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Delador : « Avec ou sans autotune, pour moi c’est la même chose »

Delador : « Avec ou sans autotune, pour moi c’est la même chose »

Le rappeur aux multiples facettes a donné rendez-vous à Booska-P pour la sortie de sa mixtape « Trafic d’esprit ».

A mi-chemin entre plusieurs genres, Delador a réussi le pari de mêler le chant et le rap avec style. Aujourd’hui signé chez Urban Pias, l’artiste originaire du 77 dévoilera son premier projet le vendredi 19 janvier. Une mixtape nommée Trafic d’esprit, inspirée par une volonté d’ouverture, du rock jusqu’à la trap en passant par la pop. Celui qui se décrit comme « un mec de rue qui ne reste jamais figé » est naturellement passé devant l’objectif de Booska-P, de quoi causer autotune et Stevie Wonder, mais pas que.

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Pour commencer, qu’est-ce qui t’as donné envie de faire de la musique ?

Je vais pas te mentir, un peu comme tout le monde, c’est les blacks américains : Stevie Wonder, Marvin Gaye, Michael Jackson, Barry White… Des fous de la musique qui donnent envie d’en faire. Le côté showman de ces artistes compte aussi. Quand tu vois James Brown, il arrive et il casse tout dans n’importe quel domaine, dans la présence, dans la danse et le chant. Après, je m’inspire de mon vécu, de ce que je vis au quotidien. Je m’inspire du divin de chaque jour, je mets ça sur papier, en mélodie et ça donne ma musique.

Vu que tu mêles plusieurs styles, tu te considères comme rappeur ou chanteur ?

En fait, c’est assez simple. Je fais du rap, mais je me considère comme chanteur à la base. Quand je dis chanteur, c’est parce que je ramène tout le temps de la mélodie dans ce que je fais. Comme le rap est une passion, c’est une évidence que les deux univers se marient lorsque je compose une chanson. Je peux aussi te dire que je ne suis pas un chanteur et que je ne suis pas un rappeur non plus. J’suis un mec qui peut faire de la musique classique, de la pop, de tout quoi… Avec la musique tu peux toucher à tout, c’est pourquoi je suis dedans.

Le rap, je suis vraiment dedans, mais je peux m’autoriser d’autres trucs

T’es allé du chant au rap, à l’inverse de la tendance.

C’est un peu le contraire ouais. Mais je trouve que c’est plus marquant de passer du chant au rap que de passer du rap au chant. Si j’avais sorti des sons chantés avant, on aurait pas compris que je dévie vers du rap pur d’un coup. C’est plus logique pour moi de mêler les deux dans un même morceau. C’est plus facile pour moi, car je coffre les surprises, tout simplement. Le rap, je suis vraiment dedans, mais je peux m’autoriser d’autres trucs… Mais ça, on le découvrira plus tard, au fur et à mesure des projets.

Et comment t’as bossé sur ce premier projet ?

A la base, il devait y avoir 16 titres, on a un peu coupé et au final on débarque avec 14 titres. Ce qui est pas mal, car c’est une mixtape et pas un album. J’ai envie que les gens voient que j’ai la dalle. Je suis plutôt productif et j’ai décidé de tout envoyer d’un coup. J’ai surtout la chance d’avoir des studios à ma disposition, de pouvoir travailler quand je veux. Dès que j’ai une idée, j’enregistre. Mon but, c’est de m’exprimer, de me laisser aller au maximum.

T’as explosé avec Kate sa ndeye. Ce morceau c’est ta carte de visite ?

Franchement, Kate sa ndeye, c’est un truc qui a été fait comme ça, sur un coup de tête. Et puis, je suis très content des retours, ça fait juste plaisir. C’était aussi pour voir comment les gens réagissaient à mon rap, qui est hybride, un peu différent. Je me suis simplement dit : « On va voir ». Cela s’est avéré positif donc du coup voilà, c’est que du bonheur. Après, quand tu fais un son comme ça, les gens ne vont te demander que des trucs dans ce genre-là. Le but, c’est de ne pas rester dans le même délire. J’ai fait Kate sa ndeye, et juste après j’ai balancé Trafic d’esprit, plus rappé, mais toujours avec ma touche. Mais ouais, Kate sa ndeye c’était inattendu. L’année dernière, je faisais moins de vues et j’étais satisfait. Aujourd’hui c’est donc mieux, c’est un bon palier pour moi.

Le but, c’est de laisser réagir le peuple. C’est le public qui décide

Justement, tu te fixes des objectifs ?

Non, je ne fixe pas d’objectifs. Le but, c’est de laisser réagir le peuple. C’est le public qui décide. Comme justement je ne fais pas la même chose que tout le monde, j’espère me démarquer. Et me faire une place, tout simplement.

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Tu parles de « rap différent », mais tu n’as pas peur des étiquettes ?

Pour moi, ça peut être un danger, mais ça ne me fait pas peur. C’est même bien d’avoir une étiquette, car ça te permet de surprendre ton public. Là par exemple je m’apprête à sortir Cocktail, un morceau qui n’a absolument rien à voir avec ce que j’ai l’habitude de faire. Il n’y a que du chant dedans, avec un style afro-pop. Moi je trouve ça cool et je suis confiant car je maîtrise les deux univers. Je ne passe pas du rap au chant sans savoir chanter. Je suis impatient de passer de l’autre côté et dévoiler d’autres performances pour montrer que j’ai le niveau d’artistes qui sont déjà installées.

En parlant d’artistes de haut-niveau, tu as sorti un son nommé Papa Wemba. C’est une de tes influences ?

Non pas tellement, car je ne suis pas un chanteur afro, même si j’aime bien ça. Papa Wemba, c’était pour le contre-pied. Tout le monde s’attendait à un morceau aux sonorités africaines, etc. Au final, pas du tout car je suis venu et j’ai kické le bordel. Je trouve que c’est bien car personne n’avait ce petit hommage, mais si c’est juste un clin d’oeil. A un moment, je sors cette punchline : « Je voudrais survivre comme Ken ou mourir sur scène comme Papa Wemba« . En gros, c’est ça l’idée, même s’il n’y avait pas d’influence particulière.

Je fais les choses comme je le fais depuis le début, peu importe le nombre de vues. Je veux progresser avec la même authenticité

Jouer sur le contre-pied, ça fait partie de toi ?

Des personnes comme Naza ou Hiro le Coq valident le bordel donc ça me fait plaisir. Et je fais les choses comme je le fais depuis le début, peu importe le nombre de vues. Je veux progresser avec la même authenticité. On ne va pas rentrer dans un moule juste parce que c’est tendance, que ce soit trap ou afro. Moi je m’exprime dans ma musique comme je le sens. Je reçois des prods, parfois je compose aussi, je travaille et je fais ça par amour. Le but, c’est de composer quelque chose qui marque les esprits. Je veux qu’un Maître Gims ou un Alonzo, quand il m’écoute mes sons, se dise « ah ouais il a un truc ». Je me compare à personne, j’ai une identité et c’est très important pour moi. C’est ce qui fait la longévité d’un artiste, pouvoir varier les styles tout en gardant son identité.

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T’arrives aussi à parler de choses dures et à balancer des traits d’humour.

Michael Jackson, il arrivait par exemple à parler de problèmes de société. Dans le morceau Don’t care about us, il dénonce des choses, mais ça bouge ! Si tu ne comprends pas les paroles, tu peux te mettre à danser. C’est aussi un peu ça l’idée, parler de trucs tragiques et m’amuser en même temps, faire la passerelle entre les deux.

Comment tu gères cette fameuse différence dans tes clips ?

Déjà, j’essaye de faire en sorte que ça colle avec les textes. On essaye de s’adapter. Pour Papa Wemba par exemple, on voulait un truc un peu festif, on s’est amené dans une forêt avec des nanas, sans faire dans la surenchère. Il n’y avait aucune femme à poil, c’est un clip fait pour que tout le monde puisse le regarder. Je cherche à faire un truc qui ne se fait pas ailleurs. C’est vrai qu’aujourd’hui, c’est des guns, des pétards… Mais chez moi il n’y a pas de codes, je peux te faire un truc trash visuellement sur un morceau qui ne l’est pas, et vice-versa.

Que ce soit en studio ou en live, c’est la même chose pour moi, c’est la base

Tu vas assurer une release party le 20 janvier, comment tu te sens ?

J’aborde ça simplement. Avec beaucoup d’humilité, car j’ai beaucoup bossé sur mes titres. Il y a beaucoup de morceaux où l’autotune est prononcé, et l’objectif, c’est de montrer au public que je peux chanter sans. En live, c’est même mieux ! Aujourd’hui, il y a beaucoup d’artistes qui rappent sous autotune, mais quand tu l’enlèves, il n’y a plus rien, c’est à se demander si ce sont les mêmes personnes en studio. Moi je viens pour éradiquer ce bordel, que ce soit en studio ou en live, c’est la même chose pour moi, c’est la base.

Crédits Photos : Antoine Ott

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