

Quoiqu’il en soit, le rappeur peut se vanter d’une belle réalisation et ne cache pas sa joie : « Je suis vraiment fier, c’est mon premier projet et ça me permet de savoir si les gens apprécient, ce qu’ils aiment et ce qu’ils aiment moins. C’est du boulot maintenant et je suis fier pour ma mère aussi, parce qu’elle sait que son fils fait quelque chose de sérieux. Le rap, ça a été un moyen de m’en sortir mais aussi de travailler sans vraiment travailler parce que c’est une passion. »

Top articles

Dossiers

VOIR TOUT

À lire aussi

VOIR TOUT