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Ce jour où… Lil Wayne a découvert Drake

Ce jour où… Lil Wayne a découvert Drake

Avec la série « Ce jour où… » Booska-P revient sur ces anecdotes de plus ou moins grande importance qui ont marqué l’histoire du rap. Aujourd’hui place à la bromance entre deux des plus grandes stars de la musique mondiale…

Entre Drake et Lil Wayne, c’est au-delà des mots. En ménage depuis plus de dix ans, les Ben Affleck et Matt Damon du rap ne cessent d’ailleurs de s’envoyer des gages d’affection les plus sincères.

Outre maintes dédicaces sur disques, on peut se souvenir de cette chaîne ornée d’un 6 massif faite forgée par Weezy pour être offerte à Drizzy, ou de la fois où le Canadien s’est carrément fait tatouer le portrait de son mentor sur le triceps.

À leur décharge, quand le MVP de la seconde partie des années 2000 joint ses forces au MVP de la première partie des années 2010 cela donne lieu à toute une galerie de hits qui crachent le feu à la Miss Me, HYFR et autre She Will.

Mieux, Drake n’aura certainement pas été Drake (lire : la plus grande pop star ever du rap) si à ses débuts Lil Wayne ne l’avait pas d’une part conforté dans son identité à une époque où chantonner ses histoires de cœur au premier degré faisait encore figure d’hérésie, et de l’autre, si par sa simple présence le « best rapper alive » ne l’avait pas pousser à se surpasser toujours un peu plus à chaque prestation.

Reste qu’il s’en est fallu de peu pour que cette belle histoire n’ait jamais lieu.

« Attends… C’est qui lui déjà ? »

Retour en 2007. À la tête de Young Money Entertainment depuis deux ans, Lil Wayne est à la recherche de rookies pour venir grossir les rangs d’un label qui jusqu’alors fait plus office de coquille vide qu’autre chose.

Ça tombe bien, cela fait déjà quelque temps que son pote Jas Prince (fils de J.Prince, le fondateur du cultisme Rap-A-Lot) lui suggère de prêter une oreille à ce jeune type sur qui il est tombé en naviguant sur MySpace, la plateforme phare du moment pour les musiciens – celle-là même qui a permis à Soulja Boy de percer un an plus tôt.

Ce jeune type c’est Aubrey Drake Graham, 21 ans.

Convaincu par sa chanson Replacement Girl en duo avec Trey Songz, Prince l’avait contacté par message privé pour lui dire qu’il pouvait faire de lui « quelqu’un de connu »… Sauf que lorsqu’il fait écouter ses sons à Wayne, ce dernier se montre tout sauf emballé.

Et quand Jas Prince insiste pour qu’il lui accorde une seconde chance, Tunechi lui fait savoir qu’il ne veut « plus jamais entendre parler de ce type, il craint ».

Pas découragé pour autant, notre chercheur de talents en herbe remet le couvert plus tard à l’occasion d’une virée à Houston. En route pour acheter de la joaillerie, il fait ainsi tourner l’air de rien une compil’ dans la caisse – dont un remix de A Milli, un morceau encore inédit, mais sur lequel Drake a pu poser grâce à Prince qui lui a envoyé l’instru en exclu.

Cette fois-ci la réaction de Wayne est à mille lieux de la précédente : absolument conquis par la capacité de ce total inconnu à alterner le chant et le rap, il demande alors à Jas Prince de lui donner son numéro de téléphone. Une fois au bout du fil, il l’invite à venir le rejoindre sur place dans les plus brefs délais.

Et c’est ainsi que dès le lendemain, le 18 novembre (une date qui sera plus tard immortalisée par un morceau du même nom), Drake décolle par avion de son Toronto natal pour atterrir dans la mégalopole texane afin de rencontrer en personne le franchise player de Cash Money.

« T’es sûr qu’il m’aime bien ? »

Rendez-vous est alors pris dans un salon de tatouages où Wayne est en train de se faire piquer. Réputé pour n’écouter que sa propre musique, ce jour-là il saigne en boucle les sons de Drake.

Étonnement quand ce dernier arrive sur place, il se montre des plus froids avec lui, lui adressant à peine la parole.

Passablement décontenancé, Drake finit d’ailleurs par demander plus Drake que jamais à Prince si « Lil Wayne l’aime vraiment bien ? ».

Toujours est-il quelques heures plus tard l’ambiance se réchauffe, et Weezy, qui entretemps lui a fait écouter en exclusivité des bribes de son Carter III à venir, lui propose de l’accompagner sur la route en direction d’Atlanta.

Tout juste réchappé d’une rupture amoureuse, Drake accepte sans réfléchir… ce qui lui vaut de passer « dix jours à faire le fou, à boire du lean et à fumer », mais aussi à enregistrer chemin faisant quelques titres avec « son idole » dans le bus de tournée (Ransom, Forever…).

Évidement sitôt la nouvelle connue (les morceaux leakent deux semaines plus tard), la rumeur veut que Drake soit sur le point de signer sur YMCMB.

En réalité, quand bien même le Canadien déclare à plusieurs reprises que « Young Money c’est la famille », il se contente de s’engager avec Aspire Music Group, la société de management de Jas Prince, tandis qu’il clame à qui veut l’entendre son souhait de poursuivre son chemin en indépendant, à l’écart des labels.

Joignant le geste à la parole, il se met dans la foulée à bosser sur sa mixtape So Far Gone, non sans profiter de ses connexions nouvelles – outre le single Successful, Lil Wayne lui prête main-forte en featuring sur trois autres titres.

Carton plein à sa sortie en février 2009, le projet entraîne alors une guerre d’enchères sans précédent entre les majors, et notamment entre Universal Motown et Atlantic Records.

Et c’est ainsi que le 29 juin 2009, Drake annonce qu’il intègre les rangs de Young Money/Cash Money via un deal de distribution avec Republic Records.

Si aucun détail n’a jamais filtré depuis sur le contrat passé, très vite il se murmure que Drake se serait vu offrir deux millions de dollars en échange d’un engagement portant sur huit albums.

Désireux de battre le fer pendant qu’il est chaud, Lil Wayne et Birdman (qui rappelons-le détient avec son frangin Slim 51% de Young Money) passent la seconde sans attendre.

Est tout d’abord rééditée à la rentrée So Far Gone sous la forme d’un EP best of cinq titres assortis de deux inédits.

Ce même mois de septembre, Drizzy est invité sur le quatrième single de l’album Priceless de Birdman, Money to Blow. Sûr de lui, Weezy conclut le dernier couplet en fanfaronnant que lui et sa team n’ont désormais plus aucun souci à se faire tant que Drake pose au refrain (« And we gon’ be alright if we put Drake on every hook »).

Sort ensuite en décembre la compilation We Are Young Money qui rassemble toutes les jeunes pousses du roster YM. Pas de chance pour eux, Drake leur vole allègrement la vedette, lui qui en plus de ses trois apparitions (dont les hits Bedrock et Every Girl) se voit attribuer façon Method Man dans le Wu-Tang Clan un morceau solo rien qu’à lui.

Résultat, quand sort enfin son premier album Thank Me Later en juin 2010 c’est sans surprise que le succès est au rendez-vous avec 447 000 copies vendues en première semaine aux US et une certification platine décrochée dans ce même laps de temps au Canada.

Le single Miss Me n’étant pas étranger à cette performance, Drizzy et Weezy cimentent là les bases d’une relation que rien n’altérera au fil des années… pas même le fait que le premier se soit taper la meuf du second alors qu’il était parti en prison ou les embrouilles à répétition de Wayne avec Birdman.

Seul laissé-pour-compte dans l’affaire : Jas Prince qui depuis 2012 enchaîne les procès (contre Young Money, contre Cash Money, contre Aspire…) pour récupérer son dû.

Bénéficiaire d’après lui d’un tiers des profits générés pas Drake (à la louche une quarantaine de millions de dollars depuis 2009), il n’aurait reçu en tout et pour tout que deux petits millions.

La faute à Birdman qui en janvier 2013 aurait cassé le contrat du Canadien pour s’arroger l’exclusivité pleine et entière de sa musique.

Apparemment lui aussi pas des plus ravis par cette situation, Drake a par le passé plusieurs fois exprimé ses distances avec ses employeurs. En 2015 il balançait ainsi dans le morceau Star67 la ligne « Nouveau Beretta (…) Je me pointe à mon label pour savoir où est mon chèque », tandis que plus récemment il clamait sur Is There More extrait de son dernier opus Scorpion « Dès que cet album sort je suis libéré de mon contrat ».

Reste que l’Homme Oiseau ne semble pas lui du même avis, lui qui à chaque fois qu’un micro lui est tendu insiste sur le fait que Drake et lui sont liés « pour toujours ».

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