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Gucci Mane & Rae Sremmurd : soirée lunaire au Zénith ! [LIVE REPORT]

Gucci Mane & Rae Sremmurd : soirée lunaire au Zénith ! [LIVE REPORT]

Gucci Mane, Rae Sremmurd, Alkpote, Biffty, Cut Killer, DJ Weedim, un vol de chaîne et une douche de rosé au même endroit ? C’est possible. Booska-P vous raconte cette drôle de soirée…

Le 3 juillet 2017, se déroulait un concert attendu avec anxiété depuis son annonce au mois d’avril dernier : Gucci Mane et Rae Sremmurd au Zénith de Paris pour une date unique. La nouvelle avait mis une douce patate de forain à tous les amateurs de trap et de musiques conceptuelles venues du sud des Etats-Unis, qui n’osaient toutefois pas trop y croire. A juste titre car il faut bien le dire: les rappeurs US traînent comme un boulet une réputation d’abonnés aux rendez-vous manqués, aux galères logistiques et aux caprices d’une autre dimension. Il est 19h et pour le moment, rien à signaler, pas d’annonce publique au mégaphone prévoyant un quelconque remboursement des places. Les pelouses cernant la salle de concert sont pleines à craquer, donnant à l’endroit des allures de festival. Mais personne n’est dupe. Chacun sait que dans peu de temps, l’air pur du décor verdoyant qui encercle le Zénith ne sera plus qu’un lointain souvenir.

A l’intérieur, un merchandising mis en place pour l’occasion attire quelques chalands. La pièce phare ? Une casquette arborant le tristement célèbre cornet de glace tatoué sur le visage de GuWop. Un symbole se chargeant de nous rappeler que bientôt, il se matérialisera devant nos yeux, à condition d’être bien placé… Le public s’agglutine doucement mais « salement » aux abords de la scène. Les personnes qui le composent jouent des coudes pour s’approprier la meilleure place. Une bataille rythmée par un set du bien nommé DJ Cut Killer, orchestrant avec la dextérité qui le caractérise un assortiment de sonorités françaises et outre-atlantique. Une première partie placée sous le signe de la Boulangerie Française nous propose un pré-show plus qu’honorable. Alkpote et Biffty s’illustrent de la plus crasse des manières sous la baguette de DJ Weedim.

Premier entracte, première occasion pour les assoiffés d’assiéger la buvette située dans le hall du Zénith. Les plus impatients font mine de ne pas comprendre le principe d’un entracte et entament une série de cris primaires ressemblant vaguement à un « Raé Chrémeurde » francisé du meilleur effet. Les minutes passent, la salle s’assombrit, les basses s’amplifient et soudain les deux frères apparaissent. « This is how you start a party« .

« Where’s my f***ing chain ? »

Les deux frères entament deux titres de folie extraits de leur dernier album « SremmLife 2 » avec une énergie électrique, quand soudain: c’est le drame… Porté par l’ambiance, Slim Jimmy, l’aîné, décide de se jeter dans le public depuis la scène. Un classique pour tout showman qui se respecte. Malheureusement pour lui, certains spectateurs étaient visiblement d’humeur kleptomane. Après quelques brasses dans la foule, Slim retourne sur scène, expression de bouledogue greffée au visage. Dans l’incompréhension générale, la moitié du duo se saisit (avec violence) de son micro-main jeté à la hâte pour son bain de foule raté et commence par apostropher les premières rangées avant de s’en prendre à toute la salle.

Where’s my chain ? Bring my sh*t back, right now. Who’s got my f***ing chain ?? »

L’histoire paraît claire : Slim Jimmy vient de se faire arracher sa chaîne en or d’une valeur, nous l’apprendrons plus tard, de 100 000 euros. La séquence est lunaire et tout le monde la vit en même temps. Quelques français honteux d’offrir une telle image à leurs idoles se mettent à hurler : « Rendez-lui sa chaine b**del !« , d’autres prennent le parti d’en rire. Swae Lee ne se démonte pas et demande d’une manière bien plus douce au public de bien vouloir daigner rendre le bijou à son frère adoré, histoire de continuer le show dans de bonnes dispositions. La sécurité s’en mêle et vient mettre un flash lumineux sur cette affaire, scrutant la fosse et ses alentours à grands renforts de lampes torches. Le rappeur ira jusqu’à sauter une seconde fois dans le public pour chercher lui-même son bling-bling. Derrière les deux garçons, le DJ s’impatiente et avorte une bonne dizaine de fois les premières notes de « No Flex Zone », le tube qui les a fait exploser. La foule semble fébrile, inquiète des conséquences qui résulteront de ce vol à l’arraché. 6 minutes plus tard, le show reprend miraculeusement. Dépouillés de 100 000 dollars, les Rae Sremmurd poursuivent leur performance, pas rancuniers pour un sou. On apprendra plus tard que le rappeur s’est rendu au commissariat du 19ème arrondissement pour déposer plainte pour vol.

The Show Must Go On

Les morceaux explosifs s’enchaînent et le pogo au centre de la fosse s’intensifie. « By Chance », « Look Alive », « Swang », « Throw Sum Mo », « No Type » : le meilleur y passe et nous rappelle pourquoi nous sommes là. Vraiment pas revanchards, les frangins nous offrent une « Rosé » Shower totalement bienvenue sous les 50 degrés de la salle de concert et même un inédit de leur prochain album « SremmLife 3« . Le travail a été fait, bien fait. On retiendra leur générosité, dans un moment aussi particulier que celui de se faire dérober un bijou à 100k par des petits frenchies. Le public est en ébullition. Round 2 pour la buvette.

Gucci Mane : Un monstre à Paris

Il y a deux jours, Gucci se réveillait à Paris, prêt à en découdre avec le Zénith…

Sans trop d’attente, le DJ joue quelques titres ricains se rapprochant de plus en plus du son d’Atlanta, avant d’amorcer un morceau de Gucci. Mais toujours pas de trace du Trap God. Un technicien d’une corpulence similaire à celle du rappeur rend la foule hystérique. 30 secondes plus tard, GuWop débarque, et cette fois-ci ce n’est ni un sosie ni une imitation. Encore plus imposant que sur n’importe quel cliché, Gucci est déjà dans le bain et enquille ses deux feats avec Drake : « Both » et « Back On Road ». Tueur à la scène comme à la ville, le père de la Trap d’Atlanta traîne une aura difficilement descriptible avec des mots. On connaît ses déboires, son vécu, son impact sur le rap du sud, et cela amplifie sa carrure de Monstre Sacré. Ses plus grands classiques ravissent les fans de la première heure : « Lemonade », « Wasted », « Steady Mobbin' »

Les basses sont si fortes que la foule semble sonnée. Gucci ambiance, mais moins. Il fait autre chose; s’accaparant l’attention de la salle simplement en exhibant sa nouvelle enveloppe corporelle, autrefois baignée de lean. Curieux choix : Rae Sremmurd ont interprété « Black Beatles » sans Gucci, et Gucci interprété « Black Beatles » sans Rae Sremmurd. Après une petite dizaine de titres, Gucci Mane quitte la scène, laissant la clameur des rappels sans réponse. Pourtant, ce dernier semblait être le plus heureux du monde ces deux derniers jours, se balladant dans les rues parisiennes comme un touriste lambda, sous une indifférence quasi-générale. Une situation qui l’a beaucoup amusé, à en croire ses post Instagram et Twitter. Pour vous faire une idée de son look de scène, jetez un oeil sur ces photos, Gucci ne s’est visiblement pas changé :

Finalement, Gucci nous aura laissé un peu sur notre faim, mais pour son cas : mieux vaut pas assez que trop. Nous adresserons une dernière pensée au jeune loup qui se trouve actuellement en possession d’un collier à 100 000 dollars et dont la cote pourrait atteindre des sommets à condition qu’il ne se fasse pas choper d’ici là. Allez, sois sympa… si tu lis ce message : rend le bijou et laisse nous croire que d’autres artistes US viendront nous rendre visite.

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