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Ce jour où… le rap s’est classé pour la première fois numéro 1 !

Ce jour où… le rap s’est classé pour la première fois numéro 1 !

Avec la série « Ce jour où… » Booska-P revient sur ces anecdotes de plus ou moins grande importance qui ont marqué l’histoire du rap. Aujourd’hui place à ce jour où les pop-rockeurs de Blondie ont envoyé le hip hop squatté le haut des charts…

Classé en 1979 à la fois dans le Top 40 et au Billboard Hot 100 des charts US, 1979 le Rapper’s Delight des Sugar Hill Gang est très officiellement considéré depuis comme le premier tube de l’histoire du rap. Si à une époque où ce genre musical en était encore à ses balbutiements l’exploit est inédit, il n’en reste pas moins qu’il s’agissait là d’un hit tout à fait mineur à l’échelle nationale.

Il faudra en réalité attendre le mois de janvier 1981 pour voir le rap grimper au sommet des ventes de disques.

Le rap oui, mais pas les rappeurs, car les auteurs de ce coup d’éclat sont en réalité le groupe pop-rock Blondie. Mené par l’envoûtante chanteuse platine Debbie Harry, le quintet s’est fait jusqu’alors connaitre pour ses singles disco/new wave à la Heart Of Glass ou Call Me.

Toujours est-il que leur single Rapture s’aventure sur les voix de l’expérimentation en proposant un long couplet rappé par Harry elle-même. L’idée plaît, à tel point que ce second extrait de leur cinquième album Autoamerican va jusqu’à prendre la première place du Billboard Hot 100 deux semaines consécutives.

Mieux, pendant quelques mois le clip passe en rotation sur MTV aux heures de grandes écoutes, et ce à une période où le grand Michael Jackson lui-même se devait d’ajouter un guitariste rock à ses singles pour prétendre intégrer la playlist de la chaîne.

Pour l’occasion ont d’ailleurs été conviés face caméra la crème de ce que l’on n’appelait pas encore la culture urbaine avec le pionnier Fab Five Freddy (dont le nom est cité dans la chanson, « Fab 5 Freddy told me everybody’s fly »), le graffeur Lee Quinones ou le peintre Jean-Michel Basquiat (qui a remplacé au pied levé Grandmaster Flash, lui aussi name droppé et qui devait initialement lui aussi y aller de son cameo).

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Une connexion inattendue

Si une réelle émulation artistique se fait sentir dans le New York de la fin des années 1970, il n’en existait pas moins un gouffre entre les clubs disco-punk blancs de centre-ville et la scène des ghettos noirs où la culture hashihashopé est en train d’émerger.

Lors d’une soirée à Manhattan, Debby Harris et le guitariste Chris Stein font la connaissance de Fab Five Freddy. Le futur animateur de Yo! MTV Raps les introduit alors aux fameuses block parties du Bronx, et c’est à cette occasion que le groupe rencontre Grandmaster Flash, précurseur dans l’art du deejaying.

Fascinée, la chanteuse lui glisse alors « Je vais écrire une chanson sur toi Flash » et c’est ainsi que germe l’idée de Rapture (et la ligne « Flash is fast, Flash is cool » qui va avec).

[L’intéressé admettra ensuite volontiers que cette dédicace lui a permis d’élargir son public alors composés uniquement de noirs et d’hispaniques.]

Passé ce coup d’éclat, Blondie va continuer à tisser des liens à avec la culture rap, le groupe continuant à se rendre régulièrement dans le Bronx, tandis que Stein produira une partie de la bande originale du film culte Wild Style qui raconte la naissance du hip hop via ses différents disciplines (le rap, la danse, le graff…).

Preuve que cette collaboration a marqué les esprits, plus de trente-cinq ans après les faits, Debbie Harry sera conviée 2016 à l’avant-première de série Netflix The Get Down aux côtés de Grandmaster Flash.

Debbie Harry, Fif2Booskap Fab 5 Freddy, Grandmaster Flash et Chris Stein sur le tournage de Wild Style

Un statut ambigu

Évidemment comme avec n’importe quel autre genre musical, il est possible de disserter à l’infini sur ce qu’est le rap.

Ce qui est certain c’est que Rapture n’est absolument pas le premier morceau du genre enregistré, pas plus qu’il n’est un bon morceau rap, Harry n’étant clairement pas une maîtresse de cérémonie des plus talentueuses – sans parler de ses lyrics à la « Man from Mars eating cars » qui encore aujourd’hui provoque une certaine circonspection.

Mais s’agit-il pour autant du premier succès commercial rap ? De la première chanson commerciale rap ? De la première performance féminine rap ? D’ailleurs s’agit-il vraiment d’un morceau rap ?

Un peu oui, un peu non en réalité. Ou comme l’a déclaré Fab Five Freddy : « Pour un paquet de blancs, pour le public mainstream, c’était la première fois qu’il entendaient du rap. D’une certaine façon, Blondie a pavé le chemin pour ce qui allait arriver après. »

Si l’on en croit les déclarations des uns et des autres, ce fut également la première fois pour un paquet d’emcees aussi, qui des Mobb Deep à certains membres du Wu-Tang ont tous déclaré avoir découvert le rap grâce à Blondie.

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