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Changerz, Elyo et ASF imposent leur différence en duo [PORTRAIT]

Changerz, Elyo et ASF imposent leur différence en duo [PORTRAIT]

L’EP « Identiques » est disponible depuis le 22 juin.

Membres du Panama Bende, Elyo et ASF sont surtout deux musiciens passionnés depuis l’enfance et amis depuis une dizaine d’années. Ce vendredi 22 juin, ils arrivaient avec leur premier projet au sein du duo Changerz : l’EP Identiques. Rencontre.

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Musiciens avant tout

Ne faisant rien comme tout le monde et comptant bien s’imposer avec un univers propre à eux-mêmes, Elyo et ASF sont deux grands artistes dans l’âme depuis de nombreuses années. Comme l’affirme le groupe, les deux hommes ont la chance d’avoir « commencé la musique très tôt ». Concernant ASF, l’aventure dans la musique aura donc commencé par plus de dix années de batterie, allant de ses 5 ans jusqu’à ses 17 ans. Pour Elyo, c’est d’abord avec le piano, influencé par son grand frère, qu’il a commencé à mettre un premier pied dans ce domaine artistique avant de s’intéresser au rock parce que c’était plus « gang ». Ainsi, c’est finalement avec la guitare et le rap, au collège, que le jeune homme d’une vingtaine d’années a commencé à pleinement s’épanouir musicalement parlant.

Le rap, c’est donc une histoire d’humeur et de spontanéité, selon ASF : « On n’a pas commencé la musique par le rap, même si on en a écouté très jeune. Pendant un temps, j’étais un gros fonsdé de la vie. Dès que j’étais un peu fonsdé, j’aimais bien faire de l’impro. On écoutait beaucoup de rap et je ne savais pas vraiment ce que je faisais sur le moment, mais j’aimais bien dire des phrases qui rimaient avec ce qu’il y avait autour de moi. Au final, les gens commençaient à me dire d’écrire, que ce que je faisais, c’était bien. J’étais batteur, je n’étais pas rappeur, pourtant un jour on m’a tellement saoulé avec ça que je me suis lancé. »

On faisait déjà de la musique avant de se rencontrer et c’est ce qui nous a lié à la base des bases

Se connaissant depuis plus de dix années, Elyo et ASF se sont trouvés grâce à la musique : « On s’est rencontrés à 11 ans environ. On faisait déjà de la musique avant de se rencontrer et c’est ce qui nous a lié à la base des bases. » Une amitié qui aurait pu ne jamais voir le jour, en raison du manque d’envie de la part des deux hommes de fréquenter des personnes plus jeunes qu’eux. Elyo a donc une année de moins que son collègue et cela aurait pu freiner ce dernier dans son envie de le découvrir, lui qui préfère « traîner avec des personnes plus âgées ». Pourtant, aujourd’hui et selon ASF : « C’est devenu beaucoup plus fort que la musique parce qu’on est vraiment devenus des best friends, des reufs. C’est fort, il y a un vrai lien. Franchement, c’est la musique qui nous a réunit parce qu’à cette époque j’étais dans un délire (même encore aujourd’hui), où je n’aime pas fréquenter des gens plus que jeunes que moi. En toute modestie et c’est pareil pour lui, on préfère traîner avec des personnes plus âgées. »

Commençant la musique par la batterie au sein d’une ambiance afro-cubaine, ASF a su cultiver des influences musicales assez larges, allant donc du jazz, au rock jusqu’au rap : « Les premiers morceaux de rap que j’ai écouté étaient des singles qui marchaient bien à cette période, allant Diams, à Rohff, en passant par Passy. Après j’ai découvert Booba un peu plus tard, j’ai pris une claque. Sans te mentir, je n’écoutais pas des groupes comme IAM etc, j’ai écouté plus tard en grandissant, c’était une autre génération. J’ai commencé par des choses qui sortaient sur le moment, les musiques de ma génération. Aujourd’hui, j’aime toujours autant Booba, comme Damso, Jul, Nekfeu et bien d’autres, d’ailleurs je dois être assez bon public parce que j’aime pas mal de choses qui sortent actuellement… »

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Elyo ajoute que le duo n’a surtout pas de limites musicalement parlant, avec de diverses influences passant par James Brown, Justice, Gorillaz jusqu’à Jacques Brel et Michael Jackson : « Le premier truc que j’ai écouté en rap, c’était L’école du micro d’argent, mes cousins se tuaient à ça. Les derniers trucs qui m’ont giflé, ça va être tous les projets G.O.O.D Music, Kanye West j’écoute à fond en ce moment, j’adore. Il y a vraiment une recherche musicale de fou, ça me fait trop kiffer. Franck Ocean et Childish Gambino aussi, c’est moderne et travaillé. Damso aussi en céfran j’ai kiffé récemment. Mais il y a surtout James Blake, c’est expérimental, mais c’est trop chaud : effets de voix, recherches d’instruments… »

Le Panama Bende, une histoire de famille

C’est durant les années 2010 que le Panama Bende se forme et commence à se créer une solide communauté. Un collectif composé des sept rappeurs parisiens Aladin 135, PLK, Lesram, Zeu, Ormaz et bien sûr ASF et Elyo. Un groupe avec lequel le duo Changerz aura pu évoluer pendant plusieurs années, au point de sortir deux opus : Bende Mafia en 2016, suivi par l’abouti ADN en 2017.

« Nous, on se connaissait très bien avec Aladin et Elyo, on était tous les trois très potes. Ormaz, Zeu et PLK se connaissaient aussi de leur côté, du coup on a commencé de notre côté et eux du leur. A savoir qu’ils avaient un groupe, la Confrèrie, et que PLK et Ormaz traînaient dans le 14è. Juste à côté de chez nous, il y avait une maison de quartier où ils passaient du rap, c’est là-bas qu’on s’est rencontrés. Il y a tout de suite eu un feeling, on a commencé à se voir un peu, puis on a commencé à faire des open mics. On a fait tous les open mics qui existaient à Paris, on était partout, même un peu partout en France. A force d’en faire, on a rencontré Lesram. On était sept, avec notre mentalité de petits cons de l’époque, on s’est dit il faut faire un groupe, on va tout n*quer, on va éclater tout le monde », explique ASF.

De base, il n’y avait que de la passion, aujourd’hui c’est un métier avec un peu plus d’enjeux

Selon les deux artistes formant le duo Changerz, le groupe s’est donc créé tout naturellement, sans se douter de l’ampleur que cela allait pouvoir prendre : « pendant une longue période, on était surtout une bande de potes et chacun sortait ce qu’il voulait sortir. » C’est avec la sortie de leur premier projet ensemble qu’ils ont tous commencé à réaliser la professionnalisation de leur collectif. Pour autant, personne ne s’empêchait de faire sa propre route de son côté et chacun pouvait ainsi poursuivre sa carrière en solitaire en parallèle du Panama. Dès le départ, la bande d’amis souhaitait donc garder cette « liberté », afin de pouvoir « s’épanouir musicalement » et surtout pour éviter les embrouilles et les potentiels départs : « Humainement, comme musicalement, ça ne peut qu’être bénéfique pour le groupe, parce qu’on va tous acquérir un public différent et quand on reviendra ensemble, ce sera encore plus fort. »

Aujourd’hui, Elyo et ASF ont donc décidé de poursuivre une nouvelle aventure tous les deux, en tant qu’amis de longue date. Une suite logique pour eux, estimant même qu’ils auraient pu y penser avant : « On a beaucoup appris avec le Panama, on est content parce qu’on est très maniaques tous les deux et on sait qu’avec l’expérience qu’on a acquise, notre EP ne peut qu’être mieux que si on l’avait fait quelques années auparavant. Ce n’est pas forcément qu’on s’est émancipés du collectif, c’est réfléchi depuis le début en fait. C’est une façon pour nous de nous épanouir musicalement parce qu’on a tous des délires différents. Ce qui est étonnant, ce n’est pas qu’on fasse du son à deux, c’est qu’on ne le fasse que maintenant. Depuis qu’on ne se met plus la pression les uns les autres pour la sortie du projet, quand on se voit c’est que kiff maintenant, on se croise au studio, on s’tape trop des barres, il n’y a plus de pression. »

Une nouvelle aventure à deux

L’idée de créer un duo n’a donc pas bourgeonné dans l’esprit d’Elyo et ASF au printemps dernier, bien au contraire. Les deux amis et acolytes de longue date ont toujours voulu faire les choses à leur manière et en quelque sorte, révolutionner le monde de la musique. Elyo affirme : « Depuis qu’on est tout petits, on se dit qu’on veut faire de la musique. L’idée de base du groupe, c’était donc de faire quelque chose qui se différencie du reste. On part aussi de ce concept de mélanger les univers, le rap et d’autres styles. On a la chance d’avoir une large richesse musicale, autant en profiter. On avait l’impression qu’au départ, les gens restaient dans des cases « moi je fais du rap », « moi je fais de la pop », on ne comprenait pas pourquoi et on voulait décloisonner tout ça. »

Changerz cultive donc un état d’esprit ouvert, rassembleur et empli d’amour, comme aiment le dire les deux rappeurs. Mais aussi cette envie de vouloir changer les normes et de se diversifier. Les deux artistes, qui se cantonnaient à du rap pur et dur depuis leurs débuts, peuvent désormais s’aventurer sur des terrains moins expérimentés, mélangeant l’électronique et le hip-hop à merveille : « On va proposer quelque chose qui va changer de ce qui se fait et de ce qu’on a déjà fait. On fait ce qu’on aime, si ça plaît tant mieux, si ça ne plaît pas on fait quand même ce qu’on aime sans catégoriser notre univers. On veut que ce soit positif, on veut beaucoup d’amour pour contrer les ondes négatives du monde et apporter du bonheur aux gens. »

Avant c’était une passion, aujourd’hui c’est un métier

Alors qu’il y a quelques années, Elyo et ASF se contentaient de recevoir des prods et de les exploiter, la démarche est beaucoup plus approfondie aujourd’hui. Les deux artistes souhaitent avant tout construire avec le beatmaker et participer pleinement à leurs projets, d’ailleurs, comme le dit ASF, ils n’ont « jamais été autant impliqués dans un projet. » Selon eux, la musique était donc une passion avant de devenir un véritable métier : « Depuis septembre, on est au studio, on est là à toutes les étapes. On est là pour les mix, les masters et ça s’entend dans notre musique. Les retours le prouvent, les gens sentent qu’il y a du travail derrière et que c’est fait avec passion. »

Pas de featuring pour ce premier EP, Identiques, qui sert donc de carte de visite aux deux rappeurs. Pourtant, les deux artistes ne s’interdisent aucune collaboration pour la suite et planchent déjà sur la préparation de leur second opus en duo. Quand on leur demande le regard qu’ils portent sur l’acension de PLK, ils expriment d’ailleurs une immense fierté et une envie de collaborer par la suite : « Dans le groupe, il y en a toujours eu un qui avait plus de buzz que les autres et qui portait le groupe. Même si on reste un peu en concurrence, c’est de la bonne compet’ : en mode, « ah t’es là fréro, t’inquiètes on arrive ». C’est une fierté pour tout le monde. C’est sûr qu’il y aura des featurings avec PLK, même des prochains projets avec le Panama. Bien sûr que des choses se préparent, ce sera encore plus fou ! »

Crédits photos : Antoine Ott

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