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Ces étoiles du Rap qui étaient destinées à briller [DOSSIER]

Ces étoiles du Rap qui étaient destinées à briller [DOSSIER]

Un point sur ces artistes que tout le monde voyait exploser.

On a facilement tendance à penser que le plus difficile dans la carrière d’un rappeur est de se faire un nom. Pourtant, lorsque l’on étudie le parcours des stars du rap, on se rend bien compte d’une chose : buzzer et faire parler de soi en tant que « prochaine tête d’affiche » est tout sauf une garantie de succès. Finalement, le plus difficile est de concrétiser les attentes et surtout de poser les bases d’une réussite sur le long terme. De nombreux artistes se sont ainsi vu prédire un avenir exceptionnel, sans jamais pouvoir donner entièrement raison à ceux qui croyaient en eux.

Flop commercial inattendu, buzz retombé comme un soufflet, carrière mal gérée, difficultés à franchir un cap, ou simple malchance… Retour sur ces étoiles qui se sont éteintes avant même d’avoir commencé à briller.

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Fisto

Avant le buzz : Fisto est membre de la Cinquième Colonne, un groupe stéphanois plutôt underground, qui signe un joli succès d’estime en 2003 avec l’album Derrière nos feuilles blanches.

Pourquoi on le voyait exploser : La grande majorité du public l’a probablement oublié aujourd’hui, mais Fisto a, pendant une courte période, été fortement poussé par Skyrock, à l’époque où la radio faisait la pluie et le beau temps sur le rap français. Vainqueur du concours Max de 109 organisé par Skyrock, Sony et Pepsi Max en 2003, il signe en major, est programmé en playlist, et gratte des dizaines de diffusions quotidiennes de son titre Juste un looser. Un matraquage médiatique qui aurait pu suffire à transformer n’importe qui en star du rap.

Ce qu’il se passe réellement : Fisto n’arrive pas à concilier ses exigences avec celles de la maison de disques, qui veut absolument un deuxième single radiophonique pour préparer la sortie de l’album. Il préfère respecter ses influences en travaillant avec 20Syl (Hocus Pocus) ou Defré Bacarra (beatmaker de la Cinquième Colonne), et finit par casser son contrat avec Sony. Pour le grand public, il disparaît alors médiatiquement.

Comment ça se termine : Après avoir tenté l’aventure jazz-rap au sein du groupe Sofa So Good, sans grand succès, il retente sa chance en solo au début des années 2010 et sort enfin son premier album solo, Futur Vintage, en 2010. Très confidentielle, cette sortie est tout de même accueillie positivement par son public.

Agonie

Avant le buzz : Agonie, jeune bachelière fan de rap, partage son quotidien entre les bancs de la fac et les freestyles dans sa chambre. Tout change le jour où elle décide de se créer un profil myspace, à l’époque de la toute-puissance de ce site à mi-chemin entre plateforme de streaming et réseau social.

Pourquoi on la voyait exploser : Rapidement populaire sur Myspace, où elle cumule plus de 500 000 écoutes (ce qui est ridicule aujourd’hui, mais représente un score jamais vu en France à l’époque), Agonie est approchée par la major virtuelle MyMajorCompany, une plateforme de crowdfunding qui propose aux internautes d’investir sur un artiste et de toucher des bénéfices sur les futures ventes de disques. Agonie récolte 70 000 euros… pour seulement 238 investisseurs, dont la majorité ont vu la rappeuse dans un reportage dans l’émission Capital, et ont posé de grosses sommes en visant de gros bénéfices.

Ce qu’il se passe réellement : Elle vend 671 albums en première semaine, ce qui est ridicule en 2017, et qui était déjà ridicule en 2009. La suite, c’est un parcours classique : elle devient la risée du net, tente de clasher Orelsan pour sauver les meubles, et finit par se faire insulter par Alkpote.

Comment ça se termine : Aucune trace d’elle sur internet depuis 2010, une attitude plutôt intelligente, puisque les rappeurs préfèrent généralement s’accrocher à leurs rêves de gloire et s’enliser chaque année un peu plus dans le pathétique. Souhaitons-lui d’avoir repris ses études et d’avoir trouvé un vrai métier.

Kennedy

Avant le buzz : Au début des années 2000, Kennedy est un rappeur prometteur qui se fait connaître grâce à ses featurings avec Sinik, Diams et Intouchable.

Pourquoi on le voyait exploser : À une époque où le rap de rue explose, et où tout le monde rêve de signer le nouveau Booba, Kennedy apparaît rapidement comme le candidat idéal. Après avoir fait les premières parties de Diams, puis de Sinik, il est invité à faire celles de Booba, participe à Autopsie Vol.2, et finit chez Banlieue Sale avec La Fouine.

Ce qu’il se passe réellement : Malgré quelques titres au succès incontestable, Kennedy finit par payer sa position de sidekick des plus grosses têtes d’affiche françaises. Son premier album solo, Flashback, ne confirme pas toutes les attentes, et quand le second sort, quatre ans après, il est déjà trop tard : le train est passé.

Comment ça se termine : Kennedy semble courir après son buzz pendant un temps, sans jamais réussir à retrouver l’exposition et la crédibilité dont il jouissait en 2005, avec comme périgée cette terrible rumeur sur ses 65 ventes en première semaine pour l’album Sur Ecoute en 2012. Par la suite, il fait surtout parler de lui pour des clashs avec Booba, et passe à la postérité avec le désormais célèbre « le salaire à Kennedy ? A3oudoubillah non merci » sur Tony Sosa.

Swagg Man

Avant le buzz : Techniquement, il n’y a pas réellement d’avant-buzz avec Swagg Man, puisque sa vie entière est orientée vers la recherche de buzz.

Pourquoi on le voyait exploser : En 2014, la simple curiosité du web se transforme temporairement en rappeur crédible dans son rôle, avec des titres étonnamment travaillés et des clips au rendu franchement professionnel. Invité sur Canal Plus, interviewé par les Inrocks et Le Monde, la couverture médiatique donne l’impression que Swagg Man peut s’imposer comme un genre de Riff Raff français.

Ce qu’il se passe réellement : Pour des raisons inconnues, Swagg Man ralentit son rythme alors qu’il est au plus haut de sa hype : il disparaît quelques mois, puis revient avec de nouveaux clips, et sort enfin son album. Mais le soufflet est retombé, et le « rappeur » flope complètement, avec 400 ventes en première semaine, et accuse son label.

Comment ça se termine : Swagg Man continue à tenter sa chance dans le rap : après une web-série, il enchaîne à nouveau les clips, avec une réussite bien moins importante, puisqu’il passe assez brutalement de clips à 7 millions de vues à des clips à 100K vues.

Jorrdee

Avant le buzz : Jorrdee est un rappeur atypique, membre du 667, qui enchaîne les titres et les mixtapes, et fait de Soundcloud son terrain de jeu favori.

Pourquoi on le voyait exploser : Son style original et la qualité incroyable de certains titres poussent de nombreux médias spécialisés à s’intéresser de plus près au personnage et à son univers musical. Son attitude très je-m’en-foutiste et son détachement vis-à-vis du succès lui donnent un côté anti-star, qui contribue à faire monter la hype.

Ce qu’il se passe réellement : Jorrdee n’en a absolument rien à foutre et ne cherche à aucun moment à fructifier sa nouvelle notoriété.

Comment ça se termine : De la même manière que ça avait commencé : Jorrdee est resté ce « rappeur chelou de Soundcloud ». Il ne fait plus partie du 667, continue à sortir des titres incroyables sur des projets inégaux, et ne souhaite pas devenir une star.

Tony Parker

Avant le buzz : En 2007, Tony Parker n’est pas encore une légende de la NBA, mais il en est déjà l’une des stars, en plus d’être le sportif français le mieux payé. Sans que personne ne comprenne vraiment pourquoi, il annonce la sortie d’un album de rap.

Pourquoi on le voyait exploser : Un album produit par Skalp, l’un des plus grands faiseurs de tubes des années 2000, des feats avec Booba, Don Choa, Soprano, et même Jamie Foxx, un budget promo conséquent, l’appui de TF1, en plus de la notoriété déjà énorme de Tony… A priori, tous les ingrédients étaient réunis pour que ça cartonne. Tous, sauf un.

Ce qu’il se passe réellement : Tony n’est pas un rappeur, et ça s’entend. Vous vous souvenez du couplet du Karim Benzema en featuring avec Rohff ? Etendez le concept à tout un album, et vous comprendrez le problème.

Comment ça se termine : Pas trop mal pour Tony, qui arrête le massacre après cet album, et se concentre sur ce qu’il sait faire de mieux : être meilleur que les autres au basket.

Escobar Macson

Avant le buzz : Sorti de l’écurie Menace Records, le rappeur a écumé l’underground pendant quelques années, et s‘est imposé petit à petit comme l’un des rappeurs les plus hardcores du plateau.

Pourquoi on le voyait exploser : Le titre Ghetto Guet Apens, sur la compilation Sang d’Encre, a un impact tel qu’Escobar Macson est appelé à signer chez 45 Scientific peu après le départ de Booba. Tout le monde le voit alors prendre sa place, d’autant que son apparition en featuring sur l’album d’Ali en 2005 marque fortement les esprits, et les auditeurs imaginent rapidement un binôme Ali/Escobar, qui succéderait à Lunatic, avec cette même ambivalence entre les deux rappeurs.

Ce qu’il se passe réellement : Tout ne se passe pas comme prévu, et les relations avec 45 Scientific se dégradent assez rapidement. Le nouveau statut d’Escobar n’est pas correctement exploité par le label, le rappeur perd énormément de temps, et doit quasiment repartir de zéro.

Comment ça se termine : La suite de la carrière d’Escobar est loin d’être honteuse, mais étant donné le potentiel du rappeur, on peut regretter qu’il n’ait pas atteint les sommets, et soit resté relativement confidentiel.

Joke

Avant le buzz : Repéré sur Myspace par Tekilatex, Joke enregistre un premier street album en 2009, et commence à faire parler de lui au début des années 2010 grâce à son style atypique.

Pourquoi on le voyait exploser : Après ses deux EP Kyoto et Tokyo, Joke jouit d’une forte hype auprès de certains médias comme les Inrocks, qui voient en lui une future star du rap français. Sa signature chez Def Jam, l’une des premières de la filiale française du label, est censée lui apporter des moyens et une visibilité accrue.

Ce qu’il se passe réellement : Ateyaba fait un semi-flop avec 7 000 ventes en première semaine, ce qui n’est pas réellement catastrophique pour un premier album, mais qui constitue un écart énorme avec la hype du rappeur. En plus de ça, la campagne de communication de Joke est plutôt mal gérée, et son image est rapidement mise à mal sur le net.

Comment ça se termine : Après avoir quitté Def Jam, Joke enchaîne les retours et les longues absences, sans que personne ne comprenne vraiment sa stratégie.

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