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Franglish : « Je n’ai aucune frontière musicale » [INTERVIEW]

Franglish : « Je n’ai aucune frontière musicale » [INTERVIEW]

L’artiste se livre à l’occasion de la sortie de son album « Monsieur ».

Voilà plusieurs années que Franglish opère au coeur du game. Proche de ce qui se fait de mieux dans la scène urbaine actuelle, il délivre aujourd’hui sa propre musique, sa propre signature avec un véritable album. Il s’agit de son tout premier, fortement inspiré par une vie qui a pris une autre tournure après la naissance de sa fille. C’est donc un artiste, mais surtout un Monsieur qui débarque dans nos bureaux, pour une interview entre plusieurs styles.

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Tu as donc mis deux ans à bosser sur « Monsieur » ?

L’album s’est fait en un an, un an et demi. Ce qui a fait qu’on a pris du retard, ce sont les featurings et les dernières retouches. Il fallait peaufiner l’album, au final, c’est ça qui a pris beaucoup de temps. En réalité, au bout d’un an, le gros du projet était déjà prêt. Je suis un gars qui aime énormément aller au studio, donc j’enregistre plein de morceaux. Par exemple, le featuring avec Soolking, c’est mon dernier feat enregistré. On avait prévu de se rencontrer depuis longtemps, mais en raison de nos agendas, c’était compliqué à mettre en place. Il y a même des featurings qui devaient y être qui finalement n’y sont pas.

Tu parlais notamment de Gims…

Oui, il devait y avoir un feat avec Gims dans cet album. Tout a quasiment déjà été fait, on a le squelette. Mais on n’a pas pu complètement le terminer, il sera sûrement dans un prochain projet. Fianso, Gradur, on s’est déjà rencontré, ça arrivera aussi.

Sans arrogance, c’est un album qui peut aller sur plusieurs terrains, plusieurs styles et même plusieurs pays

Tu varies les styles, cela donne un projet complet.

Sans arrogance, c’est un album qui peut aller sur plusieurs terrains, plusieurs styles et même plusieurs pays. Je suis un gars qui écoute plein de styles différents, donc moi-même, je galère pour m’en trouver un. Je ne me fixe pas de limites, de genre précis, je ne sais pas dans quelle catégorie on pourrait me placer. Je suis simplement un artiste urbain et cet album, il est complet dans le sens où j’ai envie de le défendre pendant longtemps. Pas seulement quelques mois, puis passer à autre chose. Il y a des styles différents et des titres dans tous les genres. Je pense qu’il y a vraiment quelque chose à faire avec Déçu, comme avec Petit diamant, Donna Imma et j’en passe.

T’as notamment réussi à t’approprier un style très latino sur « O.K » et « Comme tu es ».

Franchement, ça s’est fait naturellement, je n’ai même pas calculé. Je suis quelqu’un qui aime beaucoup la guitare, on en retrouve énormément dans cet album. J’ai vraiment redécouvert cet instrument pendant l’enregistrement et à l’écoute de tous les titres du projet, on ressent cette influence. Mais c’est une direction qui est venue comme ça, sans me poser de questions. Je n’ai pas fait exprès.

Tu n’as jamais peur de changer de direction musicale ?

Je fais de la musique, donc je ne vois pas pourquoi je devrais me limiter et avoir peur de prendre des risques. Oser de nouveaux trucs, c’est un plaisir. La musique, depuis 2010 / 2011 et j’ai commencé à prendre ça au sérieux aux alentours de 2013. C’est à partir du projet Signature que je me suis vraiment trouvé avec des titres comme Compte sur moi, Bébé na bébé, ou C’est plus l’heure. Pendant la réalisation de l’album Monsieur, j’ai compris que j’aimais bien les sons latinos, donc pourquoi pas !

On a l’habitude de mettre les artistes dans des cases, notamment dans les médias. C’est compliqué de devoir faire sans une étiquette ?

Non, car tant que le public me reconnaît en tant qu’artiste, ça me va. S’il reconnaît ma voix, ma manière de poser et mon nom, je suis heureux. Justement, je déteste rester dans une seule case.

Antoine Griezmann a confié que Bombarder tournait beaucoup dans les vestiaires

En parlant du public, pendant la Coupe du Monde, tes sons ont beaucoup tourné chez les joueurs de l’équipe de France.

Oui, il y a eu le titre Boulde de la compilation Game Over, ou encore C’est plus l’heure que Kylian Mbappé a chanté plusieurs fois. Récemment, Antoine Griezmann a confié que Bombarder tournait beaucoup dans les vestiaires. Franchement, ça me fait plaisir, même si je ne suis pas un grand connaisseur de foot. Mais ça prouve que la musique n’a pas de frontières, si ça parle à tout le monde, c’est tant mieux.

« Monsieur », c’est également un album dans lequel tu te livres plus.

Cela s’est fait naturellement, mais je me suis aussi dit qu’il fallait que je me livre un peu plus sur cet album, que je sois plus personnel. Je suis parti dans une optique : même si un son est travaillé à la première personne, il faut que les gens puissent s’identifier. Je pense que pour moi, c’est mission accomplie car j’ai plein de retour sur les morceaux Petit diamant et Mama. Les gens se reconnaissent également sur Déçu, Ensemble, Donna Imma et d’autres.

Est-ce que la naissance de ta fille a changé ta manière d’aborder la musique ?

Franchement, ça a changé tellement de choses, et pas seulement dans la musique. Sa naissance a changé trop de choses, que ce soit dans ma manière de parler, d’agir, de réfléchir, de bouger, de me tenir… Je me dis que plus tard, elle verra ce que j’ai fait. Je n’ai pas envie qu’elle ait une image de son père qui soit négative. Même si je ne suis pas parfait – personne ne l’est de toutes façons – je préfère avoir un maximum de côtés positifs pour elle.

Est-ce qu’elle te fait déjà des retours sur tes sons ?

Tout le temps ! Depuis qu’elle a un an, je lui fais écouter des titres. Lorsqu’elle a posé sur Petit diamant, ma fille avait un an et demi. Dès qu’elle se met debout, à danser et à tourner sur elle-même, c’est qu’elle valide le son. Si elle reste la tête dans son dessin animé, c’est qu’elle ne valide pas du tout (rires).

Quand tu es médiatisé, il y a des choses que tu ne peux plus faire comme avant

Tu vas faire comme DJ Khaled, la créditer en tant que productrice ?

Non, je ne vais pas aller jusque là (rires) ! Je trouve que c’est même un peu trop ! Mais plus sérieusement, je fais les choses naturellement avec elle. Après avoir enregistré le son Petit diamant par exemple, je me suis posé avec Nk.F (ingénieur du son) et l’idée est venue comme ça : pourquoi ne pas enregistrer ma fille ? Le titre parle d’elle, elle aime la musique… C’était l’occasion. Au début elle était intimidée par le studio, mais ça s’est fait tout seul.

L’intro donne pas mal d’informations sur « Monsieur ». C’est comme une nouvelle étape dans ta vie.

L’intro résume ma vie, mais également tout l’album. Le gars est avec ses amis, il rigole, il est encore jeune, mais sa femme l’appelle et qui lui dit que sa fille veut lui parler… C’est moi. Finalement, je me retrouve dans une situation où je dois rentrer. Ce sont des choses de la vie, ça m’arrive simplement, ce n’est pas de la fiction. Le titre, Monsieur, il nous vient de notre gars Justin, un photographe qui nous suit en tournée. On parlait des thèmes de l’album, on trouvait que ça sonnait beaucoup plus mature. Là, il a eu un déclic et a dit qu’il devrait s’appeler Monsieur. Dès qu’il a dit ça, ça a tapé dans nos cerveaux. Ce titre colle au projet.

Cet album, c’est donc toi au naturel, sans filtre.

C’est exactement ça, je suis sans filtre, nonchalant, simple et aussi tête en l’air. C’est même pour ça que des fois, je peux passer pour arrogant ou hautain, alors que ce n’est pas le cas. C’est juste que quand j’ai quelque chose à dire, je le dis, une bonne comme une mauvaise nouvelle. On me le reproche souvent.

Les reproches ou encore la jalousie… Voilà des sujets bien présents dans cet opus.

Ces thèmes reviennent souvent. Quand tu es médiatisé, il y a des choses que tu ne peux plus faire comme avant. Si t’as un travail considéré comme normal, personne ne va rien te dire si jamais tu prétends être fatigué après une journée à bosser. Si tu fais des millions de vues, la même phrase va être prise autrement, le gens te disent vite « Ahh t’as changé ». Etre dans le milieu artistique, beaucoup de personnes ne voient pas ça comme un travail. Un showcase à l’étranger, certains pensent que c’est un simple voyage.

Sur scène, je me sens comme à la maison. J’ai toujours kiffé ça !

Pourtant, 21 pistes, ça représente beaucoup de travail.

Vu que j’avais sorti pas mal de sons, je ne pouvais pas me contenter de faire un projet de 14 ou 15 pistes. Le public allait se dire que ça servait à rien. Je me suis dit qu’il fallait envoyer beaucoup plus de morceaux. Aujourd’hui, je dois avoir encore 50 titres et certains présents sur l’album ont été enregistrés il y a plus d’un an comme Bombarder, Petit diamant ou encore le featuring avec Dadju (Comme ça) et Keblack (Plus rien)

Au niveau des featurings, on a un spectre assez large.

Ce sont des artistes que j’écoute, tout s’est fait au feeling. Vitaa, on a les mêmes managers, Keblack on se voit souvent, Alonzo, je l’ai rencontré plusieurs fois, Abou Debeing et Dadju c’est la famille, Baby Glish c’est ma fille (rires). Soolking, c’est le seul que je ne connaissais pas avant, mais on s’était parlé sur les réseaux avant la sortie de son album. J’aime beaucoup son style, je n’ai pas honte de le dire. Je ne suis pas le genre de mec qui va se cacher au moment d’aller écouter d’autres rappeurs. Ceux qui m’ont sur Snapchat ou Instagram le savent, j’aime écouter ce qui se fait, comme beaucoup de mecs de ma génération. En venant j’écoutais du Ninho et du Hamza.

Chez nous, on se souvient de ton freestyle Booska Signature. Quel est ton rapport au rap aujourd’hui ?

J’écoute de la musique au sens large et le rap, ça fait partie de ma vie. Comme le chant, j’en ai toujours écouté. J’ai toujours fait les deux, même si je penche aujourd’hui plus vers le chant… Mais ça ne veut pas dire que je vais m’arrêter de rapper ! Il y a des sons rappés que je n’ai pas mis dans l’album par exemple.

Dernière question, La Cigale le 12 juin : comment tu l’envisages ?

Sur scène, je me sens comme à la maison. J’ai toujours kiffé ça ! Tu peux voir directement le résultat des titres. Par exemple, j’étais en tournée avec Dadju pour assurer sa première et une semaine après la sortie du titre Vargas avec Alonzo, le public connaissait déjà par coeur les paroles. C’est trop lourd ! A Marseille, on l’a fait deux fois, les spectateurs étaient en feu, c’était complètement fou. La Cigale, c’est le 12 juin, mais j’en suis déjà fier. Car là, c’est moi, alors que j’ai déjà été plusieurs fois sur cette scène pour les backs de Lefa, S.Pri Noir, en première partie de Dadju… On m’a proposé plusieurs salles, mais je voulais absolument faire La Cigale.

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