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Ichon : « Je rappe parce que je suis en vie ! » [INTERVIEW]

Ichon : « Je rappe parce que je suis en vie ! » [INTERVIEW]

A l’occasion de la sortie de sa mixtape « Il Suffit de le faire », Booska P a rencontré Ichon, jeune rappeur originaire de Montreuil. De quoi causer de ses inspirations, de la mode et de son crew Bon Gamin…

Crédis Photos : Lyna Malandro

Ichon n’est clairement pas un rappeur comme les autres. Membre du collectif Bon Gamin, le jeune artiste s’est toujours démarqué et a su marquer les esprits. Son premier EP Cyclique sort en 2014 suivi de #FDP quelques années plus tard et de collaborations fructueuses (Myth Syzer ou encore Joke). Plus que la musique, ses visuels ne laissent personne indifférent : violence et sang dans #FDP qui évoque les violences policières ou encore provocation et sexe avec Dangerous.

Après deux extraits sur Youtube (I.C.H.O.N. et 2017) et la création de son label, Ichon sort donc son troisième projet Il Suffit de le faire. Charbon, famille et amour sont les thèmes principaux de cette mixtape qui donne envie de se bouger pour vivre ses rêves. C’est à l’hôtel Bourbon, rue des petites écuries, que le jeune homme nous a donné rendez-vous. L’occasion d’en apprendre un peu plus sur l’un des profils les plus chics du rap français.

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Tu as commencé à rapper quand ? Qu’est-ce qui t’as poussé à faire de la musique ?

J’ai toujours rappé, depuis que je sais écrire en fait. Le fait de savoir écrire et aimer la musique m’a poussé à faire de la musique. C’est venu très instinctivement, mais il y a un déclic assez vrai qui m’a fait plus ou moins aller en studio, c’est le fait de voir Loveni y aller, ça m’a vraiment motivé.

Plus jeune, j’écoutais Booba et LIM !

On ressent l’influence de rappeurs tels que Oxmo Puccino dans ta musique. T’écoutais qui plus jeune ?

Plus jeune, j’écoutais Oxmo Puccino, c’est vrai avec Booba ou encore LIM. C’est vraiment ce que j’écoutais en rap, avec Disiz La Peste. A mes 16/17 ans, j’ai commencé à écouter et à m’intéresser à de nouveaux styles : Coco Rosie, Phoenix, Portishead ou encore N.E.R.D. avec Pharell Williams pour ne citer qu’eux.

Tu sors ton premier EP Cyclique en 2014 puis #FDP. Quelles leçons tu as tiré de ces premiers projets ?

La vraie leçon que j’en ai tiré ? Il suffit de le faire. Vraiment.

Tu sors tes projets en indépendant, est ce que c’est un choix personnel ?

Oui totalement. J’ai été approché par plus ou moins toutes les maisons de disques à différents moments, mais j’ai toujours rêvé d’avoir mon propre label, j’adore faire du business et pour l’instant ça se passe plutôt bien. Du coup j’ai mon label, Bon Gamin, et je le gère moi-même.

Avec Myth Syzer et Loveni de ton label Bon Gamin, comment la fusion c’est faite ?

Je connais Loveni connais depuis que j’ai 13 ou 14 ans, il était dans le collège de mon petit frère. A cette époque, on a formé une bande qui s’appelait Bon Gamin parce qu’on surnommait Loveni Bon Gamin et on aimait bien ce nom, délire de collégiens, on a décidé de tous s’appeler comme ça tu vois. Chacun avait son talent et faisait son truc, il y avait aussi les Bonnes Gamines et on rêvait de faire ce qu’on est en train de faire. Ensuite, on a rencontré Syzer plus tard, il y a environ sept ans quand il est venu à Paris, car il est originaire de La Roche sur Yon. On est devenu amis et de là, je l’ai forcé à devenir Bon Gamin parce que je savais qu’il allait marcher et pour qu’il nous pousse aussi. On est des amis et des associés.

Je ne vais pas au musée, ni au cinéma et je ne lis pas de livres !

Le visuel est une partie très importante de ton travail. D’où te vient ce goût pour l’esthétique ?

Ce n’est pas vraiment quelque chose qu’on peut qualifier de goût pour l’esthétisme parce que je ne vais pas dans des galeries d’art ou musées, je ne vais pas beaucoup au cinéma, je ne lis pas de livres. Je crois d’ailleurs que je n’ai jamais fini un livre dans ma vie. Quand j’allais à l’école, le seul livre que j’ai acheté, je me suis trompé ! J’ai voulu le lire et tout et là, je me suis rendu compte que ce n’était pas le bon (rires).

Je crois que ça vient du cerveau, je ne suis pas bête. Je pense que ça vient du fait de vouloir bien se présenter. J’ai toujours voulu être beau et j’ai toujours voulu qu’on me comprenne. Car pendant très longtemps, on ne m’a pas compris parce que justement j’étais bizarre, que je n’étais pas comme les autres. La paire de basket que tout le monde achetait en noir, moi, j’allais la mettre en rose par exemple, et ça depuis que j’ai 10 ans. On dira souvent que les gays ont plus de goûts, mais je ne le suis pas non plus, j’assume simplement ma part de féminité, j’assume tout : qui je suis, mes choix et mes goûts, j’ai envie de ressembler à personne et du coup allez tous vous faire enculer en fait, c’est tout.

En plus d’être rappeur, on t’as vu défiler à la Fashion Week pour des marques comme Jour/Né ou Koché. Quel est ton rapport à la mode ?

Et bien, c’est le même que ce que je viens de te dire au final. Moi, j’ai fait des fringues avant, j’avais une marque qui s’appelait Dumaiii : ça s’est arrêté, ça reprendra peut-être plus tard. C’est un collectif de directeurs artistiques, on est trois D.A qui aimons les vêtements, qui savons faire des vêtements et on avait ce rêve de partir faire une collection et on l’a fait. Sauf que voilà, on fait d’autres choses aussi et on n’a pas forcément eu le temps de pousser le projet plus loin pour l’instant. Tout comme Bon Gamin en fait, on est trois gars qui faisons de la musique et on a pour projet de sortir un album ensemble : on va le faire, mais comme chacun est dans ses bails ça prends du temps.

Mon rapport à la mode, c’est que j’aime les fringues et qu’apparemment, j’ai une bonne gueule et les mensurations qu’il faut. Niveau mannequinat, j’ai d’abord été repéré par Margiela et de là, on est venu me chercher pour d’autres défilés avec d’autres marques. Je prends mon biff et je me taille mon pote (rires).

Je ne rappe pas parce que j’ai envie, mais parce que je suis en vie

Sur ce projet, on ressent une couleur musicale totalement différente de tes autres opus. Est ce que c’est une volonté de ta part de te renouveler à chaque fois ?

Ce n’est pas quelque chose de voulu, c’est instinctif. Les projets Cyclique et #FDP, qu’est ce que j’en ai tiré ? Il suffit de le faire. En gros, Cyclique m’a donné envie de faire #FDP et #FDP m’a donné envie de bosser sur Il suffit de le faire. D’ailleurs, Il suffit de le faire me donne envie de faire Pour de Vrai… Je suis quelqu’un qui me nourrit beaucoup, non pas de culture, mais d’énergie, des gens. Ca vient aussi beaucoup des rencontres : plus tu rencontres des gens, plus tu vis différemment… C’est la vie en fait, vraiment. La vie, c’est comme une évolution. A chaque fois, les choses évoluent, les choses changent et c’est ça qui fait que je me renouvelle. Ce qui est marrant, c’est que moi, je n’ai pas l’impression de me renouveler, je raconte toujours la même chose.

Est-ce qu’Ichon est juste un personnage, ou est-ce que ce train de vie est réellement le tien ?

C’est clairement réel. Je ne peux pas écrire sans vivre ce truc. Tu sais, quand je me sens bien, je n’écris pas de chansons, je fais autre chose. Pour écrire, il faut que je me pose des questions : sur ce qui s’est passé, sur ce qui va se passer, sur ce que je vais faire, il faut que j’ai un avis sur quelque chose pour l’écrire. Je sais pas, je me balade, je suis dans ce mood et ça me fait une mélodie, je mets les mots dessus et j’en fais une chanson. Il y a ce truc où je dis : Je rappe pas parce que j’ai envie mais parce que je suis en vie.

Dans l’interlude, tu dis « J’en ai rien à foutre de faire Booska P » : une manière de dire que tu peux t’en sortir sans les médias ? Ou d’attirer leur attention ?

Oui c’est clair. C’est joué, mais quand je l’ai écrit, c’était réel. Au début, je n’avais pas d’attaché de presse, c’est moi qui écrivait des mails à gauche à droite pour parler de ce que je faisais, mais les médias ne venaient pas vers moi et on ne partageait pas ma musique, parce que les gens ont peur de ce qui est trop original. Au moment où j’ai écrit ça, on ne s’était pas encore rencontré. Et ouais, au final ça attire leur attention.

Enfin, c’est quoi la suite pour toi ?

Je fais une release au Bourbon, petite release tranquille entre potes. Le projet sort le 24 novembre avec un clip, j’ai quatre autres clips qui arriveront, on prépare aussi une tournée. Tout est bien, j’ai fini Il suffit de le faire depuis longtemps. Ce qui m’a pris du temps, c’est surtout toutes les démarches administratives pour ouvrir le label, donc je suis déjà sur un autre projet qui arrivera prochainement. Il suffit juste de le faire.

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