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Da Uzi, de Sevran à « Mexico » [PORTRAIT]

Da Uzi, de Sevran à « Mexico » [PORTRAIT]

Un artiste au caractère bien trempé, mais pas seulement…

Crédits photos : Antoine Ott.

Lorsqu’on lance l’enregistrement, DA Uzi lâche « vas-y c’est carré ». Quelques mots simples qui montrent l’état d’esprit dans lequel se trouve le bonhomme. Il sait désormais ce qu’il doit faire, partager son rap et pousser son délire au maximum. Une détermination sans faille qui trouve sa source à Sevran, mais pas seulement. Jeune artiste au parcours particulier, DA Uzi s’avance aujourd’hui comme un rappeur à suivre, doté d’une manière bien à lui de faire les choses. Plus vrai et plus tenace que certains, c’est sans oeillères qu’il fait face à nos questions à quelques jours de la sortie de Mexico.

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On passe la frontière de Mexico

Découvert par beaucoup avec sa série de freestyles La D en personne, DA Uzi a su soigner son arrivée dans le game hexagonal. Loin de faire selon les figures imposées du moment, le bonhomme s’est livré à travers des performances au goût particulier. Au menu de ses premières sorties : une attitude dingue, portées par des gimmicks nerveux et des flows toujours plus turbulents. Une chose naturelle pour un rappeur qui fait son travail à l’instinct : « Je suis comme ça à la base, je suis un excité de la vie (rires) ! Depuis petit, je suis comme ça, quand je suis de bonne humeur, faut que ça se voit ! Je n’ai aucune raison de changer, pourquoi changer ? Au micro, on reste les mêmes, vrais de vrais, on écrit notre propre histoire. »

Une histoire qui se poursuit, avec l’arrivée prochaine de la mixtape Mexico. Un projet dont on reparlera en détail un peu plus tard, mais qui constitue un véritable step pour notre artiste. Un rappeur qui croque dans le buffet, pas du genre à lâcher sa prise. Ainsi, si le rap n’était pas un objectif à la base, il en fait aujourd’hui avec le même détachement. « Le rap, j’en fais toujours pour délirer, toujours avec la même passion ! Booska-P, toutes ces choses-là… Je les regarde depuis que je suis petit (rires) ! J’étais tout le temps dehors, mais dès que je rentrais, je matais ça sur mon ordi. Maintenant c’est mon tour, je ne peux pas cracher là-dessus » nous confie t-il.

Au micro, on reste les mêmes, vrais de vrais, on écrit notre propre histoire

Et lorsqu’on connaît le parcours de notre interviewé, difficile de voir les choses autrement. Passé notamment par la case prison, DA Uzi utilise son rap comme un exutoire, une manière de relater une vie pas comme les autres : « C’est ma vie qui me pousse à rapper. Rapper la rue, c’est un truc qui nous colle à la peau. C’est quelque chose que tu ne peux pas enlever. » Une étiquette impossible à décoller, une cicatrice impossible à cacher, voilà comment décrire le tableau d’un rap à part. Une oeuvre dont on saisit les détails d’emblées, dès la première écoute de Mexico : « J’ai bossé pour que ce soit comme ça, je n’ai pas besoin de trop parler en interview. Lorsque tu écoutes mes sons, tu sais de quoi il s’agit tout de suite. »

Un projet réalisé au feeling

Pour réaliser sa mixtape Mexico, opus particulièrement dense, DA Uzi a donc fait du DA Uzi. S’il a mâtiné son flow sur un bon nombre de sons, il n’a rien perdu de sa fougue côté écriture. Une analyse chirurgicale des rues de Sevran et de leurs galères. L’autre face du 93, décrite en mode vrai de vrai, comme toujours. Simplement, le rappeur commente sa manière de faire : « Je pense que ce qui me différencie, c’est ma façon de dire les choses. J’écris tout le temps au feeling. C’était comme ça pour la D en personne et là, c’est pareil. Je peux être au studio ou alors avec mes potes et bam-bam, ça me vient. Même en allant à une interview, je peux écrire un 16. C’est comme ça que sortent des trucs de ouf ! » Au naturel, évidemment, pour mieux garder le sel de ce qui fait sa musique.

Reste que la recette a un poil évolué tout de même, pour des textes plus longs, plus introspectifs encore, comme dans Cicatrices, Vrai 2 Vrai ou encore D’une autre manière réalisé avec Kaaris. De quoi équilibrer la balance et varier les ambiances, un choix pensé en amont, comme il nous l’explique : « Avant, je ne retravaillais pas trop mes textes. Maintenant, je sais comment rendre un son un peu mieux. J’essaye de me prendre la tête. Je choisis mes sons, je parle de moi, mais tout le monde peut se reconnaître. Il y a une diversité, c’est ce qui fait la diff’ aussi, on travaille pour ! »

C’est ma vie qui me pousse à rapper. Rapper la rue, c’est un truc qui nous colle à la peau

Un code de conduite qu’il a suivi même en featuring, que ce soit avec Ninho, Sadek ou Kaaris : « On a été en contact avec Kaaris et ça s’est fait naturellement. Je parle à tout le monde, comme je vous parle aujourd’hui, j’suis une galère (rires), je ne fonctionne qu’à l’instinct. Pour Sadek ou encore Ninho, que je connais depuis plus longtemps, même manière de travailler : feeling, feeling, feeling. » Quoi de plus normal, avec tout cela, de prendre cet opus comme une revanche, nom de la 14ème piste de Mexico ?

De rookie à All Star ?

Reste que s’il s’agit déjà d’une belle petite revanche, DA Uzi n’en a pas fini avec le rap, loin de là. Projet résolument complet, Mexico n’en reste pas moins « une carte de visite » comme il le dit lui-même : « Ici, je montre ce que je sais faire… Et encore, je trouve que je n’ai pas tout montré. Il y a d’autres choses dont je suis capable. Ecouter d’autres styles de musique, cela m’apporte beaucoup. Je peux écouter de la variété, des cain-ris, etc. Je n’ai aucun problème avec ça. »

Un bout de chemin au feeling, mais qui pourrait bien se transformer en carrière à la James Harden, qui partage avec DA Uzi une barbe fournie, mais aussi l’attrait pour les performances de classe. Ainsi, sa présence dans notre liste des 11 rappeurs à suivre lui évoque la draft NBA : « Ces choses-là, c’est comme pour le basket aux Etats-Unis. Au début, t’es rookie et tu ne joues pas beaucoup. Après, c’est un peu mieux et tu passes sophomore à 13 points par match. Ensuite, t’es titulaire, t’es dans le 5 majeur et c’est à toi de mettre 25 points par rencontre pour terminer All Star. Je vois le truc comme ça, là j’ai juste passé la draft, mais attention, il y a des rookies qui finissent All Star dès leur première saison (rires) ! »

J’ai plein de choses à apprendre, je ne m’invente pas une vie. Les gens peuvent te dire que t’as fait des millions de vues, mais plein d’autres ne t’ont pas entendu. Je fais les choses step by step

Après avoir passé une tête en compagnie de la scène Sevranaise dans le clip Zidane signé de ses potes de 13 Block, l’heure est venue pour DA Uzi de savourer en solo sa première sortie de l’année. Loin d’être une arrivée, Mexico paraît être un tremplin. Pour le reste du chemin, l’homme originaire de la cité des trois tours a déjà son idée : « J’ai plein de choses à apprendre, je ne m’invente pas une vie. Les gens peuvent te dire que t’as fait des millions de vues, mais plein d’autres ne t’ont pas entendu. Je fais les choses step by step. Je ne sais pas de quoi demain peut être fait et mon rap, c’est ça à la base. Donc là, je vais essayer de m’ouvrir, de parler de thèmes plus originaux, qui ne sont pas souvent abordés dans le rap. »

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